fin juillet 2018
Que de rebondissements sur cette côte ouest du Groenland
Vendredi 20 juillet, 16:00: François et Alex viennent de décoller avec leur avion rouge en direction de l'Islande pendant que nous remplissons notre dernier jerricane de gasoil au ponton de Nuuk. Il faut prévoir assez de réserve de carburant car dans cette région du globe la météo n'est pas en notre faveur pour naviguer à la voile seulement. Je m'explique : quand le vent secteur Sud-Sud-Ouest souffle, ce qui nous permettrait d'avancer au mieux à la voile, c'est le signe d'une dépression accompagnée de trombes de pluie et de coups de vent à plus de 30 noeuds. Autant rester bien abrité dans un port!
Une fois la dépression passée, c'est le vent du Nord glacial qui se met à souffler pile dans le pif et creuse la mer pour nous offrir une belle vague hachée qui donne (le mal de mer) la nausée.... Pas très réjouissant. Du coup, on attend, on attend que tout se calme et on enclenche le moteur une fois que l'anticyclone s'est installé et on prie pour qu'il nous suive au moins pendant deux jours.. histoire de faire un maximum de milles vers le Nord et changer de zone météorologique. En effet, nous avons bien remarqué qu'au delà du cercle polaire, il n'y a quasiment plus de dépressions!!
Nous quittons donc Nuuk sous la pluie et décidons d'emprunter le canal intérieur répertorié sur navionics pour nous abriter de la mer démontée.
Il est 20:15 heures Robin est à la barre les yeux rivés sur le sondeur et suit de près la trace indiquée sur le GPS quand soudain c'est le choc!
Un gros bruit se fait ressentir à l'avant puis un deuxième à l'arrière. M... on a touché le fond !!
Patrick et moi sursautons de notre couchette pour rejoindre Robin qui jure sur le pont.
La barre est coincée, plus possible de manœuvrer. Je me dépêche d'ouvrir tout le plancher pour vérifier si on prend de l'eau. Ça m'a l'air ok. Pendant ce temps Robin arrive à décoincer la barre à 50%. Il fait pénombre il faut prendre une décision rapide .. qu'est ce qu'on fait? Nous sommes à 60 milles de Manitsok! Est-ce qu'on continue jusqu'à ce bled? À savoir qu'il y a cette zone mal référencée un peu plus haut dans le canal..
Non, on retourne à Nuuk.
Samedi 21 juillet 6:00 du matin on se met à couple d'un beau petit ketch amarré au ponton principal. On vérifie avec la gopro l'état du gouvernail et de la coque et allons dormir en attendant que les bureaux ouvrent. Robin et Patrick reviennent au bateau avec la bonne nouvelle de pouvoir sortir le bateau de l'eau à 14:00 grâce à Nuuk A/S transport.
Chose faite après l'installation de la troisième grue de 120 tonnes!
En effet, la première grue de 10 tonnes tombe en panne et celle de 7 tonnes est incapable de nous soulever. Bizarre ? Normal, nous pesons 9.4 tonnes aux dires du grutier! Ben dis donc on est bien chargé ! Pauvre Morgane elle paraît énorme à sa sortie de l'eau.
On enlève le gouvernail et installons des palettes pour poser Morgane. Il n'y a pas de bers proprement dit sur cette grande place de dépôt. Seulement des containers, des sacs remplis de filets de pêche et des cordes et des palettes de bois qui attendent leur prochaine expédition par ferry.
Puis nous constatons les dégâts.. la quille n'a quasiment rien, juste une légère brossée tout devant qui a mis l'acier à nu. C'est l'axe du gouvernail qui a pris le plus cher. En se pliant (Attention...l'axe de 60 mm de diamètre ne s'est JAMAIS plié...)au moment du deuxième impact avec le caillou, c'est le safran lui-même qui est remonté de 3 cm en arrière contre la coque. Ce qui a déformé la tôle mais heureusement l'épaisseur de 4mm d'acier l'a empêché de passer à travers! C'est pas malin d'avoir un gouvernail à la même hauteur que la quille...(C'est pas vrai...c'est se taper un caillou qui n'est pas malin, ma puce...) bref pour nous remettre de nos émotions, on se mange une délicieuse fondue et surtout on garde le moral!! Ce n'est que du matériel et ça se répare!
Dimanche 22 juillet: on appelle l'entreprise GSE (Groenland skib entrepreneurs) recommandé par le barbu de Nuuk transport. Ils débarquent à 14:00 à trois dont un sachant parler l'anglais Ouf!!! Ils nous rassurent en disant que la coque est bonne, faut pas la toucher. Juste refaire la peinture. Concernant le (gouvernail) safran, l'inuit voit tout de suite à l'oeil qu'il faut le redresser de 52mm .. le tout pour 6-7000 couronnes!! Aie aie aie ça fait cher. Je leur explique que nous devons réfléchir et regarder avec une autre entreprise pour avoir un deuxième devis.
En attendant, on profite de ce dimanche estival pour poncer et repeindre la coque. Robin nous dégote une prise électrique dans un des containers juxtaposant qui sert de bureau inoccupé. Ce qui nous permet aussi de chauffer l'habitacle avec notre petit chauffage d'appoint! Je suis ravie! La température dans le carré est remontée à 20 degrés!!
Lundi 23 juillet matin c'est la tournée des chaudronniers..??? Les nuits??? et mail à notre cher constructeur Philippe nous ont porté conseil et plusieurs options concernant le safran sont envisageables. Cependant la seule entreprise disponible à Nuuk c'est GSE! En fin d'après-midi, je me dirige vers leur atelier pour renégocier le prix des réparations. En route, je tombe sur le chef inuit qui parle pas un mot d'anglais et me dit de monter dans sa voiture. Petite visite de Nuuk pour aller chercher sa fille qui nous sert d'interprète de retour au bateau. On lui explique notre souhait d'ouvrir le safran pour sortir le tube et le redresser et tout ressouder ensuite. Sa fille me confirme que c'est le bon choix et me donne son prix final à 4000 couronnes. C'est parfait, Vendu!! Ils repartent avec le gouvernail dans le coffre. C'est aussi le deuxième jour de beau temps, inespéré, on peut terminer la peinture sur la coque sous le soleil de 20h.
Mardi 24 juillet 10:00, l'opération a commencé le safran est éventré. Ils ont l'air de bien si connaître en matière d'acier. Leur atelier est bien équipé et chauffé! On les laisse bosser et partons en ville pour faire deux, trois courses et consulter internet à la bibliothèque municipale. Seul endroit où le wifi est gratuit et accessible!
On passe par la poissonnerie qui a dû recevoir un arrivage spécial car il a une file d'inuits jusque dehors!! En effet il y a de la baleine sur les comptoirs.
Mercredi 25 juillet matin, petit détour par GSE pour voir où ils en sont avec notre gouvernail. À notre grande surprise le tout est redressé, ressoudé, tip top nickel! Le temps de vite retourner au bateau pour aller chercher la ponceuse et la peinture, ils peaufinent les derniers détails du safran en rajoutant un peu d'acier sur le haut du gouvernail et en réduisent le trou de l'axe de la barre de quelques millimètres afin de stopper le jeu existant (...) depuis le début du voyage!
Entre deux couches de peinture on se dépêche de se rendre de l'autre côté de la ville (6km) pour atteindre une rivière qui s'écoule dans le fjord afin que Robin puisse pêcher 3 jolis cabillauds!
Jeudi 26 juillet matin, la dépression est droit au-dessus du mât et même étant positionné la proue dans le vent, on a l'impression que Morgane va glisser des palettes! Autant vous dire que la nuit était agitée!
La dernière couche d'antifouling est posée à 17h sur le gouvernail au chaud dans l'atelier de GSE. On doit maintenant attendre que le vent souffle dans l'autre sens, c'est à dire de secteur Nord, pour remettre Morgane à l'eau.
Vendredi 27 juillet : on agende (réserve) la grue pour samedi matin première heure avec Nuuk transport.
Robin termine des travaux de menuiserie, à savoir : fabriquer un sabot pour caler la barre à l'arrêt et préparer le support de chaise pour installer le moteur de l'annexe sur la jupe de Morgane au cas où notre moteur in-bord cesse de ronronner!
Ça tombe bien, la zone industrielle et portuaire de Nuuk est en fait une vraie déchèterie à ciel ouvert = Une vraie caverne d'Ali baba quand on est en mode réparation...!
Pendant ce temps, je monte avec Patrick en ville faire deux lessives.
Vers 16:00 nous passons chez GSE pour organiser le transport du gouvernail. Ils ont installé un bbq au milieu de l'atelier pour célébrer l'été, qui a du mal à s'installer cette année!
Patrick nous invite au restaurant ce soir pour fêter notre remise en route et nous nous offrons une bonne douche à 7CHF chez notre cher hôtel d'en face!
Samedi 28 juillet 8:00 la grue est déployée, je cours à l'hôtel en face pour les dernières 30 minutes de wifi gratuit pour télécharger le dernier fichier météo et appeler mes parents. Pendant ce temps je vois Robin qui essaie de convaincre Evar, le grutier de baisser le prix de sa prestation.
Car effectivement, nous apprenons la veille que les coûts de la sortie de l'eau s'élèvent à 4500 couronnes et nous devons payer 7000 au total! Ce qui nous paraît hors de prix et nous met sans dessus-dessous.
Je les rejoins au moment de la transaction où Robin m'informe qu'il est d'accord de baisser le prix à 6000 couronnes. Cependant, ni sa carte ni la mienne ne fonctionnent dans son appareil portable. Nous nous dirigeons alors à son bureau où se produit le même scénario.
Nous grimpons dans son pickup en route pour un bancomat pour retirer du cash. Comme les banques sont encore toutes fermées, Il nous emmène alors dans un mini market où nous pouvons retirer seulement 2000 couronnes par transaction. En nous voyant sortir nos cartes une après l'autre il nous confirme que 4000.- fera l'affaire! On se regarde interloqué avec Robin et le remercions du fond du coeur. Je crois que cette petite virée matinale dans sa voiture lui a fait comprendre que Un: nous n'étions pas Français mais Suisse! Deux: les 6000 couronnes représentaient 1 mois de budget et Trois: nous avons eu un bon feeling!?
Au total, notre touchette nous aura coûté 8000 couronnes soit: 1200 CHF! Plus de peur que de mal, de la sueur, de la patience, beaucoup d'espoir et une belle rencontre avec ces inuits chaudronniers qui parlent une belle langue qui est malheureusement impossible à retenir!
On pensait se mettre en route à peine avoir touché l'eau... ce n'est qu'à 17:00 que nous larguons les amarres et quittons le port de Nuuk pour la deuxième fois!
En effet, après avoir enfilé l'axe du gouvernail dans le tube jaumière, impossible de le remettre dans la tête de barre correctement! Pour ne pas faire perdre trop de temps à Nuuk transport, nous leur confirmons notre descente à l'eau et retournons nous amarrer au port pour finir le boulot. Pendant que Patrick et Robin s'arrachent les cheveux à surélever le gouvernail pour ensuite tailler la vis pour que ça rentre dans l'axe, je cours faire deux trois courses au cash and carry et profite de nettoyer le bateau de fond en comble!
Ah c'est bon: le cri de victoire est prononcé à 16h!!! L'axe rentre pile poil, Robin court sur le chalutier de crevettes d'à côté pour refaire le filetage de la vis, et ça y est!!! la barre est fixée. On change de bord pour remplir les réservoirs d'eau potable chez les poissonniers et enfin, on peut repartir!!
On réalise que Nuuk est bien abrité du vent du Nord. À peine a-t-on quitté le bras du fjord que les embruns recouvrent le pont de Morgane. Notre remontée en pleine mer au près serré appuyé au moteur, cette fois-ci, va être difficile!
Ça ne me loupe pas: me voilà prise d'un mal de mer inopiné! Décidément, je ne supporte pas les longues escales à terre!
Heureusement Patrick et Robin mènent la barque parfaitement en se relayant à la barre toutes les 2,30 heures.
Oh miracle, au petit matin mon mal-être a disparu. De même pour le vent et la vague. Et voilà qu'en sortant la tête du cockpit, j'aperçois un paysage de carte postale helvétique! On dirait que nous voguons sur un lac de montagne. Avec en plus, les geysers des baleines à 200 m du bateau et des têtes de phoques télescopiques qui, discrètement, nous regardent passer. Le fameux anticyclone est bien installé. Moteur et Gustave tournent à merveille! Et nous pendant ce temps là, on mange des steaks de boeuf sous le soleil!!
Un soleil qui d'ailleurs se couche tard vers 23h30 et se relève à 4:00. Il n y a plus de nuit mais juste une pénombre qui dure deux petites heures. Ce qui rend les veillées très agréables.
Le vent est complètement tombé, il y a une légère houle sur cette mer d'huile. Et la visibilité est claire. Il n'y a pas de glaçons à l'horizon. Il faut tout de même être attentif à ces grandes algues, "des kelp", qui flottent à la surface et qui pourraient se prendre dans l'hélice.
Lundi 30 juillet, nous franchissons le cercle polaire arctique à 5:00 du matin. J'envoie un message d'anniversaire à ma maman avec l'iridium. Il fait toujours grand beau et pas un pet d'air sur cette mer d'huile. À 15:30 un brouillard nous encercle et devient plus épais en fin de journée. Ce n'est pas très rassurant pour la navigation à vue dans ce coin habité par les géants des glaces. On garde les yeux grand ouverts et rivés sur l'horizon!
Au petit matin du mardi 31 juillet, l'île de Disko est en vue! Le brouillard se dissipe peu à peu pendant que nous avançons dans la baie qui nous dévoile un spectacle époustouflant d'oeuvres d'art sculptées par le temps et la glace! Des bateaux échoués, un dinosaure, une limace ... notre imagination bat son plein au milieu de ces centaines d'icebergs. À 15h, nous jetons l'ancre dans la petite baie bien abritée de Godhavn, Qeqertarssuaq.
Une fois la dépression passée, c'est le vent du Nord glacial qui se met à souffler pile dans le pif et creuse la mer pour nous offrir une belle vague hachée qui donne (le mal de mer) la nausée.... Pas très réjouissant. Du coup, on attend, on attend que tout se calme et on enclenche le moteur une fois que l'anticyclone s'est installé et on prie pour qu'il nous suive au moins pendant deux jours.. histoire de faire un maximum de milles vers le Nord et changer de zone météorologique. En effet, nous avons bien remarqué qu'au delà du cercle polaire, il n'y a quasiment plus de dépressions!!
Nous quittons donc Nuuk sous la pluie et décidons d'emprunter le canal intérieur répertorié sur navionics pour nous abriter de la mer démontée.
Il est 20:15 heures Robin est à la barre les yeux rivés sur le sondeur et suit de près la trace indiquée sur le GPS quand soudain c'est le choc!
Un gros bruit se fait ressentir à l'avant puis un deuxième à l'arrière. M... on a touché le fond !!
Patrick et moi sursautons de notre couchette pour rejoindre Robin qui jure sur le pont.
La barre est coincée, plus possible de manœuvrer. Je me dépêche d'ouvrir tout le plancher pour vérifier si on prend de l'eau. Ça m'a l'air ok. Pendant ce temps Robin arrive à décoincer la barre à 50%. Il fait pénombre il faut prendre une décision rapide .. qu'est ce qu'on fait? Nous sommes à 60 milles de Manitsok! Est-ce qu'on continue jusqu'à ce bled? À savoir qu'il y a cette zone mal référencée un peu plus haut dans le canal..
Non, on retourne à Nuuk.
Samedi 21 juillet 6:00 du matin on se met à couple d'un beau petit ketch amarré au ponton principal. On vérifie avec la gopro l'état du gouvernail et de la coque et allons dormir en attendant que les bureaux ouvrent. Robin et Patrick reviennent au bateau avec la bonne nouvelle de pouvoir sortir le bateau de l'eau à 14:00 grâce à Nuuk A/S transport.
Chose faite après l'installation de la troisième grue de 120 tonnes!
En effet, la première grue de 10 tonnes tombe en panne et celle de 7 tonnes est incapable de nous soulever. Bizarre ? Normal, nous pesons 9.4 tonnes aux dires du grutier! Ben dis donc on est bien chargé ! Pauvre Morgane elle paraît énorme à sa sortie de l'eau.
On enlève le gouvernail et installons des palettes pour poser Morgane. Il n'y a pas de bers proprement dit sur cette grande place de dépôt. Seulement des containers, des sacs remplis de filets de pêche et des cordes et des palettes de bois qui attendent leur prochaine expédition par ferry.
Puis nous constatons les dégâts.. la quille n'a quasiment rien, juste une légère brossée tout devant qui a mis l'acier à nu. C'est l'axe du gouvernail qui a pris le plus cher. En se pliant (Attention...l'axe de 60 mm de diamètre ne s'est JAMAIS plié...)au moment du deuxième impact avec le caillou, c'est le safran lui-même qui est remonté de 3 cm en arrière contre la coque. Ce qui a déformé la tôle mais heureusement l'épaisseur de 4mm d'acier l'a empêché de passer à travers! C'est pas malin d'avoir un gouvernail à la même hauteur que la quille...(C'est pas vrai...c'est se taper un caillou qui n'est pas malin, ma puce...) bref pour nous remettre de nos émotions, on se mange une délicieuse fondue et surtout on garde le moral!! Ce n'est que du matériel et ça se répare!
Dimanche 22 juillet: on appelle l'entreprise GSE (Groenland skib entrepreneurs) recommandé par le barbu de Nuuk transport. Ils débarquent à 14:00 à trois dont un sachant parler l'anglais Ouf!!! Ils nous rassurent en disant que la coque est bonne, faut pas la toucher. Juste refaire la peinture. Concernant le (gouvernail) safran, l'inuit voit tout de suite à l'oeil qu'il faut le redresser de 52mm .. le tout pour 6-7000 couronnes!! Aie aie aie ça fait cher. Je leur explique que nous devons réfléchir et regarder avec une autre entreprise pour avoir un deuxième devis.
En attendant, on profite de ce dimanche estival pour poncer et repeindre la coque. Robin nous dégote une prise électrique dans un des containers juxtaposant qui sert de bureau inoccupé. Ce qui nous permet aussi de chauffer l'habitacle avec notre petit chauffage d'appoint! Je suis ravie! La température dans le carré est remontée à 20 degrés!!
Lundi 23 juillet matin c'est la tournée des chaudronniers..??? Les nuits??? et mail à notre cher constructeur Philippe nous ont porté conseil et plusieurs options concernant le safran sont envisageables. Cependant la seule entreprise disponible à Nuuk c'est GSE! En fin d'après-midi, je me dirige vers leur atelier pour renégocier le prix des réparations. En route, je tombe sur le chef inuit qui parle pas un mot d'anglais et me dit de monter dans sa voiture. Petite visite de Nuuk pour aller chercher sa fille qui nous sert d'interprète de retour au bateau. On lui explique notre souhait d'ouvrir le safran pour sortir le tube et le redresser et tout ressouder ensuite. Sa fille me confirme que c'est le bon choix et me donne son prix final à 4000 couronnes. C'est parfait, Vendu!! Ils repartent avec le gouvernail dans le coffre. C'est aussi le deuxième jour de beau temps, inespéré, on peut terminer la peinture sur la coque sous le soleil de 20h.
Mardi 24 juillet 10:00, l'opération a commencé le safran est éventré. Ils ont l'air de bien si connaître en matière d'acier. Leur atelier est bien équipé et chauffé! On les laisse bosser et partons en ville pour faire deux, trois courses et consulter internet à la bibliothèque municipale. Seul endroit où le wifi est gratuit et accessible!
On passe par la poissonnerie qui a dû recevoir un arrivage spécial car il a une file d'inuits jusque dehors!! En effet il y a de la baleine sur les comptoirs.
Mercredi 25 juillet matin, petit détour par GSE pour voir où ils en sont avec notre gouvernail. À notre grande surprise le tout est redressé, ressoudé, tip top nickel! Le temps de vite retourner au bateau pour aller chercher la ponceuse et la peinture, ils peaufinent les derniers détails du safran en rajoutant un peu d'acier sur le haut du gouvernail et en réduisent le trou de l'axe de la barre de quelques millimètres afin de stopper le jeu existant (...) depuis le début du voyage!
Entre deux couches de peinture on se dépêche de se rendre de l'autre côté de la ville (6km) pour atteindre une rivière qui s'écoule dans le fjord afin que Robin puisse pêcher 3 jolis cabillauds!
Jeudi 26 juillet matin, la dépression est droit au-dessus du mât et même étant positionné la proue dans le vent, on a l'impression que Morgane va glisser des palettes! Autant vous dire que la nuit était agitée!
La dernière couche d'antifouling est posée à 17h sur le gouvernail au chaud dans l'atelier de GSE. On doit maintenant attendre que le vent souffle dans l'autre sens, c'est à dire de secteur Nord, pour remettre Morgane à l'eau.
Vendredi 27 juillet : on agende (réserve) la grue pour samedi matin première heure avec Nuuk transport.
Robin termine des travaux de menuiserie, à savoir : fabriquer un sabot pour caler la barre à l'arrêt et préparer le support de chaise pour installer le moteur de l'annexe sur la jupe de Morgane au cas où notre moteur in-bord cesse de ronronner!
Ça tombe bien, la zone industrielle et portuaire de Nuuk est en fait une vraie déchèterie à ciel ouvert = Une vraie caverne d'Ali baba quand on est en mode réparation...!
Pendant ce temps, je monte avec Patrick en ville faire deux lessives.
Vers 16:00 nous passons chez GSE pour organiser le transport du gouvernail. Ils ont installé un bbq au milieu de l'atelier pour célébrer l'été, qui a du mal à s'installer cette année!
Patrick nous invite au restaurant ce soir pour fêter notre remise en route et nous nous offrons une bonne douche à 7CHF chez notre cher hôtel d'en face!
Samedi 28 juillet 8:00 la grue est déployée, je cours à l'hôtel en face pour les dernières 30 minutes de wifi gratuit pour télécharger le dernier fichier météo et appeler mes parents. Pendant ce temps je vois Robin qui essaie de convaincre Evar, le grutier de baisser le prix de sa prestation.
Car effectivement, nous apprenons la veille que les coûts de la sortie de l'eau s'élèvent à 4500 couronnes et nous devons payer 7000 au total! Ce qui nous paraît hors de prix et nous met sans dessus-dessous.
Je les rejoins au moment de la transaction où Robin m'informe qu'il est d'accord de baisser le prix à 6000 couronnes. Cependant, ni sa carte ni la mienne ne fonctionnent dans son appareil portable. Nous nous dirigeons alors à son bureau où se produit le même scénario.
Nous grimpons dans son pickup en route pour un bancomat pour retirer du cash. Comme les banques sont encore toutes fermées, Il nous emmène alors dans un mini market où nous pouvons retirer seulement 2000 couronnes par transaction. En nous voyant sortir nos cartes une après l'autre il nous confirme que 4000.- fera l'affaire! On se regarde interloqué avec Robin et le remercions du fond du coeur. Je crois que cette petite virée matinale dans sa voiture lui a fait comprendre que Un: nous n'étions pas Français mais Suisse! Deux: les 6000 couronnes représentaient 1 mois de budget et Trois: nous avons eu un bon feeling!?
Au total, notre touchette nous aura coûté 8000 couronnes soit: 1200 CHF! Plus de peur que de mal, de la sueur, de la patience, beaucoup d'espoir et une belle rencontre avec ces inuits chaudronniers qui parlent une belle langue qui est malheureusement impossible à retenir!
On pensait se mettre en route à peine avoir touché l'eau... ce n'est qu'à 17:00 que nous larguons les amarres et quittons le port de Nuuk pour la deuxième fois!
En effet, après avoir enfilé l'axe du gouvernail dans le tube jaumière, impossible de le remettre dans la tête de barre correctement! Pour ne pas faire perdre trop de temps à Nuuk transport, nous leur confirmons notre descente à l'eau et retournons nous amarrer au port pour finir le boulot. Pendant que Patrick et Robin s'arrachent les cheveux à surélever le gouvernail pour ensuite tailler la vis pour que ça rentre dans l'axe, je cours faire deux trois courses au cash and carry et profite de nettoyer le bateau de fond en comble!
Ah c'est bon: le cri de victoire est prononcé à 16h!!! L'axe rentre pile poil, Robin court sur le chalutier de crevettes d'à côté pour refaire le filetage de la vis, et ça y est!!! la barre est fixée. On change de bord pour remplir les réservoirs d'eau potable chez les poissonniers et enfin, on peut repartir!!
On réalise que Nuuk est bien abrité du vent du Nord. À peine a-t-on quitté le bras du fjord que les embruns recouvrent le pont de Morgane. Notre remontée en pleine mer au près serré appuyé au moteur, cette fois-ci, va être difficile!
Ça ne me loupe pas: me voilà prise d'un mal de mer inopiné! Décidément, je ne supporte pas les longues escales à terre!
Heureusement Patrick et Robin mènent la barque parfaitement en se relayant à la barre toutes les 2,30 heures.
Oh miracle, au petit matin mon mal-être a disparu. De même pour le vent et la vague. Et voilà qu'en sortant la tête du cockpit, j'aperçois un paysage de carte postale helvétique! On dirait que nous voguons sur un lac de montagne. Avec en plus, les geysers des baleines à 200 m du bateau et des têtes de phoques télescopiques qui, discrètement, nous regardent passer. Le fameux anticyclone est bien installé. Moteur et Gustave tournent à merveille! Et nous pendant ce temps là, on mange des steaks de boeuf sous le soleil!!
Un soleil qui d'ailleurs se couche tard vers 23h30 et se relève à 4:00. Il n y a plus de nuit mais juste une pénombre qui dure deux petites heures. Ce qui rend les veillées très agréables.
Le vent est complètement tombé, il y a une légère houle sur cette mer d'huile. Et la visibilité est claire. Il n'y a pas de glaçons à l'horizon. Il faut tout de même être attentif à ces grandes algues, "des kelp", qui flottent à la surface et qui pourraient se prendre dans l'hélice.
Lundi 30 juillet, nous franchissons le cercle polaire arctique à 5:00 du matin. J'envoie un message d'anniversaire à ma maman avec l'iridium. Il fait toujours grand beau et pas un pet d'air sur cette mer d'huile. À 15:30 un brouillard nous encercle et devient plus épais en fin de journée. Ce n'est pas très rassurant pour la navigation à vue dans ce coin habité par les géants des glaces. On garde les yeux grand ouverts et rivés sur l'horizon!
Au petit matin du mardi 31 juillet, l'île de Disko est en vue! Le brouillard se dissipe peu à peu pendant que nous avançons dans la baie qui nous dévoile un spectacle époustouflant d'oeuvres d'art sculptées par le temps et la glace! Des bateaux échoués, un dinosaure, une limace ... notre imagination bat son plein au milieu de ces centaines d'icebergs. À 15h, nous jetons l'ancre dans la petite baie bien abritée de Godhavn, Qeqertarssuaq.