Juin 2020
Le Prince William sound
Mercredi 10 juin :
La baie du Prince-William, ou Prince William Sound, se dévoile entre les côtes déchiquetées de la péninsule Kenai et de la chaîne des Chugach. Elle est un labyrinthe d’eau entre îlots de terre et fjords étroits. Ceux-ci appartiennent pour la plupart à la forêt nationale de Chugach, la deuxième forêt la plus importante et la plus septentrionale des États-Unis. La baie regroupe aussi plus de 40 glaciers qui vêlent des icebergs tout au long de l'année.
Passionnés de glace depuis notre séjour au Groenland, nous nous empressons d’aller à leur rencontre car un jour ce ne sera plus possible de les voir depuis l'eau.
On remarque d’ailleurs le retirement certain de beaucoup de glaciers quand on les compare aujourd’hui en 2020 avec notre cruising guide qui date lui de 2016 et réalisé par Jim and Nancy Lethcoe.
Ce couple de navigateurs alaskiens a passé plus de 40 ans à sillonner la baie du Prince William. Autant vous dire qu'ils ont mouillé dans toutes les baies, grimpé tous les sommets possibles et navigué dans tous les fjords. C'est une bible indispensable pour la découverte de ce magnifique endroit. Merci à Fredoya pour nous l'avoir passé !!
Nous commençons notre exploration en visitant le glacier Chenega. Pour l’atteindre, nous devons slalomer à travers les minis iceberg fraîchement détachés du glacier et qui dérivent dans ICY bay. Ce qui nous rappelle nos navigations mémorables en Arctique.
Nous atteignons par un fin canal libre de glace le mur du glacier et restons à une distance sécuritaire. L’endroit est magique, grandiose, sublime! Des milliers de phoques occupent chaque morceau de glace et nous regardent passer. Nous profitons de ces belles conditions météo pour admirer l’endroit, pomper cette bonne énergie et faire des images avec le drone. Soudain le glacier gronde un pan de glace se détache et se fracasse dans l’eau.. il est temps de quitter les lieux avant d’être coincés dans la baie!
Nous continuons notre navigation au moteur pour rejoindre un mouillage bien abrité au nord dans Jackpot Bay.
Il fait délicieusement chaud et beau! C’est l’été!! On laisse les doudounes au placard et remontons les paniers à crevette en caleçon!
Car qui dit glacier, dit crevettes!
Effectivement ça fonctionne à chaque fois.
On s'arrange alors pour trouver une petite baie bien abritéetout près d'un glacier pour notre Morgane et on part larguer notre panier à crevettes avec notre dingy si possible devant le glacier,là où les alentours ont une profondeur de 100 mètres!
On laisse le panier au fond pendant la nuit et le lendemain matin quand on se remet en route pour continuer notre visite, on remonte le panier et bingo il est presque à chaque fois remplis d'une cinquantaine de crevette roses. C'est du délire !!
Et cette petite routine va durer tout le mois de juin! Avec de temps en temps un saumon ou un gros steak de flétan et du crabe pour varier nos menus!
Et puis il y a eu cette rencontre spontanée et inopinée que je souhaite vous raconter.
Elle se passe à Valdez. Nommé ainsi par l’explorateur espagnol Fidalgo, le port de Valdez existe depuis 1790. La ville s’y est développée à la fin du XIXe siècle, avec la ruée vers l’or du Klondike, puis fut complètement détruite par le tremblement de terre et le tsunami qui en découla en 1964. La ville fut reconstruite à 6-7 km de là. Elle est aujourd’hui le terminus de l’oléoduc Trans-Alaska acheminant le pétrole des exploitations du Nord de l’Alaska jusqu’aux tankers du port de Valdez. En 1989, la collision du tanker Exxon Valdez avec un iceberg à quelques miles du port causa d’important dégâts pour les écosystèmes naturels de toute la baie du Prince-William.
Nous y arrivons le lundi 22 juin:
Le temps est un peu humide et le sac de lessive déborde. Il est donc plus confortable de s'amarrer au ponton "transient" du petit port pour jouir des facilités de la ville que de s'ancrer à perpette et se tremper le derrière sur le dingy!
Le lendemain matin,on part faire du shopping et visiter la ville. On rentre dans un magasin de sport outdoor "The Prospector" où nous savons pertinemment que ce n'est que pour le bonheur des yeux!
Pendant que je trie les systèmes de montage « go pro » le manager me demande si j'ai besoin d'aide ? Et il me rassure qu'il n'a pas terminé de remplir le présentoir avec la nouvelle marchandise qui est encore dans les cartons. Je lui réponds que je regarde et recherche éventuellement une pièce pour fixer la « go pro » sur un objet. Bref à ce moment-là, voilà mon accent qui le fait s'interroger sur notre provenance... On lui explique donc vite fait ce que nous faisons, par où nous sommes arrivés en Alaska et on lui donne notre carte de visite pour qu'il regarde nos vidéos. Joe est ébahi et passionné par notre histoire. C'est marrant.
Il réalise que nous n'avons pas pu visiter le col qui surplombe Valdez comme nous arrivons depuis la mer. Il nous propose donc de prendre sa voiture et de rouler jusqu'au col de Thompson Pass et de revenir avant la fermeture du magasin à 18:00. Les clés sont sur le contact, on peut y aller quand on veut !
On hallucine, on hésite, on fait encore trois fois le tour dans son magasin pour enfin trouver une jolie paire de lunettes de soleil et au bout de la troisième proposition, on grimpe dans son monstre quatre/ quatre pour une virée en direction des canyons et Thomson Pass. La vue au sommet est magnifique ! On regrette de ne pas être venu plus tôt à Valdez pour profiter de la neige et des conditions de ski de rando. C'est le paradis du ski ici!! On saura pour la prochaine fois.
De retour au shop, on lui propose de venir manger à bord pour le remercier. Trop tard, il a déjà prévenu sa femme qu'il nous invite chez lui pour le souper! Ne pouvant pas refuser, on se dépêche de rentrer au bateau pour aller nous doucher et chercher une plaque de chocolat!
On rencontre ses trois enfants et sa femme Laurie qui travaille à la radio de Valdez. Une sacrée famille d'artistes! Joe a transmis sa passion de photographe à son fils Justin qui, à 17 ans, réalise déjà des clichés de sport en action magnifiques. Marion 14 ans est en train d'écrire un livre et la plus jeune 11 ans une vraie casse-cou! Tous jouent de la musique sauf Joe qui lui préfère piloter son petit avion trois places et survoler la région de Valdez.
D'ailleurs, il nous propose de rester le week-end à Valdez pour assister à un bbq qu'il organise malgré l'annulation in extremis de la compétition d'avion à cause du Covid. Le but de cette réunion de pilote est de poser sur la plus petite distance. Record actuel : 5 pieds!!
Dommage de louper ça.. on pensait nous remettre en route dès le lendemain pour profiter d'un bon créneau météo pour traverser tout le golf de l'Alaska et rejoindre Sitka...
Cependant après une bonne nuit de réflexion, on retourne à son shop pour lui confirmer notre participation au bbq de vendredi mais surtout pour lui proposer de venir naviguer sur Morgane. Il accepte l'invitation mais il s'étonne que nous ne portons pas des bottes XtraTuf ? Les fameuses bottes que tous les alaskiens portent aux pieds par n'importe quel temps et pour n'importe quelle activité. Il nous propose donc de nous sponsoriser!
Nous repartons chaussés de nouvelles bottes Xtratuf en direction du sommet qui surplombe la ville pour tout suite les tester, à la montée surtout, car la descente en parapente est garantie!
Vendredi 26 juin:
14h00 toute la famille Prax embarque sur Morgane! Ils ne sont jamais montés à bord d’un bateau à voile!
Les conditions sont parfaites pour les emmener naviguer à la voile dans la baie de Valdez.
Justin prend son pied à la barre et tout le monde est ravi !
De retour à terre, nous en profitons pour faire deux, trois courses avant de nous rendre au bbq organisé à l'aérodrome.
Il y a plein de monde. On fait de belles rencontres.
Et puis sur le coup de 23h, Joe nous propose d'aller faire un petit vol à bord de son avion jaune! On en revient pas! Ni une ni deux nous voilà confortablement assis dans l'avion le casque sur les oreilles et le sourire scotché sur la bouche! Robin est à l'arrière et moi je fais co-pilote.
Il nous emmène voler au-dessus du fameux Glacier Colombia. Long de 51 km, il descend des montagnes Chugach jusqu’à la baie du Prince-William, au nord de la ville de Valdez. Il est majestueux depuis les airs! La météo est bonne et même à cette heure tardive il fait encore bien jour!! Sur le chemin du retour, j'ai l'honneur de pouvoir piloter quelques minutes avant l'atterrissage. Tout tremblants d'émotions, nous regagnons le carré de Morgane en réalisant petit à petit ce que nous venons de vivre !
Avant de quitter Joe ce jour-là, nous lui proposons d'emmener son fils Justin sur Morgane jusqu'à Cordova.
Samedi 27 juin:
9h00 un petit message est glissé dans le cockpit. C'est Justin qui nous confirme sa présence à bord! Génial!
Nous larguons donc les amarres à 11h00 avec notre nouveau mousse à bord et hissons les voiles en direction de Cordova.
Nous saluons une dernière fois cet endroit, Valdez, qui maintenant restera une escale inoubliable! Thank you Joe.
Nous avons 5 jours pour explorer la dernière partie de la baie du Prince William. Robin apprend à Justin l’art de naviguer et moi je leur apprend l’art de cuisiner!
La pêche est bonne et les mouillages sont magnifiques et paisibles.
Mercredi 1er juillet:
Il fait grand beau et chaud quand nous arrivons à Cordova où nous nous ancrons juste à l'extérieur du port et accompagnons Justin à l’aérodrome où il attend que son papa atterrisse pour le ramener à Valdez.
Un dernier salut depuis les airs et nous retournons sur Morgane où nous réalisons que nous nous sommes ancré sur le passage des déchets de l'usine à poisson. Ce qui explique la présence de millier de goélands à quelques centimètres de Morgane! Ça piaille, ça chie partout et ça n'arrête pas de bouffer!
Heureusement Morgane est bien isolée et les cris aigus de nos voisines sont quelque peu atténués à l'intérieur du carré.
Un temps splendide nous retient à Cordova pendant les deux prochains jours. Nous en profitons pour faire deux vols en parapente depuis le mont Eyak et de nous baigner dans le lac.
Lundi 5 juillet: cette fois ça y est, nous quittons la merveilleuse baie du Prince William et traversons le golf de l'Alaska au moteur principalement pour faire escale à Yakutat 48h plus tard.
Juste avant notre arrivée à Yakutat, nous célébrons mon anniversaire en compagnie de deux orques qui se déroutent pour quelques minutes, curieux de venir à notre rencontre. Ils passent à quelques centimètres de la coque de Morgane à fleur d'eau la tête penchée sur le côté pour nous regarder! Quel moment magique! Merci dame nature pour ce magnifique cadeau!
Yakutat Surf City, Alaska"? C'est vrai. Yakutat, situé dans la partie nord de la région de l'Alaska du sud-est, s'est fait connaître à la fin des années 90 en tant que première ville de l'Alaska avec un magasin de surf.
Malheureusement les conditions ne sont pas au rendez-vous pour nous en faire profiter.
En marchant à travers le village nous remarquons que la vie à Yakutat est riche de la culture des autochtones de la région, qui sont un mélange des Eyak de la vallée de la rivière Copper au nord et des Tlingit de la région del'Alaska du sud-est.
Ici, les anciens partagent leurs connaissances et leur sagesse en racontant des histoires dans le lieu de rassemblement de la communauté locale. Ils érigent des Totems qui représentent l'emblème de la famille ou qui commémorentdes événements historiques.
Samedi 11 juillet :
Même si on ne marche qu’à 4.6 noeuds sur une mer presque plate à la couleur acier, le paysage est si grandiose que nous ne nous lassons pas d’admirer la chaîne de montagne qui défile le long de la côte du golfe de l’Alaska. Il y a des centaines de sommets entourés de longues langues glacières.
Il est 4h 30 du matin et le soleil se hisse derrière le Mont Fairweather coiffé de blanc et qui culmine à plus de 4671m juste au bord de l’eau. C’est somptueux et effrayant à la fois! Il impose sa puissance et son respect. Il est somptueux !
Quel boulot pour tout répertorier sur une carte! Ça devait être passionnant d’être géologue dans le coin!
C’est notre dernière ligne droite (280km) avant de tourner à gauche en s’enfiler dans le passage intérieur de l’Alaska du sud-est où d’innombrables fjords et baies nous attendent.
La baie du Prince-William, ou Prince William Sound, se dévoile entre les côtes déchiquetées de la péninsule Kenai et de la chaîne des Chugach. Elle est un labyrinthe d’eau entre îlots de terre et fjords étroits. Ceux-ci appartiennent pour la plupart à la forêt nationale de Chugach, la deuxième forêt la plus importante et la plus septentrionale des États-Unis. La baie regroupe aussi plus de 40 glaciers qui vêlent des icebergs tout au long de l'année.
Passionnés de glace depuis notre séjour au Groenland, nous nous empressons d’aller à leur rencontre car un jour ce ne sera plus possible de les voir depuis l'eau.
On remarque d’ailleurs le retirement certain de beaucoup de glaciers quand on les compare aujourd’hui en 2020 avec notre cruising guide qui date lui de 2016 et réalisé par Jim and Nancy Lethcoe.
Ce couple de navigateurs alaskiens a passé plus de 40 ans à sillonner la baie du Prince William. Autant vous dire qu'ils ont mouillé dans toutes les baies, grimpé tous les sommets possibles et navigué dans tous les fjords. C'est une bible indispensable pour la découverte de ce magnifique endroit. Merci à Fredoya pour nous l'avoir passé !!
Nous commençons notre exploration en visitant le glacier Chenega. Pour l’atteindre, nous devons slalomer à travers les minis iceberg fraîchement détachés du glacier et qui dérivent dans ICY bay. Ce qui nous rappelle nos navigations mémorables en Arctique.
Nous atteignons par un fin canal libre de glace le mur du glacier et restons à une distance sécuritaire. L’endroit est magique, grandiose, sublime! Des milliers de phoques occupent chaque morceau de glace et nous regardent passer. Nous profitons de ces belles conditions météo pour admirer l’endroit, pomper cette bonne énergie et faire des images avec le drone. Soudain le glacier gronde un pan de glace se détache et se fracasse dans l’eau.. il est temps de quitter les lieux avant d’être coincés dans la baie!
Nous continuons notre navigation au moteur pour rejoindre un mouillage bien abrité au nord dans Jackpot Bay.
Il fait délicieusement chaud et beau! C’est l’été!! On laisse les doudounes au placard et remontons les paniers à crevette en caleçon!
Car qui dit glacier, dit crevettes!
Effectivement ça fonctionne à chaque fois.
On s'arrange alors pour trouver une petite baie bien abritéetout près d'un glacier pour notre Morgane et on part larguer notre panier à crevettes avec notre dingy si possible devant le glacier,là où les alentours ont une profondeur de 100 mètres!
On laisse le panier au fond pendant la nuit et le lendemain matin quand on se remet en route pour continuer notre visite, on remonte le panier et bingo il est presque à chaque fois remplis d'une cinquantaine de crevette roses. C'est du délire !!
Et cette petite routine va durer tout le mois de juin! Avec de temps en temps un saumon ou un gros steak de flétan et du crabe pour varier nos menus!
Et puis il y a eu cette rencontre spontanée et inopinée que je souhaite vous raconter.
Elle se passe à Valdez. Nommé ainsi par l’explorateur espagnol Fidalgo, le port de Valdez existe depuis 1790. La ville s’y est développée à la fin du XIXe siècle, avec la ruée vers l’or du Klondike, puis fut complètement détruite par le tremblement de terre et le tsunami qui en découla en 1964. La ville fut reconstruite à 6-7 km de là. Elle est aujourd’hui le terminus de l’oléoduc Trans-Alaska acheminant le pétrole des exploitations du Nord de l’Alaska jusqu’aux tankers du port de Valdez. En 1989, la collision du tanker Exxon Valdez avec un iceberg à quelques miles du port causa d’important dégâts pour les écosystèmes naturels de toute la baie du Prince-William.
Nous y arrivons le lundi 22 juin:
Le temps est un peu humide et le sac de lessive déborde. Il est donc plus confortable de s'amarrer au ponton "transient" du petit port pour jouir des facilités de la ville que de s'ancrer à perpette et se tremper le derrière sur le dingy!
Le lendemain matin,on part faire du shopping et visiter la ville. On rentre dans un magasin de sport outdoor "The Prospector" où nous savons pertinemment que ce n'est que pour le bonheur des yeux!
Pendant que je trie les systèmes de montage « go pro » le manager me demande si j'ai besoin d'aide ? Et il me rassure qu'il n'a pas terminé de remplir le présentoir avec la nouvelle marchandise qui est encore dans les cartons. Je lui réponds que je regarde et recherche éventuellement une pièce pour fixer la « go pro » sur un objet. Bref à ce moment-là, voilà mon accent qui le fait s'interroger sur notre provenance... On lui explique donc vite fait ce que nous faisons, par où nous sommes arrivés en Alaska et on lui donne notre carte de visite pour qu'il regarde nos vidéos. Joe est ébahi et passionné par notre histoire. C'est marrant.
Il réalise que nous n'avons pas pu visiter le col qui surplombe Valdez comme nous arrivons depuis la mer. Il nous propose donc de prendre sa voiture et de rouler jusqu'au col de Thompson Pass et de revenir avant la fermeture du magasin à 18:00. Les clés sont sur le contact, on peut y aller quand on veut !
On hallucine, on hésite, on fait encore trois fois le tour dans son magasin pour enfin trouver une jolie paire de lunettes de soleil et au bout de la troisième proposition, on grimpe dans son monstre quatre/ quatre pour une virée en direction des canyons et Thomson Pass. La vue au sommet est magnifique ! On regrette de ne pas être venu plus tôt à Valdez pour profiter de la neige et des conditions de ski de rando. C'est le paradis du ski ici!! On saura pour la prochaine fois.
De retour au shop, on lui propose de venir manger à bord pour le remercier. Trop tard, il a déjà prévenu sa femme qu'il nous invite chez lui pour le souper! Ne pouvant pas refuser, on se dépêche de rentrer au bateau pour aller nous doucher et chercher une plaque de chocolat!
On rencontre ses trois enfants et sa femme Laurie qui travaille à la radio de Valdez. Une sacrée famille d'artistes! Joe a transmis sa passion de photographe à son fils Justin qui, à 17 ans, réalise déjà des clichés de sport en action magnifiques. Marion 14 ans est en train d'écrire un livre et la plus jeune 11 ans une vraie casse-cou! Tous jouent de la musique sauf Joe qui lui préfère piloter son petit avion trois places et survoler la région de Valdez.
D'ailleurs, il nous propose de rester le week-end à Valdez pour assister à un bbq qu'il organise malgré l'annulation in extremis de la compétition d'avion à cause du Covid. Le but de cette réunion de pilote est de poser sur la plus petite distance. Record actuel : 5 pieds!!
Dommage de louper ça.. on pensait nous remettre en route dès le lendemain pour profiter d'un bon créneau météo pour traverser tout le golf de l'Alaska et rejoindre Sitka...
Cependant après une bonne nuit de réflexion, on retourne à son shop pour lui confirmer notre participation au bbq de vendredi mais surtout pour lui proposer de venir naviguer sur Morgane. Il accepte l'invitation mais il s'étonne que nous ne portons pas des bottes XtraTuf ? Les fameuses bottes que tous les alaskiens portent aux pieds par n'importe quel temps et pour n'importe quelle activité. Il nous propose donc de nous sponsoriser!
Nous repartons chaussés de nouvelles bottes Xtratuf en direction du sommet qui surplombe la ville pour tout suite les tester, à la montée surtout, car la descente en parapente est garantie!
Vendredi 26 juin:
14h00 toute la famille Prax embarque sur Morgane! Ils ne sont jamais montés à bord d’un bateau à voile!
Les conditions sont parfaites pour les emmener naviguer à la voile dans la baie de Valdez.
Justin prend son pied à la barre et tout le monde est ravi !
De retour à terre, nous en profitons pour faire deux, trois courses avant de nous rendre au bbq organisé à l'aérodrome.
Il y a plein de monde. On fait de belles rencontres.
Et puis sur le coup de 23h, Joe nous propose d'aller faire un petit vol à bord de son avion jaune! On en revient pas! Ni une ni deux nous voilà confortablement assis dans l'avion le casque sur les oreilles et le sourire scotché sur la bouche! Robin est à l'arrière et moi je fais co-pilote.
Il nous emmène voler au-dessus du fameux Glacier Colombia. Long de 51 km, il descend des montagnes Chugach jusqu’à la baie du Prince-William, au nord de la ville de Valdez. Il est majestueux depuis les airs! La météo est bonne et même à cette heure tardive il fait encore bien jour!! Sur le chemin du retour, j'ai l'honneur de pouvoir piloter quelques minutes avant l'atterrissage. Tout tremblants d'émotions, nous regagnons le carré de Morgane en réalisant petit à petit ce que nous venons de vivre !
Avant de quitter Joe ce jour-là, nous lui proposons d'emmener son fils Justin sur Morgane jusqu'à Cordova.
Samedi 27 juin:
9h00 un petit message est glissé dans le cockpit. C'est Justin qui nous confirme sa présence à bord! Génial!
Nous larguons donc les amarres à 11h00 avec notre nouveau mousse à bord et hissons les voiles en direction de Cordova.
Nous saluons une dernière fois cet endroit, Valdez, qui maintenant restera une escale inoubliable! Thank you Joe.
Nous avons 5 jours pour explorer la dernière partie de la baie du Prince William. Robin apprend à Justin l’art de naviguer et moi je leur apprend l’art de cuisiner!
La pêche est bonne et les mouillages sont magnifiques et paisibles.
Mercredi 1er juillet:
Il fait grand beau et chaud quand nous arrivons à Cordova où nous nous ancrons juste à l'extérieur du port et accompagnons Justin à l’aérodrome où il attend que son papa atterrisse pour le ramener à Valdez.
Un dernier salut depuis les airs et nous retournons sur Morgane où nous réalisons que nous nous sommes ancré sur le passage des déchets de l'usine à poisson. Ce qui explique la présence de millier de goélands à quelques centimètres de Morgane! Ça piaille, ça chie partout et ça n'arrête pas de bouffer!
Heureusement Morgane est bien isolée et les cris aigus de nos voisines sont quelque peu atténués à l'intérieur du carré.
Un temps splendide nous retient à Cordova pendant les deux prochains jours. Nous en profitons pour faire deux vols en parapente depuis le mont Eyak et de nous baigner dans le lac.
Lundi 5 juillet: cette fois ça y est, nous quittons la merveilleuse baie du Prince William et traversons le golf de l'Alaska au moteur principalement pour faire escale à Yakutat 48h plus tard.
Juste avant notre arrivée à Yakutat, nous célébrons mon anniversaire en compagnie de deux orques qui se déroutent pour quelques minutes, curieux de venir à notre rencontre. Ils passent à quelques centimètres de la coque de Morgane à fleur d'eau la tête penchée sur le côté pour nous regarder! Quel moment magique! Merci dame nature pour ce magnifique cadeau!
Yakutat Surf City, Alaska"? C'est vrai. Yakutat, situé dans la partie nord de la région de l'Alaska du sud-est, s'est fait connaître à la fin des années 90 en tant que première ville de l'Alaska avec un magasin de surf.
Malheureusement les conditions ne sont pas au rendez-vous pour nous en faire profiter.
En marchant à travers le village nous remarquons que la vie à Yakutat est riche de la culture des autochtones de la région, qui sont un mélange des Eyak de la vallée de la rivière Copper au nord et des Tlingit de la région del'Alaska du sud-est.
Ici, les anciens partagent leurs connaissances et leur sagesse en racontant des histoires dans le lieu de rassemblement de la communauté locale. Ils érigent des Totems qui représentent l'emblème de la famille ou qui commémorentdes événements historiques.
Samedi 11 juillet :
Même si on ne marche qu’à 4.6 noeuds sur une mer presque plate à la couleur acier, le paysage est si grandiose que nous ne nous lassons pas d’admirer la chaîne de montagne qui défile le long de la côte du golfe de l’Alaska. Il y a des centaines de sommets entourés de longues langues glacières.
Il est 4h 30 du matin et le soleil se hisse derrière le Mont Fairweather coiffé de blanc et qui culmine à plus de 4671m juste au bord de l’eau. C’est somptueux et effrayant à la fois! Il impose sa puissance et son respect. Il est somptueux !
Quel boulot pour tout répertorier sur une carte! Ça devait être passionnant d’être géologue dans le coin!
C’est notre dernière ligne droite (280km) avant de tourner à gauche en s’enfiler dans le passage intérieur de l’Alaska du sud-est où d’innombrables fjords et baies nous attendent.