septembre 2018
Retour au Groenland: de Disko a Sisimiut
Samedi midi, 1 septembre 2018: après 5 jours de mer intenses, nous mouillons l'ancre dans la petite baie bien abritée de Qeqertarsuaq (Godhaven).
Il y a comme qui dirait un air de déjà vu! Seulement voilà cette fois ci nous sommes le seul voilier ancré en face du petit port. Le temps de se mettre en route pour aller se ravitailler au Pissifik (supermarché) que nous arrivons trop tard! 15h Il est déjà fermé de même pour l'hôtel Disko, le seul endroit où nous pouvons accéder à internet en payant 60 couronnes la demi- heure! Bref nous voilà plantés au milieu d'un village fantôme, dépités de ne pas pouvoir abreuver notre soif de bière lointaine! Je rêverai aussi d'une mega bonne douche chaude pour me décrasser ! Oui Oui c'est bien le terme!
Heureusement la température est agréable et le vent nul m'encourage à me doucher sur le pont! Robin y passe aussi! Vite fait bien fait .. que ça fait du bien!
Nous pouvons maintenant songer à une bonne récupération de sommeil au calme!
Le lendemain matin nous fonçons au Pissifik! Là encore impossible d'acheter de l'alcool un dimanche bien sûr!
On se réconforte en mangeant quand même une bonne fondue Gerber avec des pommes de terre!
L'après-midi est consacrée à la vidange du réservoir diesel! Il y a du vent fort annoncé pour la nuit et si nous devons par mégarde décamper d'ici.. notre moteur doit être 100% opérationnel! Ce qui n'est plus la cas depuis notre arrivée au Groenland ! Même notre chauffage Eberspacher ne veut plus se mettre en route.
Nous vidons donc les 30 litres du diesel contaminé restant du réservoir principal dans un jerrican à coup de 1 litre de bouteille de pet. Heureusement ???de si peu???, car l'exercice est quelque peu inconfortable à souhait et glacial. Une fois le travail terminé, Robin repart en annexe pour remplir 4 jerricans de 20 litres avec du carburant sain du Groenland. Après quelques tentatives de démarrage.. le moteur décide enfin de tourner et repart comme une horloge!
On fera attention l'année prochaine si nous repassons à Arctic Bay de nous assurer que le diesel ne contient pas d'eau.
Le lendemain nous offrons nos 5 autres jerricans contaminés au pompiste de Qeqertarsuaq pour alimenter sa chaudière à mazout!
Revigorés et pleins d'énergie, nous partons en direction de la rivière. Robin a emporté sa canne à pêche et moi je suis parée pour la cueillette des champignons! En remontant la rivière, nous arrivons à une magnifique chute d'eau. Et dans le bassin aval, ça grouille de truites saumonées qui ravit Robin!!
Nous rentrons juste avant la pluie avec 6 truites et 1kg de cèpes d'été!
Mardi 4 septembre: ça sent le départ, déjà 3 jours que nous sommes revenus au Groenland et nous voilà pris de bougeotte!
Le réveil a sonné à 6h mais le vent ne s'est pas calmé. Du coup on se rendort et décidons de rester une journée de plus sur l'île de Disko. Nous en profitons pour faire une magnifique balade le long de la rivière et remonter une ancienne vallée glacière. Le paysage est éblouissant! Ca passe du vert foncé au vert fluo, il n'y a toujours pas d'arbre en vue mais des petits buissonneux de couleur rouge et le sol est couvert d'une couche spongieuse de végétation multicolore à ressort qui nous donne l'impression de courir dans un château gonflable!
Tout en marchant on fait des repérages pour l'année prochaine. Les pentes de part et d'autre de la vallée s'apprêtent parfaitement pour entreprendre des randos à ski! On s'imagine nos futures traces. Nous apprenons même q'ils sont en train de construire un téléski pour les moins sportifs !
Le seul hic de notre projet ski-voile sur l'île Disko est la glace de mer encore bien présente jusqu'à fin juin. Et Le port reste inaccessible du fait d'une source d'eau douce qui s'y déverse sans interruption.
Nous prenons tout de même le contact de Laura qui s'occupe de l'hôtel Disko pour nous tenir informés des conditions d'enneigement et des possibilités d'accès en bateau.
Mercredi 5 septembre: le réveil a sonné à 6:00, le vent semble complètement tombé, il a givré cette nuit! Nous sommes parés à remonter l'ancre et prendre le cap à l'est direction Ilulissat soit 50 MN à parcourir!
Le temps de sortir de la baie et dépasser quelques mastodontes d'iceberg que la houle se fait ressentir et le vent commence à souffler pile dans le nez. Le temps d'une 1 heure de sieste que j'entend pester Robin à la barre! Effectivement le vent souffle de plus en plus fort soulevant une belle vague hachée de travers. Sous Génois à moitié déroulé, 2 ris dans la grande voile et moteur à 2000 tours, je prends le relais et affronte tant bien que mal cette traversée de la baie de Disko. Tout en essayant d'éviter au maximum de taper un growler caché derrière ces grosses vagues!
On y est presque... le vent mollit et tourne un chouïa sud, ce qui nous permet de faire une belle arrivée sur une mer quasi plate devant la tant convoitée Ilulissat!
Cependant, avant de rentrer dans le port, on s'offre un petit tour à l'embouchure du Jakobshavns Isfjord situé juste à côté de la ville pour aller côtoyer de très près les icebergs tout neufs et fraîchement vêlés! Ce temps splendide sans vent et cette lumière magnifique de fin de journée nous permet de faire un petit shooting photo de Morgane et de la glace.. comment ça se passe ? Moi assise dans le dingy avec deux rames et l'appareil photo à dériver au milieu du canal en espérant qu'aucun iceberg ne soit décidé à se retourner à ce moment précis pendant que Robin me tourne autour avec Morgane toutes voiles dehors!
Pensez bien que nous ne passons pas inaperçus... les embarcations à touristes nous mitraillent de photo.
Dans le port, c'est le bordel! Les seuls pontons accessibles sont déjà tous occupés par deux ou trois bateaux de pêche à couple et la rive gauche est privée. Un peu plus au fond à droite, on reconnaît le 50 pieds alu au bas franc bord battant pavillon suisse que nous avions croisé à Nuuk il y a deux mois. Il est amarré à un ponton flottant. Le spot parfait. On décide de se mettre à couple. Un peu plus tard dans la soirée nous rencontrons Ben son propriétaire. On s'excuse de notre accostage à la sauvage. Il apprécie notre compagnie; toutefois il nous avertit qu'on risque de devoir quitter d'ici peu cette place réservée au déchargement.
Mais comme il est en panne sèche pour cette nuit les Groenlandais le laissent tranquille! Ca parle de fondue au vacherin et objet Landi ! Que dire de plus? Ah oui, le lendemain midi, après s'être déplacé sur le quai d'à côté, on l'invite à croquer une morce (un morceau) à bord pour connaître un peu plus en détail son histoire.
Ce gruyèrien a déjà pas mal de milles à son compteur, grand navigateur des Mers froides, il a exploré la Patagonie et navigue depuis quelques étés entre le Spitzberg, l'Islande et le Groenland. Avec son association MaréMotrice, il organise des stages de voile, des trips de ski-voile, de la course à pied-voile et accueille aussi des artistes à bord pendant un séjour d'un mois. Il appelle ça une résidence.
Le soir même, nous sommes invités à manger à bord de “Knut” et rencontrer ses 4 artistes!
Il y a Anne Sophie l'écrivaine de Lausanne, Marie Morgane la dessinatrice de Neuchâtel, Rudy le compositeur de son et d'image de Genève et Jean-Louis le metteur en scène aussi de Neuch! Franchement sympa et chaleureuse c' t'équipe qui nous inspire beaucoup de créativité! Des vrais artistes! On passe une merveilleuse soirée entre romands!
Vendredi 7 septembre: tiens tiens le temps a changé.. en l'espace d'une nuit nous sommes passés à l'automne! Toutes les couleurs de la végétation ont viré à l'orange, au rouge,au pourpre et au violet! Le soleil aussi à changé... il ne monte plus au zénith et se couche de plus en plus tôt. Les nuits sont de plus en plus noires et longues! On va bientôt pouvoir observer les aurores boréales!!
Aujourd'hui on profite encore de cette merveilleuse journée pour découvrir le Jakobshavns Isfjord depuis la terre. En suivant le sentier balisé avec des pierres bleues, nous longeons le fjord tout du long. La vue est époustouflante! Ce qu'on aimerait avoir un para - moteur pour survoler cette langue de mer truffée d'iceberg. Elle est tellement immensément longue qu'on ne voit pas où elle commence!? Mais on voit bien où ses petits prennent la poudre d'escampette et pour entamer leur longue remontée vers le Nord!
De retour en ville, c'est en t-shirt que nous surfons sur internet à la terrasse d'un café! On profite de ravitailler Morgane en eau et en produits frais même si on est en mode: il faut manger toutes nos boîtes de conserve avant l'hivernage!!
Samedi 8 septembre: après une bonne douche à la maison de jeunesse d'Ilulissat, nous nous remettons en route avec notre ami Knut. Juste avant de larguer les amarres nous remarquons que des growlers se sont introduits dans le port...
Effectivement l'entrée est bouchée enfin elle a l'air de loin impénétrable!!!
Finalement plus on s'approche plus elle se laisse traverser! Il faut juste oser pousser un peu, pas trop vite de manière à se frayer un passage. La glace est encore bien mobile.
Cependant, on laisse le soin à notre pote Knut de nous dépasser et de nous servir de brise glace! Juste derrière nous deux petites embarcations à moteur locales nous collent au cul. Tel le chauffard collant qui essaye de dépasser par la droite ou la gauche sur nos routes. La glace ça n'a pas l'air de les déranger. Il la tape à dix noeuds, il montent dessus et l'écarte comme s'elle n'existait pas. La glace ils connaissent!
Cette traversée restera à jamais dans les annales ! Naviguer entre la glace et s'apercevoir qu'elle est constamment en mouvement c'est terrifiant et extraordinaire à la fois. Je monte en haut du mât pour apprécier encore plus la vue sur les icebergs et la glace qui nous entoure. C'est un plaisir ineffable!
Rudy du bateau de Knut sort son drone pour filmer cette séquence ultime. Absorbé par le spectacle ,il perd de vue son drone et oublie l'autonomie réduite des batteries dans ce milieu polaire ce qui l'oblige à un atterrissage d'urgence sur un glaçon. La chasse au drone perdu est lancée! Tantôt du haut du mât tantôt avec le vol du deuxième drone, impossible de le localiser, il est perdu à jamais dérivant sur ce glaçon en mouvement. Rudy est en deuil! Nous nous remettons en route encerclés maintenant par un épais brouillard. Le slalom entre la glace devient de plus en plus tendu. Mais au bout de 2 heures nous retrouvons l'eau libre de glace et poursuivons notre route au sud de la baie pour rejoindre un joli mouillage sauvage au Nord de Napissaq (Christianshaab).
Le lendemain matin, sous un ciel un peu gris,, Robin et moi emmènons les artistes pêcher le saumon dans le Laksebugt. Apres 1 heure d'initiation, tout le monde remonte un poisson: total 4 cabillauds et un flétan. Robin leur montre comment vider les poissons et moi comment les cuire... plus tard tout le monde se régale à bord de Knut!
Dans l'après-midi, nous partons tous à terre pour une marche digestive chacun dans une direction différente. La lumière est encore une fois magique et incite à la photographie!
De retour au bateau, nous embrassons tout le monde en étant pas sûr de nous revoir le long de la côte du Groenland ..
Ben a encore douze jours pour conduire l'équipage jusqu'à Nuuk et continuer seul à naviguer jusqu'en Bretagne.
Nous, nous avons le temps et moins de la moitié du chemin à faire jusqu'à Sissimut!
Du coup on prend notre temps et on s'offre des belles grasses matinées surtout quand le mouillage est calme et sécurisant!
Lundi 10 septembre, Knut est déjà en route pour Aasiaat quand nous émergeons du lit a 9:00. Il a relevé l'ancre à 6:30 du matin.
Sans se presser, nous le rejoignons tout de même dans cette jolie petite baie au sud de Aasiaat pour passer une dernière soirée en compagnie de Ben. Nous l'invitons à bord pour manger une bonne fondue Gerber laissant les artistes travailler sur Knut.
Mardi 11 septembre: il était prévu de visiter vite fait Assiaat et rejoindre Knut dans la soirée un peu plus au Sud pour un dernier mouillage ensemble .. si Robin n'avait pas déposé le panier à crabe trop près de Morgane la veille au soir...
En effet, ce matin Il faut plonger sous le bateau pour démêler le fil qui s'est entortillé autour de l'hélice et du gouvernail! Bonne occase pour tester la combi sèche!
Je m'équipe aussi de ma cagoule et bottillons en Néoprène et plouf dans l'eau à 6 degrés! Le temps de couper le fil autour de l'hélice et remonter vite fait sur Morgane tellement que ça pique le front,que je doit y retourner pour défaire le petit bout de fil coincé encore dans le gouvernail!! Verdict la combi sèche n'est ni sèche ni étanche ! L'eau est glaciale et je suis pas prête d'y retourner!!
Après cet exercice matinal, nous partons à pied visiter Aasiaat. Il nous faut une bonne heure pour rejoindre cette bourgade située de l'autre côté de l'île. Toute en couleur comme la plupart des autres villes du Groenland, elle dégage un sentiment de dynamisme. Peut être le fait que l'université nationale y réside? Étrange constat d'apprendre que sur ce bout de rocher à peine élevé de 30 mètres au dessus de la mer et entouré d'une centaine d'autres petits îlots que tous les étudiants du Groenland s'y retrouvent pour quelque temps!
Nous nous rendons à l'hôtel Somandshjemmet afin de nous connecter sur internet pour 30 couronnes l'heure.
Nous envoyons un dernier message sur le téléphone satellite de Ben pour le prévenir de notre contretemps et que notre prochaine rencontre se déroulera en Suisse!
Sur le chemin du retour au bateau, nous croisons la route d'un renard arctique. Encore tout gris, il se confond totalement avec le paysage. Quel plaisir de le regarder nous observer !
Au réveil nous changeons de mouillage pour nous rapprocher de Aasiaat. Toujours à pas de loup nous tâtons les fonds incertains et très mal cartographiés aux alentours d'Aasiaat. Et mouillons l'ancre au fond d'une petite baie. Nous rejoignons le rivage en annexe pour un peu d'Internet à la cafétéria de l'hôtel, un petit passage au Pissifik (on ne peut pas s'en empêcher !) Un peu de shopping mais seulement pour les yeux. Nous achetons quand même deux cartes topographiques de la région de l'ile Disko et Sissimut pour nous donner une meilleure idée du relief le long de la côte et aux abords des fjords. Et puis c'est chouette de se pencher le soir sur une carte papier et de faire des plans et de projeter les futures découvertes.
Jeudi 13 septembre: en route sous un magnifique soleil et une légère brise de cul pour Kangaatsiaq situé à 28 MN d'Aasiaat. C'est au moteur et génois déroulé que nous suivons un canal bien protégé le long de la côte. En fin de journée, on s'amarre au ponton principal du village pour remplir 4 réservoirs d'eau et nettoyer vite fait le pont de Morgane. Puis on se remet en route pour 1 MN et mouiller l'ancre dans la petite baie juste derrière le village.
Tout est super paisible par ici. L'anticyclone est bien installé depuis quelques jours, il n'y a plus un pet de vent en fin de journée. On dort comme des bébés!
Après le petit déjeuner on s'en va faire un tour au village de Kangaatsiaq et ses cent passerelles en bois! Ici à chacun son caillou et chacun son escalier. On prend la météo sur le PC mis à disposition gratuitement par le bureau communal et on passe vite fait au Pissifik!
Puis nous nous remettons en route pour 25 MN afin de rejoindre un mouillage planqué au milieu du fjord de Tugtugdlip sarqa.
On aperçoit nos premiers Lagopèdes des rochers, sorte de poule des neiges très sauvage! Son plumage est blanc en hiver et brun jaunâtre en été. Aujourd'hui il est brun et blanc et leurs orteils sont très feutrés! Robin nous pêche un monstre cabillaud que nous mangeons façon panné le soir même! Il faut que je vous le dise, la cabillaud ça n'a pas trop de goût.. à moins de le saumurer et de le cuire sur sa peau à la poêle avec du beurre et une petite sauce... bref nous on l'aime bien comme les sticks de poisson Findus!
Dimanche 16 septembre nous quittons notre joli coin pour un autre mouillage tout aussi joli et bien protégé un peu plus au Sud proche d'une rivière dans le canal de Ikerasarssuk.
Pris d'un pincement dans les côtes, je me réveille en suffocant à minuit essayant de retrouver une respiration convenable.. le temps que Robin trouve un placebo .. la douleur s'estompe aussi vite qu'elle est survenue.! Etrange mais qui tombe bien! Grâce à ce saut du lit nous apercevons là juste au dessus du mât de Morgane nos premières aurores boréales ! On se dépêche de s'habiller et de sortir sur le pont pour admirer ce spectacle authentique et magique!!
Lundi 17 septembre on rechange de coin! Il nous faut 3 bonnes heures pour sortir de ce magnifique étroit canal de 10km de long. Quelques petits bateaux à moteur nous croise à 100 à l'heure alors que nous avançons à tâtons sur ce petit bout de canal super mal cartographié et pas très profond. Puis c'est sur l'île de Qeqertarsuaq dans le fjord de Kanguissap Paava que nous mouillons à la patagonnienne comme dirait Ben! Ce qui consiste à mouiller l'ancre à l'avant du bateau et s'amarrer de part et d'autre au bord à l'aide de longues aussières afin que le bateau reste immobile et qu'il ne puisse pas se tourner au milieu de la minuscule anse où nous avons décidé de passer la nuit!
Robin a dégoté sur la plage une planche en bois flotté pour l'annexe! Fier comme un coq il se dandine devant Morgane et me montre à travers la vitre de la cuisine son nouveau siège pour ramer!
Le ciel est plein d'étoiles ce soir c'est encore signe d'aurores boréales !!
Mardi 18 septembre en quittant ce fabuleux petit coin, nous nous apercevons trop tard que notre hélice est bourrée de plastic et d'algues! Merci la gopro pour le compte rendu! Cependant nous sommes déjà au milieu du fjord et le vent du Nord-Est souffle déjà bien donc impossible de faire libérer l'hélice. Tant pis pour le moteur on continue à la voile! Et c'est sous génois seul que nous parcourons en temp record les 30MN pour rejoindre Ukivik. La navigation est musclée et fraîche! Le vent forcit au fur et à mesure de notre descente jusqu'à atteindre 30 noeuds dans les rafales! Ça faisait un bail que cela nous était plus arrivé! On se met à l'abri au mouillage derrière l'ancienne station baleinière d'Ukivik et on se met au lit illico presto! Ça crève de naviguer dans ces conditions !
Ce matin il neige à gros flocon !! Encore sous la couette, on se demande lequel de nous deux osera se lever pour aller allumer le chauffage!? Nous sommes maintenant mouillés au fond du fjord de Isortuarssuk et le paysage est juste irréel ! C'est une vallée glacière surplombée de sommets à plus de 1000 mètres! Voilà ???qui nous donne des papilles??? dans les yeux ! On ne tarde pas à se mettre en route avec l'annexe pour aller découvrir les environs. C'est la terre de Kong Frédéric IX., Il y a une tente bien aménagée juste à côté de la plage et une cabane fermée à clé un peu plus loin. Ça sent les refuges de chasseurs. Plusieurs bois de renne jonchent le sol. Nous marchons le long d'un sentier qui mène à un grand Lac.
Malgré la neige qui tombe, on crève de chaud! Faut dire qu'on est un peu trop habillé et marcher avec des bottes 3 fois trop grandes sur un sol mou et défoncé n'arrange pas les choses! On a l'impression de faire la trace dans 1 mètre de neige poudreuse. Nous gagnons tout de même le début de la rivière et là, sous nos yeux, copulent une centaine d'ombles chevalier (Arctic Char) dans différents bassins. Robin est d'une excitation telle qu'il faillit passer à l'eau en rattrapant son premier poisson! La pêche est bonne, trop facile même! On pourrait les choper à la main tellement il y en a! Au tableau: 2 truites saumonées et 2 ombles chevalier dont la plus grande dépasse les 60cm! Et il aurait pu continuer à en pêcher jusqu'à la tombée de la nuit! Cependant une longue route nous attend pour retrouver le bord du fjord et transporter ces 4 poissons le long d'un mince bout de bois est fatiguant! De retour sur Morgane, je cuisine le plus gros omble chevalier au four. Sa chair ferme et blanche ressemble au loup de mer c'est un délice! On passe la soirée avec “Les bronzés font du ski” en regardant la neige qui n'arrête pas de tomber à gros flocon.
Vendredi 21 septembre: Bonjour l'automne ! Bon anniversaire Evan (mon neveu) ! Cette fois Morgane est bien recouverte de neige! Robin déblaie les panneaux solaires à la règle! On mange un petit déjeuner avant d'appareiller pour Sisimiut! Dans le sillage de Morgane, toute la vallée glacière et les montagnes sont saupoudrées de blanc.. le tableau est d'une beauté indescriptible ! On se sent les rois du monde!
Après 5 heures de navigation sous un beau soleil au portant au moteur et génois déroulé, nous accostons le ponton à carburant de Sisimiut ! La ville est de toutes les couleurs de la boîte à crayon Caran d'Ache, elle est construite sur un amoncellement de plusieurs collines entre mer et montagne!
Après le plein d'eau effectué à la zone de déchargement des crevettes, nous nous mettons à couple d'un vieux bateau de pêche en bois et allons faire deux trois commissions!
Les jours suivants sont consacrés à l'organisation de la mise à sec de Morgane, lessive et décrassage!
Il y a comme qui dirait un air de déjà vu! Seulement voilà cette fois ci nous sommes le seul voilier ancré en face du petit port. Le temps de se mettre en route pour aller se ravitailler au Pissifik (supermarché) que nous arrivons trop tard! 15h Il est déjà fermé de même pour l'hôtel Disko, le seul endroit où nous pouvons accéder à internet en payant 60 couronnes la demi- heure! Bref nous voilà plantés au milieu d'un village fantôme, dépités de ne pas pouvoir abreuver notre soif de bière lointaine! Je rêverai aussi d'une mega bonne douche chaude pour me décrasser ! Oui Oui c'est bien le terme!
Heureusement la température est agréable et le vent nul m'encourage à me doucher sur le pont! Robin y passe aussi! Vite fait bien fait .. que ça fait du bien!
Nous pouvons maintenant songer à une bonne récupération de sommeil au calme!
Le lendemain matin nous fonçons au Pissifik! Là encore impossible d'acheter de l'alcool un dimanche bien sûr!
On se réconforte en mangeant quand même une bonne fondue Gerber avec des pommes de terre!
L'après-midi est consacrée à la vidange du réservoir diesel! Il y a du vent fort annoncé pour la nuit et si nous devons par mégarde décamper d'ici.. notre moteur doit être 100% opérationnel! Ce qui n'est plus la cas depuis notre arrivée au Groenland ! Même notre chauffage Eberspacher ne veut plus se mettre en route.
Nous vidons donc les 30 litres du diesel contaminé restant du réservoir principal dans un jerrican à coup de 1 litre de bouteille de pet. Heureusement ???de si peu???, car l'exercice est quelque peu inconfortable à souhait et glacial. Une fois le travail terminé, Robin repart en annexe pour remplir 4 jerricans de 20 litres avec du carburant sain du Groenland. Après quelques tentatives de démarrage.. le moteur décide enfin de tourner et repart comme une horloge!
On fera attention l'année prochaine si nous repassons à Arctic Bay de nous assurer que le diesel ne contient pas d'eau.
Le lendemain nous offrons nos 5 autres jerricans contaminés au pompiste de Qeqertarsuaq pour alimenter sa chaudière à mazout!
Revigorés et pleins d'énergie, nous partons en direction de la rivière. Robin a emporté sa canne à pêche et moi je suis parée pour la cueillette des champignons! En remontant la rivière, nous arrivons à une magnifique chute d'eau. Et dans le bassin aval, ça grouille de truites saumonées qui ravit Robin!!
Nous rentrons juste avant la pluie avec 6 truites et 1kg de cèpes d'été!
Mardi 4 septembre: ça sent le départ, déjà 3 jours que nous sommes revenus au Groenland et nous voilà pris de bougeotte!
Le réveil a sonné à 6h mais le vent ne s'est pas calmé. Du coup on se rendort et décidons de rester une journée de plus sur l'île de Disko. Nous en profitons pour faire une magnifique balade le long de la rivière et remonter une ancienne vallée glacière. Le paysage est éblouissant! Ca passe du vert foncé au vert fluo, il n'y a toujours pas d'arbre en vue mais des petits buissonneux de couleur rouge et le sol est couvert d'une couche spongieuse de végétation multicolore à ressort qui nous donne l'impression de courir dans un château gonflable!
Tout en marchant on fait des repérages pour l'année prochaine. Les pentes de part et d'autre de la vallée s'apprêtent parfaitement pour entreprendre des randos à ski! On s'imagine nos futures traces. Nous apprenons même q'ils sont en train de construire un téléski pour les moins sportifs !
Le seul hic de notre projet ski-voile sur l'île Disko est la glace de mer encore bien présente jusqu'à fin juin. Et Le port reste inaccessible du fait d'une source d'eau douce qui s'y déverse sans interruption.
Nous prenons tout de même le contact de Laura qui s'occupe de l'hôtel Disko pour nous tenir informés des conditions d'enneigement et des possibilités d'accès en bateau.
Mercredi 5 septembre: le réveil a sonné à 6:00, le vent semble complètement tombé, il a givré cette nuit! Nous sommes parés à remonter l'ancre et prendre le cap à l'est direction Ilulissat soit 50 MN à parcourir!
Le temps de sortir de la baie et dépasser quelques mastodontes d'iceberg que la houle se fait ressentir et le vent commence à souffler pile dans le nez. Le temps d'une 1 heure de sieste que j'entend pester Robin à la barre! Effectivement le vent souffle de plus en plus fort soulevant une belle vague hachée de travers. Sous Génois à moitié déroulé, 2 ris dans la grande voile et moteur à 2000 tours, je prends le relais et affronte tant bien que mal cette traversée de la baie de Disko. Tout en essayant d'éviter au maximum de taper un growler caché derrière ces grosses vagues!
On y est presque... le vent mollit et tourne un chouïa sud, ce qui nous permet de faire une belle arrivée sur une mer quasi plate devant la tant convoitée Ilulissat!
Cependant, avant de rentrer dans le port, on s'offre un petit tour à l'embouchure du Jakobshavns Isfjord situé juste à côté de la ville pour aller côtoyer de très près les icebergs tout neufs et fraîchement vêlés! Ce temps splendide sans vent et cette lumière magnifique de fin de journée nous permet de faire un petit shooting photo de Morgane et de la glace.. comment ça se passe ? Moi assise dans le dingy avec deux rames et l'appareil photo à dériver au milieu du canal en espérant qu'aucun iceberg ne soit décidé à se retourner à ce moment précis pendant que Robin me tourne autour avec Morgane toutes voiles dehors!
Pensez bien que nous ne passons pas inaperçus... les embarcations à touristes nous mitraillent de photo.
Dans le port, c'est le bordel! Les seuls pontons accessibles sont déjà tous occupés par deux ou trois bateaux de pêche à couple et la rive gauche est privée. Un peu plus au fond à droite, on reconnaît le 50 pieds alu au bas franc bord battant pavillon suisse que nous avions croisé à Nuuk il y a deux mois. Il est amarré à un ponton flottant. Le spot parfait. On décide de se mettre à couple. Un peu plus tard dans la soirée nous rencontrons Ben son propriétaire. On s'excuse de notre accostage à la sauvage. Il apprécie notre compagnie; toutefois il nous avertit qu'on risque de devoir quitter d'ici peu cette place réservée au déchargement.
Mais comme il est en panne sèche pour cette nuit les Groenlandais le laissent tranquille! Ca parle de fondue au vacherin et objet Landi ! Que dire de plus? Ah oui, le lendemain midi, après s'être déplacé sur le quai d'à côté, on l'invite à croquer une morce (un morceau) à bord pour connaître un peu plus en détail son histoire.
Ce gruyèrien a déjà pas mal de milles à son compteur, grand navigateur des Mers froides, il a exploré la Patagonie et navigue depuis quelques étés entre le Spitzberg, l'Islande et le Groenland. Avec son association MaréMotrice, il organise des stages de voile, des trips de ski-voile, de la course à pied-voile et accueille aussi des artistes à bord pendant un séjour d'un mois. Il appelle ça une résidence.
Le soir même, nous sommes invités à manger à bord de “Knut” et rencontrer ses 4 artistes!
Il y a Anne Sophie l'écrivaine de Lausanne, Marie Morgane la dessinatrice de Neuchâtel, Rudy le compositeur de son et d'image de Genève et Jean-Louis le metteur en scène aussi de Neuch! Franchement sympa et chaleureuse c' t'équipe qui nous inspire beaucoup de créativité! Des vrais artistes! On passe une merveilleuse soirée entre romands!
Vendredi 7 septembre: tiens tiens le temps a changé.. en l'espace d'une nuit nous sommes passés à l'automne! Toutes les couleurs de la végétation ont viré à l'orange, au rouge,au pourpre et au violet! Le soleil aussi à changé... il ne monte plus au zénith et se couche de plus en plus tôt. Les nuits sont de plus en plus noires et longues! On va bientôt pouvoir observer les aurores boréales!!
Aujourd'hui on profite encore de cette merveilleuse journée pour découvrir le Jakobshavns Isfjord depuis la terre. En suivant le sentier balisé avec des pierres bleues, nous longeons le fjord tout du long. La vue est époustouflante! Ce qu'on aimerait avoir un para - moteur pour survoler cette langue de mer truffée d'iceberg. Elle est tellement immensément longue qu'on ne voit pas où elle commence!? Mais on voit bien où ses petits prennent la poudre d'escampette et pour entamer leur longue remontée vers le Nord!
De retour en ville, c'est en t-shirt que nous surfons sur internet à la terrasse d'un café! On profite de ravitailler Morgane en eau et en produits frais même si on est en mode: il faut manger toutes nos boîtes de conserve avant l'hivernage!!
Samedi 8 septembre: après une bonne douche à la maison de jeunesse d'Ilulissat, nous nous remettons en route avec notre ami Knut. Juste avant de larguer les amarres nous remarquons que des growlers se sont introduits dans le port...
Effectivement l'entrée est bouchée enfin elle a l'air de loin impénétrable!!!
Finalement plus on s'approche plus elle se laisse traverser! Il faut juste oser pousser un peu, pas trop vite de manière à se frayer un passage. La glace est encore bien mobile.
Cependant, on laisse le soin à notre pote Knut de nous dépasser et de nous servir de brise glace! Juste derrière nous deux petites embarcations à moteur locales nous collent au cul. Tel le chauffard collant qui essaye de dépasser par la droite ou la gauche sur nos routes. La glace ça n'a pas l'air de les déranger. Il la tape à dix noeuds, il montent dessus et l'écarte comme s'elle n'existait pas. La glace ils connaissent!
Cette traversée restera à jamais dans les annales ! Naviguer entre la glace et s'apercevoir qu'elle est constamment en mouvement c'est terrifiant et extraordinaire à la fois. Je monte en haut du mât pour apprécier encore plus la vue sur les icebergs et la glace qui nous entoure. C'est un plaisir ineffable!
Rudy du bateau de Knut sort son drone pour filmer cette séquence ultime. Absorbé par le spectacle ,il perd de vue son drone et oublie l'autonomie réduite des batteries dans ce milieu polaire ce qui l'oblige à un atterrissage d'urgence sur un glaçon. La chasse au drone perdu est lancée! Tantôt du haut du mât tantôt avec le vol du deuxième drone, impossible de le localiser, il est perdu à jamais dérivant sur ce glaçon en mouvement. Rudy est en deuil! Nous nous remettons en route encerclés maintenant par un épais brouillard. Le slalom entre la glace devient de plus en plus tendu. Mais au bout de 2 heures nous retrouvons l'eau libre de glace et poursuivons notre route au sud de la baie pour rejoindre un joli mouillage sauvage au Nord de Napissaq (Christianshaab).
Le lendemain matin, sous un ciel un peu gris,, Robin et moi emmènons les artistes pêcher le saumon dans le Laksebugt. Apres 1 heure d'initiation, tout le monde remonte un poisson: total 4 cabillauds et un flétan. Robin leur montre comment vider les poissons et moi comment les cuire... plus tard tout le monde se régale à bord de Knut!
Dans l'après-midi, nous partons tous à terre pour une marche digestive chacun dans une direction différente. La lumière est encore une fois magique et incite à la photographie!
De retour au bateau, nous embrassons tout le monde en étant pas sûr de nous revoir le long de la côte du Groenland ..
Ben a encore douze jours pour conduire l'équipage jusqu'à Nuuk et continuer seul à naviguer jusqu'en Bretagne.
Nous, nous avons le temps et moins de la moitié du chemin à faire jusqu'à Sissimut!
Du coup on prend notre temps et on s'offre des belles grasses matinées surtout quand le mouillage est calme et sécurisant!
Lundi 10 septembre, Knut est déjà en route pour Aasiaat quand nous émergeons du lit a 9:00. Il a relevé l'ancre à 6:30 du matin.
Sans se presser, nous le rejoignons tout de même dans cette jolie petite baie au sud de Aasiaat pour passer une dernière soirée en compagnie de Ben. Nous l'invitons à bord pour manger une bonne fondue Gerber laissant les artistes travailler sur Knut.
Mardi 11 septembre: il était prévu de visiter vite fait Assiaat et rejoindre Knut dans la soirée un peu plus au Sud pour un dernier mouillage ensemble .. si Robin n'avait pas déposé le panier à crabe trop près de Morgane la veille au soir...
En effet, ce matin Il faut plonger sous le bateau pour démêler le fil qui s'est entortillé autour de l'hélice et du gouvernail! Bonne occase pour tester la combi sèche!
Je m'équipe aussi de ma cagoule et bottillons en Néoprène et plouf dans l'eau à 6 degrés! Le temps de couper le fil autour de l'hélice et remonter vite fait sur Morgane tellement que ça pique le front,que je doit y retourner pour défaire le petit bout de fil coincé encore dans le gouvernail!! Verdict la combi sèche n'est ni sèche ni étanche ! L'eau est glaciale et je suis pas prête d'y retourner!!
Après cet exercice matinal, nous partons à pied visiter Aasiaat. Il nous faut une bonne heure pour rejoindre cette bourgade située de l'autre côté de l'île. Toute en couleur comme la plupart des autres villes du Groenland, elle dégage un sentiment de dynamisme. Peut être le fait que l'université nationale y réside? Étrange constat d'apprendre que sur ce bout de rocher à peine élevé de 30 mètres au dessus de la mer et entouré d'une centaine d'autres petits îlots que tous les étudiants du Groenland s'y retrouvent pour quelque temps!
Nous nous rendons à l'hôtel Somandshjemmet afin de nous connecter sur internet pour 30 couronnes l'heure.
Nous envoyons un dernier message sur le téléphone satellite de Ben pour le prévenir de notre contretemps et que notre prochaine rencontre se déroulera en Suisse!
Sur le chemin du retour au bateau, nous croisons la route d'un renard arctique. Encore tout gris, il se confond totalement avec le paysage. Quel plaisir de le regarder nous observer !
Au réveil nous changeons de mouillage pour nous rapprocher de Aasiaat. Toujours à pas de loup nous tâtons les fonds incertains et très mal cartographiés aux alentours d'Aasiaat. Et mouillons l'ancre au fond d'une petite baie. Nous rejoignons le rivage en annexe pour un peu d'Internet à la cafétéria de l'hôtel, un petit passage au Pissifik (on ne peut pas s'en empêcher !) Un peu de shopping mais seulement pour les yeux. Nous achetons quand même deux cartes topographiques de la région de l'ile Disko et Sissimut pour nous donner une meilleure idée du relief le long de la côte et aux abords des fjords. Et puis c'est chouette de se pencher le soir sur une carte papier et de faire des plans et de projeter les futures découvertes.
Jeudi 13 septembre: en route sous un magnifique soleil et une légère brise de cul pour Kangaatsiaq situé à 28 MN d'Aasiaat. C'est au moteur et génois déroulé que nous suivons un canal bien protégé le long de la côte. En fin de journée, on s'amarre au ponton principal du village pour remplir 4 réservoirs d'eau et nettoyer vite fait le pont de Morgane. Puis on se remet en route pour 1 MN et mouiller l'ancre dans la petite baie juste derrière le village.
Tout est super paisible par ici. L'anticyclone est bien installé depuis quelques jours, il n'y a plus un pet de vent en fin de journée. On dort comme des bébés!
Après le petit déjeuner on s'en va faire un tour au village de Kangaatsiaq et ses cent passerelles en bois! Ici à chacun son caillou et chacun son escalier. On prend la météo sur le PC mis à disposition gratuitement par le bureau communal et on passe vite fait au Pissifik!
Puis nous nous remettons en route pour 25 MN afin de rejoindre un mouillage planqué au milieu du fjord de Tugtugdlip sarqa.
On aperçoit nos premiers Lagopèdes des rochers, sorte de poule des neiges très sauvage! Son plumage est blanc en hiver et brun jaunâtre en été. Aujourd'hui il est brun et blanc et leurs orteils sont très feutrés! Robin nous pêche un monstre cabillaud que nous mangeons façon panné le soir même! Il faut que je vous le dise, la cabillaud ça n'a pas trop de goût.. à moins de le saumurer et de le cuire sur sa peau à la poêle avec du beurre et une petite sauce... bref nous on l'aime bien comme les sticks de poisson Findus!
Dimanche 16 septembre nous quittons notre joli coin pour un autre mouillage tout aussi joli et bien protégé un peu plus au Sud proche d'une rivière dans le canal de Ikerasarssuk.
Pris d'un pincement dans les côtes, je me réveille en suffocant à minuit essayant de retrouver une respiration convenable.. le temps que Robin trouve un placebo .. la douleur s'estompe aussi vite qu'elle est survenue.! Etrange mais qui tombe bien! Grâce à ce saut du lit nous apercevons là juste au dessus du mât de Morgane nos premières aurores boréales ! On se dépêche de s'habiller et de sortir sur le pont pour admirer ce spectacle authentique et magique!!
Lundi 17 septembre on rechange de coin! Il nous faut 3 bonnes heures pour sortir de ce magnifique étroit canal de 10km de long. Quelques petits bateaux à moteur nous croise à 100 à l'heure alors que nous avançons à tâtons sur ce petit bout de canal super mal cartographié et pas très profond. Puis c'est sur l'île de Qeqertarsuaq dans le fjord de Kanguissap Paava que nous mouillons à la patagonnienne comme dirait Ben! Ce qui consiste à mouiller l'ancre à l'avant du bateau et s'amarrer de part et d'autre au bord à l'aide de longues aussières afin que le bateau reste immobile et qu'il ne puisse pas se tourner au milieu de la minuscule anse où nous avons décidé de passer la nuit!
Robin a dégoté sur la plage une planche en bois flotté pour l'annexe! Fier comme un coq il se dandine devant Morgane et me montre à travers la vitre de la cuisine son nouveau siège pour ramer!
Le ciel est plein d'étoiles ce soir c'est encore signe d'aurores boréales !!
Mardi 18 septembre en quittant ce fabuleux petit coin, nous nous apercevons trop tard que notre hélice est bourrée de plastic et d'algues! Merci la gopro pour le compte rendu! Cependant nous sommes déjà au milieu du fjord et le vent du Nord-Est souffle déjà bien donc impossible de faire libérer l'hélice. Tant pis pour le moteur on continue à la voile! Et c'est sous génois seul que nous parcourons en temp record les 30MN pour rejoindre Ukivik. La navigation est musclée et fraîche! Le vent forcit au fur et à mesure de notre descente jusqu'à atteindre 30 noeuds dans les rafales! Ça faisait un bail que cela nous était plus arrivé! On se met à l'abri au mouillage derrière l'ancienne station baleinière d'Ukivik et on se met au lit illico presto! Ça crève de naviguer dans ces conditions !
Ce matin il neige à gros flocon !! Encore sous la couette, on se demande lequel de nous deux osera se lever pour aller allumer le chauffage!? Nous sommes maintenant mouillés au fond du fjord de Isortuarssuk et le paysage est juste irréel ! C'est une vallée glacière surplombée de sommets à plus de 1000 mètres! Voilà ???qui nous donne des papilles??? dans les yeux ! On ne tarde pas à se mettre en route avec l'annexe pour aller découvrir les environs. C'est la terre de Kong Frédéric IX., Il y a une tente bien aménagée juste à côté de la plage et une cabane fermée à clé un peu plus loin. Ça sent les refuges de chasseurs. Plusieurs bois de renne jonchent le sol. Nous marchons le long d'un sentier qui mène à un grand Lac.
Malgré la neige qui tombe, on crève de chaud! Faut dire qu'on est un peu trop habillé et marcher avec des bottes 3 fois trop grandes sur un sol mou et défoncé n'arrange pas les choses! On a l'impression de faire la trace dans 1 mètre de neige poudreuse. Nous gagnons tout de même le début de la rivière et là, sous nos yeux, copulent une centaine d'ombles chevalier (Arctic Char) dans différents bassins. Robin est d'une excitation telle qu'il faillit passer à l'eau en rattrapant son premier poisson! La pêche est bonne, trop facile même! On pourrait les choper à la main tellement il y en a! Au tableau: 2 truites saumonées et 2 ombles chevalier dont la plus grande dépasse les 60cm! Et il aurait pu continuer à en pêcher jusqu'à la tombée de la nuit! Cependant une longue route nous attend pour retrouver le bord du fjord et transporter ces 4 poissons le long d'un mince bout de bois est fatiguant! De retour sur Morgane, je cuisine le plus gros omble chevalier au four. Sa chair ferme et blanche ressemble au loup de mer c'est un délice! On passe la soirée avec “Les bronzés font du ski” en regardant la neige qui n'arrête pas de tomber à gros flocon.
Vendredi 21 septembre: Bonjour l'automne ! Bon anniversaire Evan (mon neveu) ! Cette fois Morgane est bien recouverte de neige! Robin déblaie les panneaux solaires à la règle! On mange un petit déjeuner avant d'appareiller pour Sisimiut! Dans le sillage de Morgane, toute la vallée glacière et les montagnes sont saupoudrées de blanc.. le tableau est d'une beauté indescriptible ! On se sent les rois du monde!
Après 5 heures de navigation sous un beau soleil au portant au moteur et génois déroulé, nous accostons le ponton à carburant de Sisimiut ! La ville est de toutes les couleurs de la boîte à crayon Caran d'Ache, elle est construite sur un amoncellement de plusieurs collines entre mer et montagne!
Après le plein d'eau effectué à la zone de déchargement des crevettes, nous nous mettons à couple d'un vieux bateau de pêche en bois et allons faire deux trois commissions!
Les jours suivants sont consacrés à l'organisation de la mise à sec de Morgane, lessive et décrassage!