fin mai 2019
retour a sisimiut: PÊCHE a la truite de mer
19 mai: On continue au sud direction Maniitsoq. Naviguer dans la brume avec des températures négatives n’a rien de palpitant! Et quand de la bonne houle s’ajoute au tableau, une seule envie nous traverse l’esprit, se réfugier dans un bras de fjord même si c’est un détour! Le gratin de pâte a eu son succès : il n'en reste pas une miette! Ça donne faim la mer déchaînée!Quelques heures plus tard on aperçoit les habitations de Maniitsoq. Ça avance lentement, contre le courant et le vent notre moteur a de la peine! Heureusement le fjord est mince et la vague minuscule!
Il est 21:00 quand nous nous amarrons au ponton flottant de la petite marina de Maniitsoq. On est raide avec Robin. On se met au lit pendant que Nath et Bastien bien reposés eux, escaladent le portail grillagé qui ferme l’entrée du ponton pour aller se balader!
Le lendemain matin, après une délicieuse longue douche au centre sportif, pendant que Robin préfère changer les filtres à gasoil du moteur, nous partons tous ensemble faire un peu de shopping et découvrir la ville de Maniitsoq. Elle est riche en couleur et construite comme toutes les autres à même le caillou. Chaque maison a ses 10 marches d’escalier minimum pour accéder à la porte d’entrée. Cependant elle a beaucoup moins de charme que Sisimiut et ces nombreux immeubles type HLM manquent d’entretien.
Ici faire du shopping de matériel technique nous amène souvent à des sacrées rencontres. Comme celle-ci avec Coy. A la recherche d’un tuyau d’aération extensible, nous tombons sur ce gars mi-danois mi-vénézuélien qui vit depuis 20ans au Groenland. Guide touristique dans le passé, il gère aujourd’hui le magasin d’accastillage pour voitures et bateaux. Il nous fait découvrir la ville à bord de sa jeep pour trouver le fameux tuyau! On le déniche dans le cinquième magasin! Bingo!! Merci Coy pour ta patience !
On profite du wifi gratuit de l’hôtel Maniitsoq avec sa magnifique vue sur Morgane. On refait un petit plein de bintches et d’autres vivres plus du diesel et de l’eau avant de se remettre en route pour remonter au Nord! En effet il nous reste 7 jours pour retourner à Sisimiut. La météo indique un peu de vent du sud ou rien pour les prochains 3 jours avant une grosse dépression attendue pour le week-end! Du coup nous devons profiter de ce créneau météo favorable pour reprendre la mer.
Vers 16:00, on largue les amarres pour rejoindre un petit mouillage sympa repéré sur la carte juste au nord de Maniitsoq.
Au loin dans le fond du fjord, j’aperçois un voilier! C’est pas vrai! C’est notre ami Ben à bord de Knut!! Incroyable ! Pétarade et corne de brume signent nos salutations! On se déroute le temps de se dire comment va la vie chacun sur son bateau et nous nous souhaitons bonne chance pour la suite! Il doit déposer ses clients skieurs à Maniitsoq avant de continuer au sud pour Nuuk.
Quant à nous, on mouille à côté de la banquise qui on espère ne se détachera pas trop rapidement pendant la nuit. Une petite marche à terre nous amène au sommet surplombant la baie et où l’on peut admirer un magnifique glacier dans le fond de la vallée. Le coucher de soleil dure des plombes! Et nous accompagne durant toute la marche retour! c’est génial d’avoir le temps!
21 mai: Le vent du Nord souffle encore bien fort ce qui nous oblige à nous abriter dans la baie de Niaqornaq juste en face de Hamborgerland, île réputée pour les déposes en Heli ski !
Malgré le vent et le peu de neige, on décide quand même de se faire une petite rando à ski sur la face nord-est. La montée est magique! On aperçoit à chaque pas notre Morgane qui oscille sur l'eau, c'est de toute beauté! On ne peut juste pas atteindre le sommet de la montagne.
La descente quand à elle c’est l’enfer! Je hurle de rage, je peste contre cette neige carton ! Je me rappellerai la leçon: Au Groenland il faut skier au soleil surtout au printemps !
22 mai: On tente de rejoindre la baie située de l’autre côté du fjord et mouiller au pied de l’île Hamborgerland. La brume se lève et dévoile ces pics vertigineux. C’est du lourd ce qui nous attend! Notre ultime rando ! Ah si on avait su .. on serait restés deux semaines à Hamborgerland!! Pas pour les burgers mais pour tailler des lignes sur ces faces grandioses!! On reviendra un jour, peut-être.
Pour le moment on profite de cette belle rando un poil technique à chausser, déchausser, escalader en chaussures de ski et rechausser les skis pour arriver au sommet! Et se rendre compte qu’on ne pourra pas redescendre sur la pente merveilleuse du glacier mais uniquement redescendre sur nos pas car le couloir qu’on pensait faisable ne l’est pas.. à moins d’avoir un speed flying, qu’on a pas pris malheureusement, pour voler au dessus de la falaise. Donc on rechausse, on déchausse, on désescalade, on rechausse pour retourner à l’annexe au bord de l’eau! Quelle belle journée !
On ne lézarde pas longtemps.. le brouillard n’est pas loin et faut avancer! Alors on repart au moteur pour atteindre finalement Kangaamiut vers minuit!
Après une bonne nuit de sommeil de 10h nous remontons l’ancre et empruntons le canal situé en bordure de mer pour nous abriter de la houle incessante venant du nord. On repasse devant notre premier spot de rando sur l’île Simiutaq en mangeant un bon gratin de pâtes avant d’affronter la brume et la houle. Car à partir de ce point, il n’est plus possible de naviguer dans le canal. Il y a des endroits peu profonds et nous n’avons pas l’exactitude des fonds sous-marin.
11h plus tard, même à deux mètres du bord il est difficile de distinguer le relief. La brume s’est épaissie, il fait un froid glacial. On s’ancre dans la petite baie juste à côté du village d’Itilleq en faisant confiance une fois de plus à notre GPS sur l’application Navionics.
24 mai: Au réveil, la brume est toujours présente mais une pointe d’éclaircie nous motive à aller rendre visite aux habitants.
Un semblant de chemin nous amène au cimetière encore enneigé, ici les visites des morts se font en été (...)! Sur la place principale du village, ils ont aménagé un fitness open air. Sans perdre une seconde, nous voilà tous perchés sur un engin. Il y a aussi deux grands buts qui délimite le terrain de foot minuscule ou une partie de touche touche s’improvise!
Notre passage obligé au Pissiniarfiq (petite épicerie) anime les discussions des clients et des employés. On réalise que les tours opérateurs ne s’arrêtent pas à Itilleq!On achète deux trois apéros et c’est déjà le temps de se remettre en nave!
Là encore on profite de slalomer dans le canal au moteur pour finalement mouiller l’ancre 5 heures plus tard dans une petite anse à Nipisiat juste en face de Sisimiut. Le ciel bleu et le soleil sont réapparus .. Que ça fait du bien!!
25 mai: Le vent du Nord s’est levé et nous nous empressons de regagner le port de Sisimiut. Une baleine salue notre retour au bercail ! C’est vrai que c’est comme si on rentrait à la maison ! On est content de revenir et de retrouver tous nos repères. Comme les deux bateaux de pêche sur lesquels on s’amarre et qui empestent le poisson crevé!!
Mais avant ça, une mauvaise surprise nous attend...
Au moment de refaire le plein de diesel ni Robin ni moi ne réalisons que la jonction entre le manchon et le coude d’alimentation du réservoir de diesel s'est débranché. En deux mots: on est en train de remplir le fond de cale de diesel!!!!
C’est grâce à l’alarme de la pompe de cale qu’on réalise l’ampleur du désastre!
En effet, pendant que Robin appuyait sur la gâchette je me demandais bien pourquoi je ne voyais pas la jauge monter ??
Nous voilà en situation d’urgence à pomper tout ce qu’on peut pour extraire les 100 litres de gasoil dans le port! Oh Miséricorde! J’espère que la mer nous pardonnera pour ce désastre !!
Cette dernière journée avec Nath et Bastien qui s’annonçait belle en couleur et en expédition randonnée nous retient pliés en quatre à l’intérieur de Morgane pour laver les fonds de cale et évacuer les odeurs de diesel!
Magnus tombe à pique en fin de journée et nous propose de nous emmener prendre une bonne douche et de faire une lessive!
Après avoir retrouvé tous nos esprits, et joué au chibre, Bastien nous motive à 1 heure du mat d’aller faire un tour dans les bars!
C’est vrai c’est samedi soir et nous n’avons jamais osé visiter ces endroits de peur de voir une population inuit délabrée et quelque peu effrayante.
Deux bars s’offrent à nous l’un en face de l’autre. On commence par boire une bière au Raja Bar. Lieu plutôt sombre et muni d’une piste de karaoké déserte où le regard des cinq inuits présents nous dévisage comme si on avait rien à faire là!
En face, l’ambiance du Kukurikooq est tout à fait différente. Ici place à la dance tout âge confondu sur la musique et les paroles d’un vieux DJ perché dans une cage de 2m carré grillagée et vitrée. Tout le monde chante à tue tête et se tient par les bras ! On se croirait à la fête de la Bénichon de Rueyres-les-Prés!
3 heures du mat le soleil est déjà levé .. nous on va se coucher !
27 mai: Dernier petit déjeuner avec Nath et Bastien. On a dû mettre le réveil car il n’est plus dans nos habitudes de nous lever à 8h! On a déménagé de spot pour s’amarrer au ponton vers la sortie du port. Car les va-et-vient des pêcheurs nocturnes commençaient à nous cerner les yeux. De plus c’est plus simple pour hisser les deux board bags hors de Morgane directement sur le ponton!
On s’embrasse une dernière fois et les regardons partir dans le taxi pour l’aéroport. Que de bons moments passés ensemble! Merci d’être venus à bord !
De retour sur Morgane, on a pas le temps de retourner se coucher. On a du pain sur la planche car les prochains passagers arrivent en début d’après-midi et d’ici là, il faut racheter une bouteille de gaz, changer la batterie du guindeau (le truc qui nous sert à remonter la chaîne d'ancre), faire 3 lessives, raccommoder un paréo et passer à la bibliothèque pour faire un check wifi météo!
Robin se charge du gaz et de la batterie et moi du reste.
On se retrouve devant chez nos amis danois avec le linge sous le bras; j’embrasse Patricia et Etienne qui ont la banane sur le visage!
On les emmène à la bibliothèque et passons faire des courses au Pissifiq.
On a laissé les skis dans la cave de Magnus et repris nos parapentes et chaussures de marche. On va profiter de ces 13 jours ensemble pour explorer les fjords aux alentours de Sisimiut.
28 mai: Ils ont pris leurs quartiers dans la couchette arrière et ils ont bien dormi. Malgré les allées et venues des pêcheurs, le port est d’un calme plat, il n’y a pas un bruit! On décide de rester encore un jour à Sisimiut pour aller voir une pièce de théâtre jouée par des groenlandais. Celle-ci s’appelle « Homo Sapiens ». On retrouve Elizabeth et Magnus au petit restaurant du théâtre pour déguster une planchette typique du coin: sur l’ardoise se tient du gras de phoque, un bout de renne et de cabillaud séchés, du saumon fumé et deux tranches de pain de seigle.. heureusement que nous avons dîné tard!
La pièce de théâtre est divinement jouée ! Vous pensez bien qu’il nous est impossible de comprendre les paroles (n’ayant pas lu le bouquin avant!) mais leurs gestuelles nous fait suivre la pièce avec grand intérêt ! 2 heures d’expérience culturelle grandiose!
29 mai: Il est temps de larguer les amarres! On refait vite le plein d’eau chez Royal Greenland avant de prendre la sortie du port au moteur. Le temps de passer la pointe de Sisimiut, on hisse la grand voile et déroulons le génois et c’est parti pour une navigation à la voile seulement!!!
Au programme, rejoindre le petit village de Sarfannguit situé au fond du fjord juste en dessous de Sisimiut. On entend même le souffle d’une baleine à quelques mètres du bateau! Quel plaisir de naviguer SANS moteur!!
Et comme la brise du Nord est portante jusqu’au fond du fjord on décide de hisser le Spi ! Woaoo!!! C’est une première pour nous en navigation arctique !
A notre arrivée, quelques habitants accourent sur le ponton de déchargement de Sarfannguit pour nous souhaiter la bienvenue! On jette l’ancre juste en face du village à quelques mètres ! Que c’est beau toutes ces maisons colorées au soleil couchant!
30 mai: Ce matin il fait tellement chaud que nous prenons le petit déjeuner sur le pont! Une première au Groenland !!
La marée basse ne nous permet pas de passer le canal étroit pour rejoindre le fjord en aval du village. Donc en attendant la marée haute prévue dans 5h, on s’amarre au ponton et allons visiter le village et on rencontre un gars nommé Nanuk, ce qui signifie “petit frère” en groenlandais, et qui nous explique sa vie groenlandaise tout en regardant les enfants ramasser à coup d’épuisette des milliers de sardines arctiques venues frayer au bord du rivage!
Après ce joli spectacle, on remonte à bord de Morgane avec notre sac de sardines fraîchement pêchées!
Robin ne tient plus en place.. Nanuk lui a donné un spot pour pêcher de la truite de mer... Du coup on part mouiller au fond de la baie qui borde le village. En déposant Patricia et Etienne à terre en route pour une petite marche, Robin sort sa canne à pêche! Moi je profite de ce soleil radieux et sans vent pour rester sur Morgane me doucher, me laver les cheveux et me couper les pointes!
En attendant le retour des amis, je cuisine une petite tarte au saumon et épinards et console Robin qui n’a rien choppé ! Au moment de relever l’ancre un petite barque de trois pêcheurs s’arrête vers nous et nous brandit deux énormes truites de mer qu’ils viennent de pêcher à l’aide de leurs filets placés au fond de la baie.
On échange un poisson contre une plaque de chocolat suisse! Génial le troc!
Robin accepte le cadeau mais n’a pas dit son dernier mot!
Toujours à la voile seulement, nous continuons notre navigation vers l’Est. Plus on avance dans les terres, plus la chaleur se fait ressentir! Nous rejoignons un bras du fjord Sulugpaviarsorfik en fin de journée et mouillons dans la première baie en face du camp Michigan. Le paysage est incroyable! Nous sommes dans un cirque au milieu des montagnes multicolores. La baie étant peu profonde, nous devons rester un peu vers l’extérieur. Il y a des patates partout.
Une grosse baleine a décidé de prendre son dîner juste à l’entrée de notre petite baie. On s’empresse de regagner le bord avec l’annexe pour admirer le spectacle de plus près.
Robin, lui, n’a pas quitté son rocher, il pêche sous l’oeil bienveillant de l’aigle perché à quelques mètres au-dessus de lui!
Au menu truite de mer saumonée à gogo !
Vers minuit Etienne et Robin décident de déplacer Morgane à la pagaie pour lui éviter de frotter un caillou à marée basse.
31 mai: Après nos 10h de sommeil habituels et nos petit-déjeuners de rois, nous changeons de spot de mouillage à quelques mètres du précédent encore un peu plus hors de la baie pour être sûr de ne pas toucher de rocher si le vent tourne.
Une fois la manœuvre terminée nous voilà en route pour l’exploration des sommets environnants.
Plus on prend de la hauteur plus le paysage est ahurissant. Le vent souffle fort et ne nous permet malheureusement pas de décoller en parapente. Alors on continue à pieds le long des crêtes en suivant les sentiers des rennes ou des boeufs musqués. Tout en haut, il y a un lac encore gelé. Il y a des pétoles de lapins partout mais pas un seul en vue! Ah si enfin! un énorme lièvre arctique détale sous nos yeux. Son pelage encore bien blanc le contraste avec la couleur du sol et on peut le regarder courir jusqu’en bas de la vallée ! On fait une pause perchés à 300m du sol sur une dalle de pierre côtoyant une magnifique cascade. La vue est royale! Morgane baigne dans une eau turquoise on dirait les Caraïbes!
On continue notre marche jusqu’à l’autre bout du cirque et redescendons le long d’un cours d’eau. Toujours avec un oeil sur Morgane,(...) on réalise qu’elle s’est déplacée!? Elle a bougé !
La marée est à son point le plus haut et le vent souffle de plus en plus fort renforcé par l’activité thermique des montagnes.
On laisse Patricia et Etienne au bord de la rivière et partons à la rescousse de notre Morgane.
Après 5h de marche.. Pas facile de courir encore 4 km comme des dératés dans la mousse et sur le sable mou.. encore moins de pagayer avec le vent de travers et de voir Morgane s’approcher de plus en plus près des rochers! On croit que c’est la fin.. On donne tout ce qu’on peut jusqu’au bout en priant pour que l’ancre croche et ralentisse le dérapage. Après 740 mètres de kayak, on saute sur Morgane, je cours dans le bateau pour enclencher la batterie moteur pendant que Robin tourne la clé. A ce moment pas de contact!! Rien ne démarre! Le stress est à son apogée ! Je remets l’interrupteur sur la batterie principale.. toujours pas de contact. Et soudain ça y est le moteur démarre! Ouf!!! On était à deux doigts de l’échouage!
Plus jamais on ne mettra l’annexe à l’eau sans son petit moteur!
On s’ancre à nouveau dans la baie comme il faut et laissons le stress s’évacuer en attendant le retour de Patricia et Etienne fraîchement lavés sans se douter de ce que nous venons de vivre!
Un peu plus tard, Robin emmène Etienne pêcher au bord de la baie. Ils reviennent à minuit avec 4 magnifiques truites de mer dont deux à la chair rouge comme du saumon! Quel festin de poisson nous attend!
1er juin: On relève l’ancre vers midi pour changer de coin.. on continue à la voile encore un peu plus à l’Est tout à fond du fjord Akugdleq. Le vent du Nord souffle toujours et se renforce dans les bras du fjord mince, l’effet venturi est au Max!
On s’abrite comme on peut dans une baie qui n’est malheureusement pas assez profonde pour être vraiment au calme. Du coup on s’ancre à la limite de la vague. Dans le bateau ça bouge bien.. on a l’impression d’être en train de naviguer ! Du coup ça ne donne pas trop envie de regagner le bord avec notre petite annexe. On arriverait bien trempés ! Alors on passe le temps à l’intérieur de Morgane à manger du poisson, jouer aux cartes, lire, écrire et se raconter des histoires en espérant que le vent se calme!
A 23:00 une petite accalmie se fait ressentir. On se motive pour une marche digestive à terre et partons visiter les deux petites maisons de vacances situées au bord du fjord. L’une est simplement fermée par un bout de ficelle. Ce qui nous invite à nous installer à l’intérieur et admirer l’agencement rudimentaire mais bien choisi. Il y a deux fenêtres qui donnent sur le fjord en contre bas. Un endroit idéal pour faire une sieste et admirer les baleines!
2 juin: On retourne à terre après le petit déjeuner pour une petite marche de 5h. Le but est d’aller voir si la baie plus à l’Est d’où nous nous trouvons est mieux abritée pour mouiller.
C’est difficile de prendre le même chemin quand il n’y en a pas! On a tendance avec Robin de ne jamais se suivre quand il n’y a pas de sentier. Chacun prend son propre itinéraire et on finit toujours par se rejoindre à moment donné ! J’ai choisi de marcher jusqu’au sommet culminant afin d’avoir une meilleure vue. Robin a prit par le canyon en contre bas. Tous les deux on peut voir qu’il y a encore moins d’eau dans cette baie. On retrouve Patricia et Etienne au bord de la rivière et rentrons ensemble contre le vent incessant au bateau. Marcher dans cette mousse c’est agréable mais c’est fatiguant! On est raides morts! Le poisson cuit au four pendant que deux font une turbo sieste.
Vers 22h Robin et Etienne repartent pêcher au bord du rivage. Quand ils reviennent sur Morgane vers minuit le vent est enfin tombé ! Faut profiter de ces conditions météo pour sortir de ce fjord. On décide alors de lever l’ancre et de naviguer au moteur aidé de la grand voile pour nous extirper de ce magnifique fjord. Patricia est allée se coucher avant le départ. Elle se réveillera dans un autre endroit!
4 heures plus tard nous mouillons dans une petite anse située en face de Sarfannguit à Iterdlagssuaq. C’est 5:00 du mat, il est temps d’aller se coucher!
3 juin: Il est midi quand on sort de notre couchette les paupières encore bien collées. On embarque les parapentes dans l’annexe et accostons sur une petite plage. Au pied de la montagne on aperçoit ENFIN de la vie sauvage. Deux rennes au pelage blanc beige qui courrent sur la vaste étendue de toundra. On prend un peu d’altitude mais pas trop pour nous installer au décollage. Chacun trouve son spot à peu près propre sans trop de minuscules arbustes pour ne pas accrocher les suspentes. Et c’est parti pour l’envol! Woooaoo !!! Que c’est beau!!!
On peut voir tous les bras du fjord même le petit village de Sarfannguit au loin. Il y a aussi tous ces lacs de couleur bien différente du bleu du fjord. On aperçoit un troupeau de 4 rennes qui s’enfuit à notre passage. Ils n’ont jamais dû voir de si grands oiseaux!!
Après une énième orgie de truite de mer, Patricia pêche son premier poisson coaché par Robin! C’est la plus grosse truite de mer de la semaine! Bravo!!
4 juin: Aération totale du bateau. Le vent est quasi nul. Le fjord, c’est une flaque d’huile!
On tente une baignade dans la rivière mais ce sera juste un bain de pieds après la petite marche en t-shirt autour du lac.
On profite de la marée basse pour récolter des moules. C’est pratique de les laver dans la rivière. On déguste l’orgie à bord de Morgane. Ça fait du bien de changer de menu!
Après qu’Etienne ait terminé de monter au mat pour remettre une drisse à sa place et admirer la vue, nous nous remettons en route au moteur pour rejoindre un autre petit mouillage tout à l’ouest d’un fjord en aval. C’est agréable d’avancer sur cette mer d’huile avec ce magnifique soleil! On aperçoit une horde de phoque à quelques mètres qui nous regardent craintifs. On croise aussi notre bateau de pêche préféré de Sisimiut. Toute sa famille est à bord: sa femme, leurs deux garçons et le papi! Il fait marche arrière pour venir nous saluer et pour nous donner des oeufs de goélands!! Ahh voilà pourquoi il reviennent à chaque fois super vite au port! La chasse aux oeufs ne dure seulement que 12h! Sympa de revoir de la civilisation après 4 jours de vie sauvage!
On jette l’ancre dans la baie Itivinguaq à l’ouest de l’île Sagdlerssuaq avec des montagnes encore enneigées comme fond d’écran! On mange notre truite de mer habituelle avant d’aller se coucher. Cette fois le soleil à peine couché se relève de suite! Étrange sensation de jour sans fin!
5 juin: Il est 7:00 du matin quand Robin me réveille pour qu’on change de mouillage. Le vent a tourné et le risque de s’échouer sur le bord est possible.
30 minutes plus tard nous sommes mouillés de l’autre côté de la baie en sécurité. On retourne se coucher malgré le soleil radieux ! Ce n’est qu’à midi et demi que nous émergeons sur le pont! On est comme des vrais ados qui avons passé la nuit dehors.. alors que c’est juste la faute au silence total qui nous retient dans notre sommeil profond. Ici la quiétude est reine!
Après un brunch sucré salé, on se prépare pour aller marcher sur les sommets qui surplombent Morgane et trouver un spot de décollage afin de retourner à l’annexe en parapente! Robin se fait un petit vol solo face à Sisimiut juste avant que le vent tourne. Du coup on attend qu’il remonte et décollons cette fois-ci à tour de rôle face sud, du côté de la baie où est mouillée Morgane. On se fait des petits ploufs de quelques minutes mais quelle magie de survoler ce dédale de rochers face à la mer et les fjords.
De retour sur le bateau, ça commence à sentir bon le pain chaud! On continue notre régime poisson et savourons la truite de mer que Patricia a pêchée!
Va falloir refaire le plein! Il ne nous reste que 4 filets qui sèchent sur le pont!
Il est minuit, il fait encore jour à pouvoir faire n’importe quelle activité de plein air et c’est d’un calme plat! On va bien dormir !
C’est marrant au début on veut tout le temps savoir quelle heure il est ? .. et petit à petit, jour après jour on ne se pose même plus la question. On vit simplement avec le temps! On mange quand on a faim, on dort quand on a sommeil. Cette perte de notion de temps nous fait vivre pleinement l’instant présent et surtout sans se presser! Pas besoin de faire vite les choses ici, le soleil ne se couche plus!
Dis donc le vent commence à souffler fort. Les bruits de cling cling dans les haubans (les câbles métalliques qui maintiennent le mât) nous réveillent au milieu de la nuit à 3h du matin. Robin sort sur le pont rajouter 10 mètres de chaîne juste pour être sûr de ne pas déraper.. c’est un coup de vent de quelques heures! Ce matin le calme est revenu et nous laisse dormir jusqu’à 11:30!
On lève l’ancre sous un ciel gris laiteux. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas plu! On part au moteur puis génois seul pour rejoindre un autre et dernier mouillage proche de Sisimiut. On slalome dans le canal. Puis on jette l’ancre dans une baie de Sarfanquaq Island bien abritée où il y a des maisons de vacance en préfabriqué.
C’est fou comme la nature change à vue d’oeil. A notre arrivée les montagnes étaient brunes, grises, parsemées de neige au nord puis la végétation recommence à pousser, même sans pluie elle change de couleur devient de plus en plus verte. Le sol regorge d’eau il y a des sources un peu partout. On aperçoit tous les jours de nouvelles minuscules fleurs qui déploient leurs pétales toutes fines et bien façonnées.
A défaut (de l’absence) de truites, ils sont partis pêcher des cabillauds.
7 juin: Ça fait du bien d’entendre la pluie sur la coque et on a aucun mal à se rendormir !
On se lève quand même vers midi pour rejoindre Sisimiut au moteur et sous la pluie.. cette fois ça y est les moustiques sont là et envahissent le pont à peine le vent tombé!
C’est la dernière journée pour Patricia et Etienne. Le soleil nous accueille à notre arrivée à Sisimiut.
Il est 21:00 quand nous nous amarrons au ponton flottant de la petite marina de Maniitsoq. On est raide avec Robin. On se met au lit pendant que Nath et Bastien bien reposés eux, escaladent le portail grillagé qui ferme l’entrée du ponton pour aller se balader!
Le lendemain matin, après une délicieuse longue douche au centre sportif, pendant que Robin préfère changer les filtres à gasoil du moteur, nous partons tous ensemble faire un peu de shopping et découvrir la ville de Maniitsoq. Elle est riche en couleur et construite comme toutes les autres à même le caillou. Chaque maison a ses 10 marches d’escalier minimum pour accéder à la porte d’entrée. Cependant elle a beaucoup moins de charme que Sisimiut et ces nombreux immeubles type HLM manquent d’entretien.
Ici faire du shopping de matériel technique nous amène souvent à des sacrées rencontres. Comme celle-ci avec Coy. A la recherche d’un tuyau d’aération extensible, nous tombons sur ce gars mi-danois mi-vénézuélien qui vit depuis 20ans au Groenland. Guide touristique dans le passé, il gère aujourd’hui le magasin d’accastillage pour voitures et bateaux. Il nous fait découvrir la ville à bord de sa jeep pour trouver le fameux tuyau! On le déniche dans le cinquième magasin! Bingo!! Merci Coy pour ta patience !
On profite du wifi gratuit de l’hôtel Maniitsoq avec sa magnifique vue sur Morgane. On refait un petit plein de bintches et d’autres vivres plus du diesel et de l’eau avant de se remettre en route pour remonter au Nord! En effet il nous reste 7 jours pour retourner à Sisimiut. La météo indique un peu de vent du sud ou rien pour les prochains 3 jours avant une grosse dépression attendue pour le week-end! Du coup nous devons profiter de ce créneau météo favorable pour reprendre la mer.
Vers 16:00, on largue les amarres pour rejoindre un petit mouillage sympa repéré sur la carte juste au nord de Maniitsoq.
Au loin dans le fond du fjord, j’aperçois un voilier! C’est pas vrai! C’est notre ami Ben à bord de Knut!! Incroyable ! Pétarade et corne de brume signent nos salutations! On se déroute le temps de se dire comment va la vie chacun sur son bateau et nous nous souhaitons bonne chance pour la suite! Il doit déposer ses clients skieurs à Maniitsoq avant de continuer au sud pour Nuuk.
Quant à nous, on mouille à côté de la banquise qui on espère ne se détachera pas trop rapidement pendant la nuit. Une petite marche à terre nous amène au sommet surplombant la baie et où l’on peut admirer un magnifique glacier dans le fond de la vallée. Le coucher de soleil dure des plombes! Et nous accompagne durant toute la marche retour! c’est génial d’avoir le temps!
21 mai: Le vent du Nord souffle encore bien fort ce qui nous oblige à nous abriter dans la baie de Niaqornaq juste en face de Hamborgerland, île réputée pour les déposes en Heli ski !
Malgré le vent et le peu de neige, on décide quand même de se faire une petite rando à ski sur la face nord-est. La montée est magique! On aperçoit à chaque pas notre Morgane qui oscille sur l'eau, c'est de toute beauté! On ne peut juste pas atteindre le sommet de la montagne.
La descente quand à elle c’est l’enfer! Je hurle de rage, je peste contre cette neige carton ! Je me rappellerai la leçon: Au Groenland il faut skier au soleil surtout au printemps !
22 mai: On tente de rejoindre la baie située de l’autre côté du fjord et mouiller au pied de l’île Hamborgerland. La brume se lève et dévoile ces pics vertigineux. C’est du lourd ce qui nous attend! Notre ultime rando ! Ah si on avait su .. on serait restés deux semaines à Hamborgerland!! Pas pour les burgers mais pour tailler des lignes sur ces faces grandioses!! On reviendra un jour, peut-être.
Pour le moment on profite de cette belle rando un poil technique à chausser, déchausser, escalader en chaussures de ski et rechausser les skis pour arriver au sommet! Et se rendre compte qu’on ne pourra pas redescendre sur la pente merveilleuse du glacier mais uniquement redescendre sur nos pas car le couloir qu’on pensait faisable ne l’est pas.. à moins d’avoir un speed flying, qu’on a pas pris malheureusement, pour voler au dessus de la falaise. Donc on rechausse, on déchausse, on désescalade, on rechausse pour retourner à l’annexe au bord de l’eau! Quelle belle journée !
On ne lézarde pas longtemps.. le brouillard n’est pas loin et faut avancer! Alors on repart au moteur pour atteindre finalement Kangaamiut vers minuit!
Après une bonne nuit de sommeil de 10h nous remontons l’ancre et empruntons le canal situé en bordure de mer pour nous abriter de la houle incessante venant du nord. On repasse devant notre premier spot de rando sur l’île Simiutaq en mangeant un bon gratin de pâtes avant d’affronter la brume et la houle. Car à partir de ce point, il n’est plus possible de naviguer dans le canal. Il y a des endroits peu profonds et nous n’avons pas l’exactitude des fonds sous-marin.
11h plus tard, même à deux mètres du bord il est difficile de distinguer le relief. La brume s’est épaissie, il fait un froid glacial. On s’ancre dans la petite baie juste à côté du village d’Itilleq en faisant confiance une fois de plus à notre GPS sur l’application Navionics.
24 mai: Au réveil, la brume est toujours présente mais une pointe d’éclaircie nous motive à aller rendre visite aux habitants.
Un semblant de chemin nous amène au cimetière encore enneigé, ici les visites des morts se font en été (...)! Sur la place principale du village, ils ont aménagé un fitness open air. Sans perdre une seconde, nous voilà tous perchés sur un engin. Il y a aussi deux grands buts qui délimite le terrain de foot minuscule ou une partie de touche touche s’improvise!
Notre passage obligé au Pissiniarfiq (petite épicerie) anime les discussions des clients et des employés. On réalise que les tours opérateurs ne s’arrêtent pas à Itilleq!On achète deux trois apéros et c’est déjà le temps de se remettre en nave!
Là encore on profite de slalomer dans le canal au moteur pour finalement mouiller l’ancre 5 heures plus tard dans une petite anse à Nipisiat juste en face de Sisimiut. Le ciel bleu et le soleil sont réapparus .. Que ça fait du bien!!
25 mai: Le vent du Nord s’est levé et nous nous empressons de regagner le port de Sisimiut. Une baleine salue notre retour au bercail ! C’est vrai que c’est comme si on rentrait à la maison ! On est content de revenir et de retrouver tous nos repères. Comme les deux bateaux de pêche sur lesquels on s’amarre et qui empestent le poisson crevé!!
Mais avant ça, une mauvaise surprise nous attend...
Au moment de refaire le plein de diesel ni Robin ni moi ne réalisons que la jonction entre le manchon et le coude d’alimentation du réservoir de diesel s'est débranché. En deux mots: on est en train de remplir le fond de cale de diesel!!!!
C’est grâce à l’alarme de la pompe de cale qu’on réalise l’ampleur du désastre!
En effet, pendant que Robin appuyait sur la gâchette je me demandais bien pourquoi je ne voyais pas la jauge monter ??
Nous voilà en situation d’urgence à pomper tout ce qu’on peut pour extraire les 100 litres de gasoil dans le port! Oh Miséricorde! J’espère que la mer nous pardonnera pour ce désastre !!
Cette dernière journée avec Nath et Bastien qui s’annonçait belle en couleur et en expédition randonnée nous retient pliés en quatre à l’intérieur de Morgane pour laver les fonds de cale et évacuer les odeurs de diesel!
Magnus tombe à pique en fin de journée et nous propose de nous emmener prendre une bonne douche et de faire une lessive!
Après avoir retrouvé tous nos esprits, et joué au chibre, Bastien nous motive à 1 heure du mat d’aller faire un tour dans les bars!
C’est vrai c’est samedi soir et nous n’avons jamais osé visiter ces endroits de peur de voir une population inuit délabrée et quelque peu effrayante.
Deux bars s’offrent à nous l’un en face de l’autre. On commence par boire une bière au Raja Bar. Lieu plutôt sombre et muni d’une piste de karaoké déserte où le regard des cinq inuits présents nous dévisage comme si on avait rien à faire là!
En face, l’ambiance du Kukurikooq est tout à fait différente. Ici place à la dance tout âge confondu sur la musique et les paroles d’un vieux DJ perché dans une cage de 2m carré grillagée et vitrée. Tout le monde chante à tue tête et se tient par les bras ! On se croirait à la fête de la Bénichon de Rueyres-les-Prés!
3 heures du mat le soleil est déjà levé .. nous on va se coucher !
27 mai: Dernier petit déjeuner avec Nath et Bastien. On a dû mettre le réveil car il n’est plus dans nos habitudes de nous lever à 8h! On a déménagé de spot pour s’amarrer au ponton vers la sortie du port. Car les va-et-vient des pêcheurs nocturnes commençaient à nous cerner les yeux. De plus c’est plus simple pour hisser les deux board bags hors de Morgane directement sur le ponton!
On s’embrasse une dernière fois et les regardons partir dans le taxi pour l’aéroport. Que de bons moments passés ensemble! Merci d’être venus à bord !
De retour sur Morgane, on a pas le temps de retourner se coucher. On a du pain sur la planche car les prochains passagers arrivent en début d’après-midi et d’ici là, il faut racheter une bouteille de gaz, changer la batterie du guindeau (le truc qui nous sert à remonter la chaîne d'ancre), faire 3 lessives, raccommoder un paréo et passer à la bibliothèque pour faire un check wifi météo!
Robin se charge du gaz et de la batterie et moi du reste.
On se retrouve devant chez nos amis danois avec le linge sous le bras; j’embrasse Patricia et Etienne qui ont la banane sur le visage!
On les emmène à la bibliothèque et passons faire des courses au Pissifiq.
On a laissé les skis dans la cave de Magnus et repris nos parapentes et chaussures de marche. On va profiter de ces 13 jours ensemble pour explorer les fjords aux alentours de Sisimiut.
28 mai: Ils ont pris leurs quartiers dans la couchette arrière et ils ont bien dormi. Malgré les allées et venues des pêcheurs, le port est d’un calme plat, il n’y a pas un bruit! On décide de rester encore un jour à Sisimiut pour aller voir une pièce de théâtre jouée par des groenlandais. Celle-ci s’appelle « Homo Sapiens ». On retrouve Elizabeth et Magnus au petit restaurant du théâtre pour déguster une planchette typique du coin: sur l’ardoise se tient du gras de phoque, un bout de renne et de cabillaud séchés, du saumon fumé et deux tranches de pain de seigle.. heureusement que nous avons dîné tard!
La pièce de théâtre est divinement jouée ! Vous pensez bien qu’il nous est impossible de comprendre les paroles (n’ayant pas lu le bouquin avant!) mais leurs gestuelles nous fait suivre la pièce avec grand intérêt ! 2 heures d’expérience culturelle grandiose!
29 mai: Il est temps de larguer les amarres! On refait vite le plein d’eau chez Royal Greenland avant de prendre la sortie du port au moteur. Le temps de passer la pointe de Sisimiut, on hisse la grand voile et déroulons le génois et c’est parti pour une navigation à la voile seulement!!!
Au programme, rejoindre le petit village de Sarfannguit situé au fond du fjord juste en dessous de Sisimiut. On entend même le souffle d’une baleine à quelques mètres du bateau! Quel plaisir de naviguer SANS moteur!!
Et comme la brise du Nord est portante jusqu’au fond du fjord on décide de hisser le Spi ! Woaoo!!! C’est une première pour nous en navigation arctique !
A notre arrivée, quelques habitants accourent sur le ponton de déchargement de Sarfannguit pour nous souhaiter la bienvenue! On jette l’ancre juste en face du village à quelques mètres ! Que c’est beau toutes ces maisons colorées au soleil couchant!
30 mai: Ce matin il fait tellement chaud que nous prenons le petit déjeuner sur le pont! Une première au Groenland !!
La marée basse ne nous permet pas de passer le canal étroit pour rejoindre le fjord en aval du village. Donc en attendant la marée haute prévue dans 5h, on s’amarre au ponton et allons visiter le village et on rencontre un gars nommé Nanuk, ce qui signifie “petit frère” en groenlandais, et qui nous explique sa vie groenlandaise tout en regardant les enfants ramasser à coup d’épuisette des milliers de sardines arctiques venues frayer au bord du rivage!
Après ce joli spectacle, on remonte à bord de Morgane avec notre sac de sardines fraîchement pêchées!
Robin ne tient plus en place.. Nanuk lui a donné un spot pour pêcher de la truite de mer... Du coup on part mouiller au fond de la baie qui borde le village. En déposant Patricia et Etienne à terre en route pour une petite marche, Robin sort sa canne à pêche! Moi je profite de ce soleil radieux et sans vent pour rester sur Morgane me doucher, me laver les cheveux et me couper les pointes!
En attendant le retour des amis, je cuisine une petite tarte au saumon et épinards et console Robin qui n’a rien choppé ! Au moment de relever l’ancre un petite barque de trois pêcheurs s’arrête vers nous et nous brandit deux énormes truites de mer qu’ils viennent de pêcher à l’aide de leurs filets placés au fond de la baie.
On échange un poisson contre une plaque de chocolat suisse! Génial le troc!
Robin accepte le cadeau mais n’a pas dit son dernier mot!
Toujours à la voile seulement, nous continuons notre navigation vers l’Est. Plus on avance dans les terres, plus la chaleur se fait ressentir! Nous rejoignons un bras du fjord Sulugpaviarsorfik en fin de journée et mouillons dans la première baie en face du camp Michigan. Le paysage est incroyable! Nous sommes dans un cirque au milieu des montagnes multicolores. La baie étant peu profonde, nous devons rester un peu vers l’extérieur. Il y a des patates partout.
Une grosse baleine a décidé de prendre son dîner juste à l’entrée de notre petite baie. On s’empresse de regagner le bord avec l’annexe pour admirer le spectacle de plus près.
Robin, lui, n’a pas quitté son rocher, il pêche sous l’oeil bienveillant de l’aigle perché à quelques mètres au-dessus de lui!
Au menu truite de mer saumonée à gogo !
Vers minuit Etienne et Robin décident de déplacer Morgane à la pagaie pour lui éviter de frotter un caillou à marée basse.
31 mai: Après nos 10h de sommeil habituels et nos petit-déjeuners de rois, nous changeons de spot de mouillage à quelques mètres du précédent encore un peu plus hors de la baie pour être sûr de ne pas toucher de rocher si le vent tourne.
Une fois la manœuvre terminée nous voilà en route pour l’exploration des sommets environnants.
Plus on prend de la hauteur plus le paysage est ahurissant. Le vent souffle fort et ne nous permet malheureusement pas de décoller en parapente. Alors on continue à pieds le long des crêtes en suivant les sentiers des rennes ou des boeufs musqués. Tout en haut, il y a un lac encore gelé. Il y a des pétoles de lapins partout mais pas un seul en vue! Ah si enfin! un énorme lièvre arctique détale sous nos yeux. Son pelage encore bien blanc le contraste avec la couleur du sol et on peut le regarder courir jusqu’en bas de la vallée ! On fait une pause perchés à 300m du sol sur une dalle de pierre côtoyant une magnifique cascade. La vue est royale! Morgane baigne dans une eau turquoise on dirait les Caraïbes!
On continue notre marche jusqu’à l’autre bout du cirque et redescendons le long d’un cours d’eau. Toujours avec un oeil sur Morgane,(...) on réalise qu’elle s’est déplacée!? Elle a bougé !
La marée est à son point le plus haut et le vent souffle de plus en plus fort renforcé par l’activité thermique des montagnes.
On laisse Patricia et Etienne au bord de la rivière et partons à la rescousse de notre Morgane.
Après 5h de marche.. Pas facile de courir encore 4 km comme des dératés dans la mousse et sur le sable mou.. encore moins de pagayer avec le vent de travers et de voir Morgane s’approcher de plus en plus près des rochers! On croit que c’est la fin.. On donne tout ce qu’on peut jusqu’au bout en priant pour que l’ancre croche et ralentisse le dérapage. Après 740 mètres de kayak, on saute sur Morgane, je cours dans le bateau pour enclencher la batterie moteur pendant que Robin tourne la clé. A ce moment pas de contact!! Rien ne démarre! Le stress est à son apogée ! Je remets l’interrupteur sur la batterie principale.. toujours pas de contact. Et soudain ça y est le moteur démarre! Ouf!!! On était à deux doigts de l’échouage!
Plus jamais on ne mettra l’annexe à l’eau sans son petit moteur!
On s’ancre à nouveau dans la baie comme il faut et laissons le stress s’évacuer en attendant le retour de Patricia et Etienne fraîchement lavés sans se douter de ce que nous venons de vivre!
Un peu plus tard, Robin emmène Etienne pêcher au bord de la baie. Ils reviennent à minuit avec 4 magnifiques truites de mer dont deux à la chair rouge comme du saumon! Quel festin de poisson nous attend!
1er juin: On relève l’ancre vers midi pour changer de coin.. on continue à la voile encore un peu plus à l’Est tout à fond du fjord Akugdleq. Le vent du Nord souffle toujours et se renforce dans les bras du fjord mince, l’effet venturi est au Max!
On s’abrite comme on peut dans une baie qui n’est malheureusement pas assez profonde pour être vraiment au calme. Du coup on s’ancre à la limite de la vague. Dans le bateau ça bouge bien.. on a l’impression d’être en train de naviguer ! Du coup ça ne donne pas trop envie de regagner le bord avec notre petite annexe. On arriverait bien trempés ! Alors on passe le temps à l’intérieur de Morgane à manger du poisson, jouer aux cartes, lire, écrire et se raconter des histoires en espérant que le vent se calme!
A 23:00 une petite accalmie se fait ressentir. On se motive pour une marche digestive à terre et partons visiter les deux petites maisons de vacances situées au bord du fjord. L’une est simplement fermée par un bout de ficelle. Ce qui nous invite à nous installer à l’intérieur et admirer l’agencement rudimentaire mais bien choisi. Il y a deux fenêtres qui donnent sur le fjord en contre bas. Un endroit idéal pour faire une sieste et admirer les baleines!
2 juin: On retourne à terre après le petit déjeuner pour une petite marche de 5h. Le but est d’aller voir si la baie plus à l’Est d’où nous nous trouvons est mieux abritée pour mouiller.
C’est difficile de prendre le même chemin quand il n’y en a pas! On a tendance avec Robin de ne jamais se suivre quand il n’y a pas de sentier. Chacun prend son propre itinéraire et on finit toujours par se rejoindre à moment donné ! J’ai choisi de marcher jusqu’au sommet culminant afin d’avoir une meilleure vue. Robin a prit par le canyon en contre bas. Tous les deux on peut voir qu’il y a encore moins d’eau dans cette baie. On retrouve Patricia et Etienne au bord de la rivière et rentrons ensemble contre le vent incessant au bateau. Marcher dans cette mousse c’est agréable mais c’est fatiguant! On est raides morts! Le poisson cuit au four pendant que deux font une turbo sieste.
Vers 22h Robin et Etienne repartent pêcher au bord du rivage. Quand ils reviennent sur Morgane vers minuit le vent est enfin tombé ! Faut profiter de ces conditions météo pour sortir de ce fjord. On décide alors de lever l’ancre et de naviguer au moteur aidé de la grand voile pour nous extirper de ce magnifique fjord. Patricia est allée se coucher avant le départ. Elle se réveillera dans un autre endroit!
4 heures plus tard nous mouillons dans une petite anse située en face de Sarfannguit à Iterdlagssuaq. C’est 5:00 du mat, il est temps d’aller se coucher!
3 juin: Il est midi quand on sort de notre couchette les paupières encore bien collées. On embarque les parapentes dans l’annexe et accostons sur une petite plage. Au pied de la montagne on aperçoit ENFIN de la vie sauvage. Deux rennes au pelage blanc beige qui courrent sur la vaste étendue de toundra. On prend un peu d’altitude mais pas trop pour nous installer au décollage. Chacun trouve son spot à peu près propre sans trop de minuscules arbustes pour ne pas accrocher les suspentes. Et c’est parti pour l’envol! Woooaoo !!! Que c’est beau!!!
On peut voir tous les bras du fjord même le petit village de Sarfannguit au loin. Il y a aussi tous ces lacs de couleur bien différente du bleu du fjord. On aperçoit un troupeau de 4 rennes qui s’enfuit à notre passage. Ils n’ont jamais dû voir de si grands oiseaux!!
Après une énième orgie de truite de mer, Patricia pêche son premier poisson coaché par Robin! C’est la plus grosse truite de mer de la semaine! Bravo!!
4 juin: Aération totale du bateau. Le vent est quasi nul. Le fjord, c’est une flaque d’huile!
On tente une baignade dans la rivière mais ce sera juste un bain de pieds après la petite marche en t-shirt autour du lac.
On profite de la marée basse pour récolter des moules. C’est pratique de les laver dans la rivière. On déguste l’orgie à bord de Morgane. Ça fait du bien de changer de menu!
Après qu’Etienne ait terminé de monter au mat pour remettre une drisse à sa place et admirer la vue, nous nous remettons en route au moteur pour rejoindre un autre petit mouillage tout à l’ouest d’un fjord en aval. C’est agréable d’avancer sur cette mer d’huile avec ce magnifique soleil! On aperçoit une horde de phoque à quelques mètres qui nous regardent craintifs. On croise aussi notre bateau de pêche préféré de Sisimiut. Toute sa famille est à bord: sa femme, leurs deux garçons et le papi! Il fait marche arrière pour venir nous saluer et pour nous donner des oeufs de goélands!! Ahh voilà pourquoi il reviennent à chaque fois super vite au port! La chasse aux oeufs ne dure seulement que 12h! Sympa de revoir de la civilisation après 4 jours de vie sauvage!
On jette l’ancre dans la baie Itivinguaq à l’ouest de l’île Sagdlerssuaq avec des montagnes encore enneigées comme fond d’écran! On mange notre truite de mer habituelle avant d’aller se coucher. Cette fois le soleil à peine couché se relève de suite! Étrange sensation de jour sans fin!
5 juin: Il est 7:00 du matin quand Robin me réveille pour qu’on change de mouillage. Le vent a tourné et le risque de s’échouer sur le bord est possible.
30 minutes plus tard nous sommes mouillés de l’autre côté de la baie en sécurité. On retourne se coucher malgré le soleil radieux ! Ce n’est qu’à midi et demi que nous émergeons sur le pont! On est comme des vrais ados qui avons passé la nuit dehors.. alors que c’est juste la faute au silence total qui nous retient dans notre sommeil profond. Ici la quiétude est reine!
Après un brunch sucré salé, on se prépare pour aller marcher sur les sommets qui surplombent Morgane et trouver un spot de décollage afin de retourner à l’annexe en parapente! Robin se fait un petit vol solo face à Sisimiut juste avant que le vent tourne. Du coup on attend qu’il remonte et décollons cette fois-ci à tour de rôle face sud, du côté de la baie où est mouillée Morgane. On se fait des petits ploufs de quelques minutes mais quelle magie de survoler ce dédale de rochers face à la mer et les fjords.
De retour sur le bateau, ça commence à sentir bon le pain chaud! On continue notre régime poisson et savourons la truite de mer que Patricia a pêchée!
Va falloir refaire le plein! Il ne nous reste que 4 filets qui sèchent sur le pont!
Il est minuit, il fait encore jour à pouvoir faire n’importe quelle activité de plein air et c’est d’un calme plat! On va bien dormir !
C’est marrant au début on veut tout le temps savoir quelle heure il est ? .. et petit à petit, jour après jour on ne se pose même plus la question. On vit simplement avec le temps! On mange quand on a faim, on dort quand on a sommeil. Cette perte de notion de temps nous fait vivre pleinement l’instant présent et surtout sans se presser! Pas besoin de faire vite les choses ici, le soleil ne se couche plus!
Dis donc le vent commence à souffler fort. Les bruits de cling cling dans les haubans (les câbles métalliques qui maintiennent le mât) nous réveillent au milieu de la nuit à 3h du matin. Robin sort sur le pont rajouter 10 mètres de chaîne juste pour être sûr de ne pas déraper.. c’est un coup de vent de quelques heures! Ce matin le calme est revenu et nous laisse dormir jusqu’à 11:30!
On lève l’ancre sous un ciel gris laiteux. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas plu! On part au moteur puis génois seul pour rejoindre un autre et dernier mouillage proche de Sisimiut. On slalome dans le canal. Puis on jette l’ancre dans une baie de Sarfanquaq Island bien abritée où il y a des maisons de vacance en préfabriqué.
C’est fou comme la nature change à vue d’oeil. A notre arrivée les montagnes étaient brunes, grises, parsemées de neige au nord puis la végétation recommence à pousser, même sans pluie elle change de couleur devient de plus en plus verte. Le sol regorge d’eau il y a des sources un peu partout. On aperçoit tous les jours de nouvelles minuscules fleurs qui déploient leurs pétales toutes fines et bien façonnées.
A défaut (de l’absence) de truites, ils sont partis pêcher des cabillauds.
7 juin: Ça fait du bien d’entendre la pluie sur la coque et on a aucun mal à se rendormir !
On se lève quand même vers midi pour rejoindre Sisimiut au moteur et sous la pluie.. cette fois ça y est les moustiques sont là et envahissent le pont à peine le vent tombé!
C’est la dernière journée pour Patricia et Etienne. Le soleil nous accueille à notre arrivée à Sisimiut.