Sept - oct 2019
Morgane en Alaska
9 septembre 2019:
Nous arrivons à Nome juste avant minuit après 8 jours de navigation non stop. Nous nous amarrons au quai principal entre deux barges en évitant les panneaux d’interdiction. On ne réalise pas trop ce qu’il nous arrive, on ne sait pas si on doit pleurer, rigoler, s’embrasser, hurler, se féliciter ? On est complètement drogué de fatigue et ne savons plus quoi faire! C’est délirant ! Bon, du coup on fait tout se dont on pense qu’il faut faire et allons dormir!
Nous allons rester 5 jours à Nome et réaliser petit à petit ce que nous venons d’accomplir..
Durant ces 5 jours nous accueillons et rencontrons le reste de la flotte des 13 bateaux à voiles qui, comme nous, ont réussi le passage du Nord-Ouest et qui procèdent à l’immigration dans ce premier port d’entrée aux États-Unis.
Nous célébrons notre victoire sur Alioth skippé par Vincent, accompagné de son frère Olivier et un ami, tous trois belges et bons vivants. Il y a aussi à son bord les équipages d’Opale, de Mirabelle et même Randall Reeves qui accoste sur les coups de minuit avec son beau Molly. Le champagne coule à flot. On se croirait dans un refuge de haute montagne célébrant l’ascension de l’Everest avec des montagnards aventuriers humbles et heureux d’avoir accompli l’exploit de leur vie!
5 jours c’est malheureusement pas assez long pour ce remettre d’un voyage de ce type. Tout en sachant que ce n’est pas encore terminé..
Il reste encore quelques 1000 nautiques à parcourir pour sortir totalement des glaces de la mer de Béring et envisager un hivernage en eau libre et dans un endroit bien protégé des vents tempétueux venant tout droit du Japon.
NOME n’est pas une belle ville. Sous le soleil ou sous la pluie, elle a le même air d’abandon. Sa gloire fanée de tête de pont de l’exploitation aurifère, de ville pionnière, de port de pêche, se traduit en baraques mal soignées, entrepôts et pontons rafistolés où rouillent des déchets industriels. Le centre du bourg, place déserte devant une vilaine église, pousse le mauvais goût ou le dénuement à n’avoir, pour tout ornement, que d’anciens godets de mine remplis de végétaux à la pousse incontrôlée. Bref Nome à mal vécu et vieillit mal.
Nous arpentons ses ruelles à l'air de far-west tous les jours pour marcher le plus possible et remettre en fonction certains de nos muscles encore endormis. On se met même à creuser des trous sur la plage en espérant dégoter une pépite d’or oubliée par la poignée de chercheurs encore actifs dans le coin. Cependant aujourd’hui ils ont troqué leurs pelles et leurs tamis pour se construire des barges flottantes de tout style pouvant aspirer le fond de la mer pendant les mois d’été, quand celle ci est libre de glace. Les rivières et les sous-terrains de la région, étant aujourd’hui à sec d’or, c’est en mer, enfin sous la mer qu’il en reste!
Malgré cet endroit un peu sombre, nous faisons une belle rencontre: celle de Rondal. Il est arrivé à Nome en 2010 fin septembre avec son petit voilier de 9 mètres sa femme et ses deux filles par le passage du Nord-Ouest. Cette année-là, les glaces se reforment plus vite que prévu et les contraints à rester tout l’hiver à Nome. Il trouve un travail et décide de s’établir pour toujours ici! Comme quoi on peut trouver son bonheur même dans des villes qui ne paient pas de mine. Aujourd’hui il dirige l’atelier de soudure et réparation générale de la ville. Amoureux de la nature il enfile sa casquette de guide touristique le week-end pour emmener sa famille ou des touristes, chasser, pêcher ou faire du canoë dans les environs.
Il nous offre une douche revitalisante, l’accès à des machines à laver le linge ultra modernes et une connection internet haut débit pour reprendre contact avec nos proches et le monde réel!
La veille du départ, le temps est doux et sans vent, on en profite pour bien sécher l’intérieur de Morgane. Et imaginons décoller en parapente du haut de la colline où trône une station de télescopes. Hélas il ne s’agit que d’un déchet de plus: celui de la DEW line (Distant Early Warning). Après la seconde guerre mondiale pour se protéger d’une future attaque russe, le gouverneur de l’Alaska, Ernest Gruening, donne l’idée de fortifier la côte par une ligne de radars capable de signaler toute intrusion dans le ciel américain. L’édification de 50 postes radars étalés sur 3000 kilomètres le long des côtes Pacifique et Arctique voient le jour. Reliées par des milliers de kilomètres de câble, les stations veillaient nuit et jour, prêtes à faire décoller des avions de chasse pour intercepter l’ennemi russe. Cependant, des milliers d’hommes attendirent un ennemi qui jamais ne vint. Dès 1993, le North Warning System, réseau de radar longue portée beaucoup plus performant, remplaça les postes de la DEW line. Certains, comme celui de Nome, attend encore d’être démantelé et dépollué.
15 septembre 2019:
Nous larguons les amarres en fin de matinée au lendemain d’une dépression. nous espérons avoir une fenêtre météo de deux jours pour rallier une baie protégée où nous pourrions essuyer le prochain mauvais temps.
Hé oui, la saison du mauvais temps débarque comme à son habitude violement et l’enchaînement des dépressions commence.
C’est toutes voiles dehors, sur une mer rangée que nous progressons d’un bon train. En fin de journée, le vent augmente progressivement et souffle de plus en plus de face. On réduit donc la toile au max et passons de justesse le cap Romanzof dans la nuit et dans une mer brune, croisée et agitée. C’est pire que la mer du Nord!
On se planque comme prévu 48h après notre départ de Nome dans la baie de Nash Harbour située au nord ouest de l’île Nunivak. Nous reprenons nos forces pendant que la pluie et les bourrasques de vent balaient les pâturages de l’île. Même les bœufs musqués sont bien planqués!
Le 18 septembre au matin, on pointe le nez dehors, le vent s’est bien calmé mais pas la vague qui déferle correctement sur la pointe de l’île. On va se faire démonter! Malgré tout, nous devons nous remettre en route et profiter du dernier souffle de cette dernière dépression pour nous donner la puissance nécessaire pour passer ces vagues.
Et ça passe tant bien que mal!
Puis au contournement de l’île Nunivak par l’ouest, le vent s’arrête totalement. On remet en marche alors le moteur et le pilote automatique pendant 30 heures. Ça y est : le plan d’eau est revenu à la normale. Même trop plat pour être vrai! Ça fait du bien.
Puis une légère brise souffle à nouveau et nous permet de terminer les 40 dernières heures de navigation dans la mer de Béring à la voile et sous un ciel étoilé.
Cependant nous devons faire un léger détour de 12 heures intentionnel afin d’arriver à la bonne heure de la marée à l’entrée du canal de False Pass. Rien de plus rageant!
Mais nous tenons bon! Nous donnons tout ce qu’on a ou ce qu’il nous reste de force mentale pour en finir avec ces mers gelées et cette mer de Béring. Une mer qui a la réputation d’être une des plus voraces au monde! En tout cas, c’est ce que nous en concluons !
Au petit matin du 21 septembre, la chaîne des Aléoutiennes est en vue..
J’ai une envie soudaine de partager mon émotion avec ma famille. J’appelle ma sœur avec le téléphone satellite pour souhaiter un joyeux anniversaire à mon neveu et tombe sur toute l’équipe de potes avec qui elle est en Corse! Quel bonheur!
Et quel spectacle nous accueille aux portes du Pacifique! Le soleil se lève sur deux gigantesques volcans coiffés de blanc immaculé qui surplombent l’île d’Unimak, la dernière île aléoute avant la péninsule de l’Alaska..
Nous entrons dans Bechevin bay vers 9h du matin où des énormes loutres de mer nous saluent au passage dans ce canal étroit et peu profond. Elles nous indiquent que le courant est dans le bon sens! Quelle joie !
Le Pacific Venture, gros bateau de pêche, nous dépasse de près chargé à raz bord de casiers à cabillaud et nous confirme bien que nous sommes enfin arrivés dans le Pacifique.
Un nouvel océan, un rêve tant attendu, tant convoité ! Notre émotion est immense !
Un peu d’histoire:
Les peuples peuvent redouter deux choses: se trouver dans un pays riche en matières premières et pauvre en démocratie, ou habiter dans un lieu de confrontation géopolitique.
Les aléoutes, malheureux habitants des Aléoutiennes, ont subi les deux.
Le rush russe sur les animaux à fourrure au cours des 18 et 19e siècles a fait d’eux des esclaves. Vaillamment, ils ont supporté enlèvements, assassinats, tortures et travail forcé (leur population chuta de 90% en cent cinquante ans). La vente de l’Alaska aux États-Unis aurait dû sonner l’heure de l’apaisement. C’était compter sans cette satanée position géographique. On ne vit pas impunément aux avants-postes d’un géant. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Aléoutiennes furent le seul territoire des États-Unis à être envahi par les Japonais. Certes, il ne s’agissait que des deux îles les plus occidentales, Attu et Adak.
Le 19 février 1942, le président Roosevelt signait une ordonnance permettant d’évacuer toute population de certaines zones. Toute assistance en nourriture, médicaments, vêtements, transport devait bien sûr, leur être assurée. Le zélé lieutenant DeWitt proclama donc l’évacuation de tous les étrangers, japonais, allemands, italiens ou de ceux qui avaient de telles ascendances, et leur mise en camp de rétention. Même les Aléoutes furent évacués de peur qu’ils tombent aux mains des Japonais. Durant les mois de Juin et juillet 1942, tous les habitants des îles Privilov, des villages d’Akutan, Boirka, Kashega, Makushin, Nikolski et Unalaska furent raflés sans sommation. Et les promesses d’assistance furent loin d’être tenues. On se débarrassa des Aléoutes en les entassant dans des conserveries abandonnées, parfois en partie brûlées, ou d’anciens camps de mineurs. Sans chauffage durant l’hiver, avec les seules hardes qu’ils avaient sur le dos au moment de la rafle, à peine de nourriture, pas de barques pour pêcher et bien entendu aucune assistance médicale...
La pneumonie et la tuberculose fleurirent dans des corps affaiblis par la faim et le froid.
Ce n’est qu’en 1945 que les Aléoutes purent retourner dans leurs villages dévastés. Pour plus d’efficacité l’administration choisit de regrouper les survivants dans un nombre limité de localités, coupant de leurs racines des hommes qui sont avant tout attachés au territoire de leurs ancêtres.
Aujourd’hui une partie des hommes partent pêcher, et ne reviennent qu’à la fin de la saison. Ceux qui restent se soûlent pendant que les femmes toutes bien enrobées préparent des gâteaux qu’elles vendent aux touristes qui débarquent du ferry hebdomadaire.
Nous sommes accueillis au ponton de False Pass par un ranger descendu de son quad coiffé d’un chapeau de cow-boy et à la dentition parsemée. Il nous fait remplir un formulaire et repart sans demander son dû. Nous lui emboîtons le pas pour aller nous dégourdir les jambes et visiter le coin.
Grâce à nos amis tchèques d’Altego, qui nous devancent de plus de deux semaines.. nous faisons la connaissance de Vojta, tchèque et chef de la logistique de la conserverie de poisson de False Pass. En visitant les locaux, nous remarquons que la plupart des travailleurs sont typés Philippinos ou viennent de l’Europe de l’Est.
Aucun aléoute n’est en vue!
Le petit port se remplit au fur et à mesure de la journée de bateaux de pêche. Vojta nous apprend que c’est le dernier jour de pêche au cabillaud. Tous les bateaux débarquent leurs dernières prises avant de retourner hiverner 2 mois dans leur port respectif.
Avant de retourner dormir sur Morgane, il nous offre la possibilité de nous doucher. Quel bonheur après ces cinq jours de navigation intense !
Le lendemain, nous repartons en direction de la rivière et du village. En chemin nous croisons la course d’un renard curieux et attrapons au couteau deux saumons! Oui et même sans efforts! Le spectacle est désolant. Il y en a par millier. Tous en quête de reproduction. Certains s’échouent ou se suicident et font le bonheur des aigles! Et le nôtre en passant!
Nous croisons sur l’unique route en gravier qui relie le village au port deux 4x4 branlant de rouille. Nous achetons deux trois denrées à la petite et seule épicerie du coin et allons nous remettre à l’abri dans Morgane. Une pluie torrentielle se déverse et des rafales de vent à plus de 100km/h commencent à faire danser Morgane de façon assez spectaculaire contre le ponton. On réalise que la situation géographique de False Pass expose le village à recevoir des vents catabatiques qui puisent leur force entre les volcans et s’engouffrent dans le canal. L’effet venturi est au summum de sa gloire ! Ça nous enchante guère et nous déguerpissons à la première accalmie en direction de King Cove pour tenter de nous reposer au CALME!
24 septembre 2019:
Nous accostons le ponton du port de King Cove dans la soirée.
Ce petit village situé au pied des montagnes vit principalement de la pêche commerciale et la plus grande conserverie de poisson de l’Alaska y réside. Nous arrivons malheureusement à la fin de la saison et tous les pêcheurs sont repartis dans leur village.
Le lendemain matin, nous déambulons sur le petit sentier qui longe la mer. Il y a une petite église orthodoxe et un restaurant qui est fermé et pas un chat dans les parages. Ces villages ressemblent à des villages fantômes et ne nous donnent pas plus envie de rester hiverner dans le coin. Cependant le capitaine du port est très sympathique, il nous donne l’accès à un wifi et pouvons informer nos familles et amis que tout va bien! Il nous offre aussi la nuit au port!
Au réveil, on profite d’une belle fenêtre météo de 2 jours pour rejoindre Sand Point, chef lieu des Aléoutiennes orientales, où nous espérons trouver un peu plus de vie et de commodités!
On navigue au moteur le long de la côte et croisons nos premiers orques. Nous mouillons dans une jolie petite baie face à un volcan majestueux. Le paysage est superbe, époustouflant! La visibilité est tellement bonne que nous pouvons apercevoir le relief qui dessine la péninsule de l’Alaska. On a de la chance avec le temps !
26 septembre 2019:
Amarré au port de Sand Point, nous faisons la connaissance d’Adam, un pêcheur indépendant qui habite sur son bateau de Pêche "Yorjim" ou son petit voilier à Homer. Il pêche principalement le cabillaud dans la mer de Béring ou le long des Aléoutiennes. Il termine lui aussi la saison de pêche et rentre sur Homer à la fin de la semaine. C’est quelqu’un,ce Adam. Bien dans ses bottes, il ne dit jamais un mot déplacé ou plus haut que l’autre. Respectueux de la nature et des humains, il est toujours de bonne humeur, bref après 24h de rencontre, on l’adore! Il nous emmène faire le tour du bled avec la jeep qu’il emprunte à un ami d’ici. On passe à la bibliothèque où nous pouvons nous connecter à internet. Et nous profitons d’une journée sans vent pour rouler jusqu’au bout de la route et faire un petit vol en parapente en haut d’une colline sous le regards amusé d’Adam! Il nous prend pour des fous! Nous volons en compagnie de trois aigles avec vue sur les chapelets d’îles et le village de Sand Point c’est magique! Excepté mon atterrissage dans les marécages et une marche d’une heure dans la broussaille pour regagner la route! Ça m’apprendra à vouloir aller trop loin!
Deux jours avant notre départ nous accueillons Fredoya, skippé par Frédéric et Fred, un couple français qui arrive aussi par le passage du Nord-ouest. Nous les avions rencontrés à Sisimiut au Groenland au mois de Juin 2019.
Nous célébrons à leur bord ce soir une nouvelle fois ce PNO avec 5 gros crabes "dungeones" offerts par Adam! Quel régal!
Après une escale de 5 jours, il est temps de se remettre en route et profiter de ce beau temps qui est plutôt rare par ici pour rejoindre l’île de Kodiak.
4 octobre 2019:
Nous faisons une mini escale dans le nouveau petit port de Chignik pour laisser passer une dépression.
Là aussi le village semble abandonné. Toutefois nous sommes accueillis par Jim, le capitaine du port. Malgré sa forte odeur d’alcool, il est très aimable et nous offre du saumon en conserve et du melon frais pour s’excuser du fait que l’épicerie a fermé fin août. Plus possible de se ravitailler jusqu’au 1er juin de l’année prochaine! Ces habitants vivent sur leurs réserves et leurs conserves pendant 9 mois de l’année !
Il nous donne même l’accès à internet sur son ordinateur pour télécharger la dernière météo...! La générosité et l’entraide dans ces endroits reculés n’a pas de prix!
Pour la petite anecdote : On a fait la bêtise de résilier notre abonnement iridium de notre téléphone satellite trop tôt.. beaucoup trop tôt! On pensait qu’au passage des Aléoutiennes on retrouverait du réseau téléphonique et internet à gogo.. ce qui n’est pas du tout le cas! Nous sommes encore dans un coin de la terre où l’accès aux quelques villages se fait par la mer ou par les airs seulement et la mise en place de quelques antennes paraboliques permettent à quelques habitants d’être connectés à des prix exorbitants! C’est sauvage l’Alaska!
Nous faisons une dernière petite marche au village pour tenter de chopper un saumon dans la rivière. Le capitaine du port nous intercepte à la hauteur du pont et montre à Robin sa technique de harponnage depuis le haut de celui ci! Mais les saumons ne sont pas dupes! Notre acolyte nous met aussi en garde contre l’éventuelle rencontre avec un ours.
Nous avons l’interdiction de nous promener à pied dès la nuit tombée !
En effet, Chignik est très réputé pour la pêche au saumon mais aussi pour ses nombreux ours bruns qui peuplent la péninsule!
C’est aussi ici que naquit Benny Benson, l’inventeur du drapeau de l’Alaska en 1927!
6 octobre 2019:
La météo s’annonce bonne avec un peu de vent pour la deuxième journée mais ça n'a pas l'air mal dans son ensemble. On ne perd pas de temps et nous nous remettons en route pour l’île de Kodiak.
On sort de la baie toutes voiles dehors avec du vent au portant. Tout va pour le mieux, on avance à vive allure. C’est au passage du premier cap que ça se corse! Le vent accélère sa course dans chaque baie et il monte en puissance au fur et à mesure qu’on avance!
On nous avait prévenu pourtant que le Shelikof straight était un endroit à éviter ! C’est l’endroit de prédilection des vents catabatiques venus tout droit des glaciers de la péninsule.. On apprendra la leçon en route!
Sous génois seul, Robin se bat pour garder le cap et traverser de nuit un amoncèlement de rocher avec ce vent à décorner les bœufs .. musqués de préférence !
Au lendemain de cette nuit éprouvante, l’île de Kodiak est en vue! Nous jetons l’ancre dans la baie de Larsen, devant la petite île Harvester, heureux et satisfaits d’y être finalement arrivés!
Bien reposés, nous nous remettons en route après le petit déjeuner en direction de Dry Spruce Bay. On croise notre premier ours brun qui marche le long de la plage et des milliers d’oiseaux à la hauteur du cap Uganik où nous bifurquons à droite! Nous profitons encore d’un petit mouillage juste avant Whale Pass. Devant nous il y a des arbres! Enfin des arbres des pins, que c’est beau!!
Robin nous pêche un poisson plat sous l’œil attentif des baleines qui nagent gracieusement à quelques brasses de Morgane. Je le cuisine illico presto! On ne sait pas son nom mais Il est délicieux!
9 octobre 2019:
Voilà nous sommes arrivés au port de St Paul à Kodiak! On ne le sait pas encore mais ça va être notre port d’hivernage pour les 7 prochains mois...!
Nous arrivons à Nome juste avant minuit après 8 jours de navigation non stop. Nous nous amarrons au quai principal entre deux barges en évitant les panneaux d’interdiction. On ne réalise pas trop ce qu’il nous arrive, on ne sait pas si on doit pleurer, rigoler, s’embrasser, hurler, se féliciter ? On est complètement drogué de fatigue et ne savons plus quoi faire! C’est délirant ! Bon, du coup on fait tout se dont on pense qu’il faut faire et allons dormir!
Nous allons rester 5 jours à Nome et réaliser petit à petit ce que nous venons d’accomplir..
Durant ces 5 jours nous accueillons et rencontrons le reste de la flotte des 13 bateaux à voiles qui, comme nous, ont réussi le passage du Nord-Ouest et qui procèdent à l’immigration dans ce premier port d’entrée aux États-Unis.
Nous célébrons notre victoire sur Alioth skippé par Vincent, accompagné de son frère Olivier et un ami, tous trois belges et bons vivants. Il y a aussi à son bord les équipages d’Opale, de Mirabelle et même Randall Reeves qui accoste sur les coups de minuit avec son beau Molly. Le champagne coule à flot. On se croirait dans un refuge de haute montagne célébrant l’ascension de l’Everest avec des montagnards aventuriers humbles et heureux d’avoir accompli l’exploit de leur vie!
5 jours c’est malheureusement pas assez long pour ce remettre d’un voyage de ce type. Tout en sachant que ce n’est pas encore terminé..
Il reste encore quelques 1000 nautiques à parcourir pour sortir totalement des glaces de la mer de Béring et envisager un hivernage en eau libre et dans un endroit bien protégé des vents tempétueux venant tout droit du Japon.
NOME n’est pas une belle ville. Sous le soleil ou sous la pluie, elle a le même air d’abandon. Sa gloire fanée de tête de pont de l’exploitation aurifère, de ville pionnière, de port de pêche, se traduit en baraques mal soignées, entrepôts et pontons rafistolés où rouillent des déchets industriels. Le centre du bourg, place déserte devant une vilaine église, pousse le mauvais goût ou le dénuement à n’avoir, pour tout ornement, que d’anciens godets de mine remplis de végétaux à la pousse incontrôlée. Bref Nome à mal vécu et vieillit mal.
Nous arpentons ses ruelles à l'air de far-west tous les jours pour marcher le plus possible et remettre en fonction certains de nos muscles encore endormis. On se met même à creuser des trous sur la plage en espérant dégoter une pépite d’or oubliée par la poignée de chercheurs encore actifs dans le coin. Cependant aujourd’hui ils ont troqué leurs pelles et leurs tamis pour se construire des barges flottantes de tout style pouvant aspirer le fond de la mer pendant les mois d’été, quand celle ci est libre de glace. Les rivières et les sous-terrains de la région, étant aujourd’hui à sec d’or, c’est en mer, enfin sous la mer qu’il en reste!
Malgré cet endroit un peu sombre, nous faisons une belle rencontre: celle de Rondal. Il est arrivé à Nome en 2010 fin septembre avec son petit voilier de 9 mètres sa femme et ses deux filles par le passage du Nord-Ouest. Cette année-là, les glaces se reforment plus vite que prévu et les contraints à rester tout l’hiver à Nome. Il trouve un travail et décide de s’établir pour toujours ici! Comme quoi on peut trouver son bonheur même dans des villes qui ne paient pas de mine. Aujourd’hui il dirige l’atelier de soudure et réparation générale de la ville. Amoureux de la nature il enfile sa casquette de guide touristique le week-end pour emmener sa famille ou des touristes, chasser, pêcher ou faire du canoë dans les environs.
Il nous offre une douche revitalisante, l’accès à des machines à laver le linge ultra modernes et une connection internet haut débit pour reprendre contact avec nos proches et le monde réel!
La veille du départ, le temps est doux et sans vent, on en profite pour bien sécher l’intérieur de Morgane. Et imaginons décoller en parapente du haut de la colline où trône une station de télescopes. Hélas il ne s’agit que d’un déchet de plus: celui de la DEW line (Distant Early Warning). Après la seconde guerre mondiale pour se protéger d’une future attaque russe, le gouverneur de l’Alaska, Ernest Gruening, donne l’idée de fortifier la côte par une ligne de radars capable de signaler toute intrusion dans le ciel américain. L’édification de 50 postes radars étalés sur 3000 kilomètres le long des côtes Pacifique et Arctique voient le jour. Reliées par des milliers de kilomètres de câble, les stations veillaient nuit et jour, prêtes à faire décoller des avions de chasse pour intercepter l’ennemi russe. Cependant, des milliers d’hommes attendirent un ennemi qui jamais ne vint. Dès 1993, le North Warning System, réseau de radar longue portée beaucoup plus performant, remplaça les postes de la DEW line. Certains, comme celui de Nome, attend encore d’être démantelé et dépollué.
15 septembre 2019:
Nous larguons les amarres en fin de matinée au lendemain d’une dépression. nous espérons avoir une fenêtre météo de deux jours pour rallier une baie protégée où nous pourrions essuyer le prochain mauvais temps.
Hé oui, la saison du mauvais temps débarque comme à son habitude violement et l’enchaînement des dépressions commence.
C’est toutes voiles dehors, sur une mer rangée que nous progressons d’un bon train. En fin de journée, le vent augmente progressivement et souffle de plus en plus de face. On réduit donc la toile au max et passons de justesse le cap Romanzof dans la nuit et dans une mer brune, croisée et agitée. C’est pire que la mer du Nord!
On se planque comme prévu 48h après notre départ de Nome dans la baie de Nash Harbour située au nord ouest de l’île Nunivak. Nous reprenons nos forces pendant que la pluie et les bourrasques de vent balaient les pâturages de l’île. Même les bœufs musqués sont bien planqués!
Le 18 septembre au matin, on pointe le nez dehors, le vent s’est bien calmé mais pas la vague qui déferle correctement sur la pointe de l’île. On va se faire démonter! Malgré tout, nous devons nous remettre en route et profiter du dernier souffle de cette dernière dépression pour nous donner la puissance nécessaire pour passer ces vagues.
Et ça passe tant bien que mal!
Puis au contournement de l’île Nunivak par l’ouest, le vent s’arrête totalement. On remet en marche alors le moteur et le pilote automatique pendant 30 heures. Ça y est : le plan d’eau est revenu à la normale. Même trop plat pour être vrai! Ça fait du bien.
Puis une légère brise souffle à nouveau et nous permet de terminer les 40 dernières heures de navigation dans la mer de Béring à la voile et sous un ciel étoilé.
Cependant nous devons faire un léger détour de 12 heures intentionnel afin d’arriver à la bonne heure de la marée à l’entrée du canal de False Pass. Rien de plus rageant!
Mais nous tenons bon! Nous donnons tout ce qu’on a ou ce qu’il nous reste de force mentale pour en finir avec ces mers gelées et cette mer de Béring. Une mer qui a la réputation d’être une des plus voraces au monde! En tout cas, c’est ce que nous en concluons !
Au petit matin du 21 septembre, la chaîne des Aléoutiennes est en vue..
J’ai une envie soudaine de partager mon émotion avec ma famille. J’appelle ma sœur avec le téléphone satellite pour souhaiter un joyeux anniversaire à mon neveu et tombe sur toute l’équipe de potes avec qui elle est en Corse! Quel bonheur!
Et quel spectacle nous accueille aux portes du Pacifique! Le soleil se lève sur deux gigantesques volcans coiffés de blanc immaculé qui surplombent l’île d’Unimak, la dernière île aléoute avant la péninsule de l’Alaska..
Nous entrons dans Bechevin bay vers 9h du matin où des énormes loutres de mer nous saluent au passage dans ce canal étroit et peu profond. Elles nous indiquent que le courant est dans le bon sens! Quelle joie !
Le Pacific Venture, gros bateau de pêche, nous dépasse de près chargé à raz bord de casiers à cabillaud et nous confirme bien que nous sommes enfin arrivés dans le Pacifique.
Un nouvel océan, un rêve tant attendu, tant convoité ! Notre émotion est immense !
Un peu d’histoire:
Les peuples peuvent redouter deux choses: se trouver dans un pays riche en matières premières et pauvre en démocratie, ou habiter dans un lieu de confrontation géopolitique.
Les aléoutes, malheureux habitants des Aléoutiennes, ont subi les deux.
Le rush russe sur les animaux à fourrure au cours des 18 et 19e siècles a fait d’eux des esclaves. Vaillamment, ils ont supporté enlèvements, assassinats, tortures et travail forcé (leur population chuta de 90% en cent cinquante ans). La vente de l’Alaska aux États-Unis aurait dû sonner l’heure de l’apaisement. C’était compter sans cette satanée position géographique. On ne vit pas impunément aux avants-postes d’un géant. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Aléoutiennes furent le seul territoire des États-Unis à être envahi par les Japonais. Certes, il ne s’agissait que des deux îles les plus occidentales, Attu et Adak.
Le 19 février 1942, le président Roosevelt signait une ordonnance permettant d’évacuer toute population de certaines zones. Toute assistance en nourriture, médicaments, vêtements, transport devait bien sûr, leur être assurée. Le zélé lieutenant DeWitt proclama donc l’évacuation de tous les étrangers, japonais, allemands, italiens ou de ceux qui avaient de telles ascendances, et leur mise en camp de rétention. Même les Aléoutes furent évacués de peur qu’ils tombent aux mains des Japonais. Durant les mois de Juin et juillet 1942, tous les habitants des îles Privilov, des villages d’Akutan, Boirka, Kashega, Makushin, Nikolski et Unalaska furent raflés sans sommation. Et les promesses d’assistance furent loin d’être tenues. On se débarrassa des Aléoutes en les entassant dans des conserveries abandonnées, parfois en partie brûlées, ou d’anciens camps de mineurs. Sans chauffage durant l’hiver, avec les seules hardes qu’ils avaient sur le dos au moment de la rafle, à peine de nourriture, pas de barques pour pêcher et bien entendu aucune assistance médicale...
La pneumonie et la tuberculose fleurirent dans des corps affaiblis par la faim et le froid.
Ce n’est qu’en 1945 que les Aléoutes purent retourner dans leurs villages dévastés. Pour plus d’efficacité l’administration choisit de regrouper les survivants dans un nombre limité de localités, coupant de leurs racines des hommes qui sont avant tout attachés au territoire de leurs ancêtres.
Aujourd’hui une partie des hommes partent pêcher, et ne reviennent qu’à la fin de la saison. Ceux qui restent se soûlent pendant que les femmes toutes bien enrobées préparent des gâteaux qu’elles vendent aux touristes qui débarquent du ferry hebdomadaire.
Nous sommes accueillis au ponton de False Pass par un ranger descendu de son quad coiffé d’un chapeau de cow-boy et à la dentition parsemée. Il nous fait remplir un formulaire et repart sans demander son dû. Nous lui emboîtons le pas pour aller nous dégourdir les jambes et visiter le coin.
Grâce à nos amis tchèques d’Altego, qui nous devancent de plus de deux semaines.. nous faisons la connaissance de Vojta, tchèque et chef de la logistique de la conserverie de poisson de False Pass. En visitant les locaux, nous remarquons que la plupart des travailleurs sont typés Philippinos ou viennent de l’Europe de l’Est.
Aucun aléoute n’est en vue!
Le petit port se remplit au fur et à mesure de la journée de bateaux de pêche. Vojta nous apprend que c’est le dernier jour de pêche au cabillaud. Tous les bateaux débarquent leurs dernières prises avant de retourner hiverner 2 mois dans leur port respectif.
Avant de retourner dormir sur Morgane, il nous offre la possibilité de nous doucher. Quel bonheur après ces cinq jours de navigation intense !
Le lendemain, nous repartons en direction de la rivière et du village. En chemin nous croisons la course d’un renard curieux et attrapons au couteau deux saumons! Oui et même sans efforts! Le spectacle est désolant. Il y en a par millier. Tous en quête de reproduction. Certains s’échouent ou se suicident et font le bonheur des aigles! Et le nôtre en passant!
Nous croisons sur l’unique route en gravier qui relie le village au port deux 4x4 branlant de rouille. Nous achetons deux trois denrées à la petite et seule épicerie du coin et allons nous remettre à l’abri dans Morgane. Une pluie torrentielle se déverse et des rafales de vent à plus de 100km/h commencent à faire danser Morgane de façon assez spectaculaire contre le ponton. On réalise que la situation géographique de False Pass expose le village à recevoir des vents catabatiques qui puisent leur force entre les volcans et s’engouffrent dans le canal. L’effet venturi est au summum de sa gloire ! Ça nous enchante guère et nous déguerpissons à la première accalmie en direction de King Cove pour tenter de nous reposer au CALME!
24 septembre 2019:
Nous accostons le ponton du port de King Cove dans la soirée.
Ce petit village situé au pied des montagnes vit principalement de la pêche commerciale et la plus grande conserverie de poisson de l’Alaska y réside. Nous arrivons malheureusement à la fin de la saison et tous les pêcheurs sont repartis dans leur village.
Le lendemain matin, nous déambulons sur le petit sentier qui longe la mer. Il y a une petite église orthodoxe et un restaurant qui est fermé et pas un chat dans les parages. Ces villages ressemblent à des villages fantômes et ne nous donnent pas plus envie de rester hiverner dans le coin. Cependant le capitaine du port est très sympathique, il nous donne l’accès à un wifi et pouvons informer nos familles et amis que tout va bien! Il nous offre aussi la nuit au port!
Au réveil, on profite d’une belle fenêtre météo de 2 jours pour rejoindre Sand Point, chef lieu des Aléoutiennes orientales, où nous espérons trouver un peu plus de vie et de commodités!
On navigue au moteur le long de la côte et croisons nos premiers orques. Nous mouillons dans une jolie petite baie face à un volcan majestueux. Le paysage est superbe, époustouflant! La visibilité est tellement bonne que nous pouvons apercevoir le relief qui dessine la péninsule de l’Alaska. On a de la chance avec le temps !
26 septembre 2019:
Amarré au port de Sand Point, nous faisons la connaissance d’Adam, un pêcheur indépendant qui habite sur son bateau de Pêche "Yorjim" ou son petit voilier à Homer. Il pêche principalement le cabillaud dans la mer de Béring ou le long des Aléoutiennes. Il termine lui aussi la saison de pêche et rentre sur Homer à la fin de la semaine. C’est quelqu’un,ce Adam. Bien dans ses bottes, il ne dit jamais un mot déplacé ou plus haut que l’autre. Respectueux de la nature et des humains, il est toujours de bonne humeur, bref après 24h de rencontre, on l’adore! Il nous emmène faire le tour du bled avec la jeep qu’il emprunte à un ami d’ici. On passe à la bibliothèque où nous pouvons nous connecter à internet. Et nous profitons d’une journée sans vent pour rouler jusqu’au bout de la route et faire un petit vol en parapente en haut d’une colline sous le regards amusé d’Adam! Il nous prend pour des fous! Nous volons en compagnie de trois aigles avec vue sur les chapelets d’îles et le village de Sand Point c’est magique! Excepté mon atterrissage dans les marécages et une marche d’une heure dans la broussaille pour regagner la route! Ça m’apprendra à vouloir aller trop loin!
Deux jours avant notre départ nous accueillons Fredoya, skippé par Frédéric et Fred, un couple français qui arrive aussi par le passage du Nord-ouest. Nous les avions rencontrés à Sisimiut au Groenland au mois de Juin 2019.
Nous célébrons à leur bord ce soir une nouvelle fois ce PNO avec 5 gros crabes "dungeones" offerts par Adam! Quel régal!
Après une escale de 5 jours, il est temps de se remettre en route et profiter de ce beau temps qui est plutôt rare par ici pour rejoindre l’île de Kodiak.
4 octobre 2019:
Nous faisons une mini escale dans le nouveau petit port de Chignik pour laisser passer une dépression.
Là aussi le village semble abandonné. Toutefois nous sommes accueillis par Jim, le capitaine du port. Malgré sa forte odeur d’alcool, il est très aimable et nous offre du saumon en conserve et du melon frais pour s’excuser du fait que l’épicerie a fermé fin août. Plus possible de se ravitailler jusqu’au 1er juin de l’année prochaine! Ces habitants vivent sur leurs réserves et leurs conserves pendant 9 mois de l’année !
Il nous donne même l’accès à internet sur son ordinateur pour télécharger la dernière météo...! La générosité et l’entraide dans ces endroits reculés n’a pas de prix!
Pour la petite anecdote : On a fait la bêtise de résilier notre abonnement iridium de notre téléphone satellite trop tôt.. beaucoup trop tôt! On pensait qu’au passage des Aléoutiennes on retrouverait du réseau téléphonique et internet à gogo.. ce qui n’est pas du tout le cas! Nous sommes encore dans un coin de la terre où l’accès aux quelques villages se fait par la mer ou par les airs seulement et la mise en place de quelques antennes paraboliques permettent à quelques habitants d’être connectés à des prix exorbitants! C’est sauvage l’Alaska!
Nous faisons une dernière petite marche au village pour tenter de chopper un saumon dans la rivière. Le capitaine du port nous intercepte à la hauteur du pont et montre à Robin sa technique de harponnage depuis le haut de celui ci! Mais les saumons ne sont pas dupes! Notre acolyte nous met aussi en garde contre l’éventuelle rencontre avec un ours.
Nous avons l’interdiction de nous promener à pied dès la nuit tombée !
En effet, Chignik est très réputé pour la pêche au saumon mais aussi pour ses nombreux ours bruns qui peuplent la péninsule!
C’est aussi ici que naquit Benny Benson, l’inventeur du drapeau de l’Alaska en 1927!
6 octobre 2019:
La météo s’annonce bonne avec un peu de vent pour la deuxième journée mais ça n'a pas l'air mal dans son ensemble. On ne perd pas de temps et nous nous remettons en route pour l’île de Kodiak.
On sort de la baie toutes voiles dehors avec du vent au portant. Tout va pour le mieux, on avance à vive allure. C’est au passage du premier cap que ça se corse! Le vent accélère sa course dans chaque baie et il monte en puissance au fur et à mesure qu’on avance!
On nous avait prévenu pourtant que le Shelikof straight était un endroit à éviter ! C’est l’endroit de prédilection des vents catabatiques venus tout droit des glaciers de la péninsule.. On apprendra la leçon en route!
Sous génois seul, Robin se bat pour garder le cap et traverser de nuit un amoncèlement de rocher avec ce vent à décorner les bœufs .. musqués de préférence !
Au lendemain de cette nuit éprouvante, l’île de Kodiak est en vue! Nous jetons l’ancre dans la baie de Larsen, devant la petite île Harvester, heureux et satisfaits d’y être finalement arrivés!
Bien reposés, nous nous remettons en route après le petit déjeuner en direction de Dry Spruce Bay. On croise notre premier ours brun qui marche le long de la plage et des milliers d’oiseaux à la hauteur du cap Uganik où nous bifurquons à droite! Nous profitons encore d’un petit mouillage juste avant Whale Pass. Devant nous il y a des arbres! Enfin des arbres des pins, que c’est beau!!
Robin nous pêche un poisson plat sous l’œil attentif des baleines qui nagent gracieusement à quelques brasses de Morgane. Je le cuisine illico presto! On ne sait pas son nom mais Il est délicieux!
9 octobre 2019:
Voilà nous sommes arrivés au port de St Paul à Kodiak! On ne le sait pas encore mais ça va être notre port d’hivernage pour les 7 prochains mois...!