Nos Aléas à Tahanea
On a fait fort aujourd’hui, culinairement parlant. On a mangé à midi une langouste et une cigale pêchées à mains nues la veille au soir et ce soir on se partage une squille de 30cm sautée à la poêle dans du beurre et de l’ail, pêchée l’après-midi à l’aide d’un hameçon style “turlutte”. Suivant notre mode de fonctionnement du voyageur chasseur-cueilleur, nous sommes plutôt fiers de nous, c’est même la grande classe, c’est le suprême que l’océan peut nous offrir! Bon, on en aura fait du chemin pour s’offrir ce petit festin!
Déjà 15 jours que nous sommes à Tahanea dans les Tuamotus.
Mercredi 26 avril 2023
Nous avons quitté l’atoll de Makemo tôt le matin pour rentrer à la voile, 12 heures plus tard, dans le lagon de Tahanea. Hé ouais : quand on vise le bon créneau ça glisse comme sur des roulettes! (héhé ! on ne va pas faire deux fois la même erreur voyons!).
Par contre, nous avons dû nous arrêter juste après la passe principale à droite où nous avons mouillé l’ancre à l’abri des vagues et à côté de notre ami Patrick sur Orion. Car pour le coup, en partant à la bonne heure avec le courant sortant de la passe Nord-Ouest de Makemo et en arrivant à la bonne heure, toujours, pour passer avec le courant rentrant dans l’atoll de Tahanea 56MN plus loin, le tout à une vitesse de 4,7 noeuds de moyenne, il faisait déjà nuit noire à 18h aux Tuamotus! Et même si nous nous orientons principalement en suivant des images satellites à l’intérieur du lagon, on aime bien vérifier que la patate est bien celle que nous apercevons là à 11h ou là à midi, tout en tenant la barre! Bref de nuit, ça pourrait se faire mais ce serait une vraie partie d’échecs un peu trop dangereuse! A noter tout de même que lors de la pleine lune, les patates de corail se voient plutôt bien! Ce soir là, il n’y a pas de pleine lune.
Nous avons donc attendu le lendemain matin après un rapide snorkeling autour du bateau en compagnie de requins à pointe noire un peu trop curieux à mon goût, pour rejoindre l’extrémité Sud-Est de Tahanea afin d’être mieux protégé pendant les prochains jours qui s’annoncent venteux et surtout profiter pour faire du kite!
Tahanea, c’est beau, c’est sauvage car il n’y plus de village donc personne n'habite ici quotidiennement. Il n’y a pas de ferme perlière, donc beaucoup moins de pollution plastique. Seulement quelques îlots avec des cocotiers ce qui oblige à un ou deux locaux de venir casser le coprah de temps en temps. Il n’y a pas de connection Vini (téléphone) ni d’internet sauf si les bateaux veulent bien t’offrir l’accès à leur antenne starlink! Ce qui est vachement sympa!
L’eau est tellement limpide et claire ici que c’est parfois éblouissant sous la mer! Je me demande s’il n’existe pas des masques avec une vitre teintée? Ce qui serait vraiment agréable au vu de nos 4 heures de natation subaquatique journalière .. Vous est-il déjà arrivé d’éternuer dans votre masque?
Si nous ne sommes pas entrain de faire du kite, nous passons la plupart de la journée dans l’eau ou plutôt sous l’eau! Soit pour nettoyer la coque du bateau, soit pour vérifier que l’ancre est bien plantée et que la chaîne ne s’entortille pas autour d’une patate, soit pour harponner notre dîner, soit tout simplement pour nous rafraîchir et découvrir les environs.
Il fait chaud aux Tuamotus! Beaucoup trop chaud pour Robin!
Notre frigo est mort.. Enfin jusqu’à la prochaine vraie ville où on pourra retrouver du gaz réfrigérant. Donc plus de bière fraîche et le beurre est entrain de devenir de l’huile c’est la misère! Heureusement nos rencontres avec les copains-bateaux nous sauvent la mise pendant quelques jours en se proposant de garder nos bières ou notre beurre dans leur frigo. C’est marrant de voir notre beurre changer de bateau en fonction de nos rencontres!
Il était sur Orion avec Patrick le régatier depuis le village de Makemo. Arrivé à Tahanea, Patrick a dû repartir pour rejoindre Taha où il prendra le départ de la course Tahiti Pearl Regatta avec son beau sunfast 3600 à la mi-mai.
Nous nous sommes donc rapprochés de la flotte des bateaux mouillés devant le motu d’à côté et nous avons retrouvé Sara et Patrick sur Ostrika. Elle est italienne, il est suisse de Genève. Ensemble nous passons du bon temps autour de jolis apéros dînatoires! Et chaque jour on échange des bouteilles glacées pour alimenter la glacière qu’ils nous prêtent. Et notre beurre survit!
Grâce à eux ma planche de kite survit aussi!
… Un jour on décide avec Robin de rejoindre en kite foil un petit motu situé assez loin de notre point de départ pour aller voir les énormes vagues s’écraser sur le platier.
L’aller se passe sans encombre même si le vent est un chouïa rafaleux, les ailes volent dans les airs et nous sur l’eau! Tout va bien!
Quelques minutes après notre arrivée au motu, on réalise que le point de vue est nul. On ne voit pas vraiment les vagues car nous sommes encore trop loin du reef. Par contre on réalise que le courant autour du motu est très fort. On se croirait dans un fleuve! L’atoll se vide en direction de l’ouest. Au loin le ciel s’assombrit. Un orage va éclater. On décide donc de rentrer pour se mettre à l’abri. Je rentre dans l’eau, laisse passer un petit requin, marche jusqu’à ne plus avoir pied pour ne pas ancrer le mât du foil dans le sable tout en faisant voler mon aile au dessus de moi. Soudain je sens que le vent commence à mollir. J’essaie malgré tout de faire quelques départs désastreux. Je réalise que je suis entrain de dériver à une vitesse folle au milieu du lagon. Quelques secondes plus tard plus un pet de vent. Ma voile tombe dans l’eau. Le courant m’emporte. J’ai dépassé le motu où Robin se trouve.
J’essaie en vain de redécoller mon aile avec les quelques bribes de vent mais le courant est si fort que je n’arrive pas à exercer un point d’ancrage avec mon corps et ma voile reste collée à l’eau! De plus, je réalise que ma planche n’est plus à côté de moi. Elle est entrain de prendre la poudre d’escampette! Je largue mon leash de sécurité qui relâche la tension dans mes lignes du kite et je nage comme une folle pour récupérer ma planche. Essoufflée par mon harnais qui m’empêche de respirer et les lignes qui s’emmêlent dans mes pieds et ma planche qui glisse trois fois plus vite que moi .. j’abandonne! Il faut que je garde des forces pour rentrer au bord! Robin m’a rejoint à la nage. Il essaie de rattraper ma planche qui est déjà trop loin. A bout de force, il fait demi tour et m’aide à rejoindre le bord avec l’aile sous le bras à nager contre le courant.
Au moment où nous posons enfin le pied sur un banc de sable, pas loin de l'endroit où Robin a laissé son matos, Sara et Patrick arrivent avec leur annexe. On leur explique la situation et leur demande si on peut aller ensemble récupérer ma planche. Après plusieurs minutes, et une longue distance à scruter l’horizon j’aperçois une tache orange, c’est ma planche!! Houra!!
Le retour en dingy est scabreux. Le vent souffle à nouveau et lève une vague courte dans le lagon! Nous rejoignons tout de même Robin au bout du petit motu. A notre grande surprise Patrick sort de sa glacière 4 bières fraîches! Le remède parfait pour se remettre de nos émotions!
Robin rentre en kite et moi à bord de leur dingy!
Le lendemain après nous être remis totalement de nos émotions et (d’)avoir attaché un leash (ficelle) à ma planche, je concocte un bon petit risotto à la courge des Marquises que nous mangeons sur Ostrika pour les remercier de leur aide!
1er Mai 2023: aujourd’hui ça fait 6 ans que nous sommes partis de Zeebruge en Belgique .. 6 ans que nous vivons à bord de Morgane, 6 ans que nous parcourons la planète bleue. 6 ans que nous vivons un rêve éveillé ! On fête ce soir en compagnie de Sara et Patrick de Ostrika.
Nous faisons la rencontre de Nico un pomotu qui habite la petite cabane en bois devant notre mouillage. Il vient d’arriver à bord de son petit bateau moteur de Faaite. Il va rester ici pendant deux mois pour casser le coprah. Un matin, nous l’accompagnons dans sa forêt de palmier située derrière sa cabane pour assister à sa tâche et faire un petit reportage sur son métier. Robin essaie de l’imiter pour vite se rendre compte de la difficulté physique qu’est de fendre une noix de coco à la hache puis d’extraire sa chair sans s’empaler la cuisse et enfin porter un sac de 40 kilos de coco sur une épaule sans le faire tomber pendant 1 km à travers le bush et le vider à même le sol derrière la cabane sur les cailloux et coraux morts pour faire sécher la chair au soleil.
Sa journée commence à 4h du matin, frontale vissée sur la tête il part casser pendant 1 heure, il revient boire son café et manger du pain de coco puis repart travailler jusqu’à midi. Pendant sa pause déjeuner, il ingurgite le même café et pain de coco et le soir même scénario. Puis extermination de deux trois souris avant de rentrer dans sa tente plantée dans sa cabane en bois. Quand il a du temps libre il pêche un poisson perroquet ou une frégate !! pour agrémenter son menu.
Au premier abord, depuis le pont du bateau, on se dit qu’on est arrivé au paradis! On va se baigner dans l'eau la plus turquoise au monde, se balader sur des îlots de sable blanc et bronzer à l’ombre d’un cocotier. Seulement une fois à terre sur le “motu” comme ils les appellent, on se rend vite compte que le “blanc” est en fait des fragments de coraux pas du tout agréables à pieds nus. Que la noix de coco verte a déjà été grignotée par une souris! Et que l’endroit est déjà envahi de moustiques ou pire, de nonos! Bon là je suis un peu grossière et j’en fait un peu trop mais malheureusement c’est la réalité de la carte postale de rêve!
Pour ma part pas question d’aller dormir à terre! La vue depuis Morgane est splendide!
Franchement je le trouve courageux Nico. Bon lui même nous le dit qu’il ne peut pas rester là plus longtemps que deux mois par année!
Grossomodo: un sac de coprah est vendu 25 euros. Un gars comme Nico, peut remplir 5 sacs par jour soit 25 sacs par semaine ce qui lui rapporte 2500 euros par mois et donc 5000 euros par année puisqu’il ne travaille que deux mois ! Avec ce revenu il peut acheter son essence. Payer les frais de scolarisation de ses nièces, l’électricité et le maa (la bouffe) pour la maison et rembourser le prêt de son nouveau bateau. Et c’est tout! Comme il dit ça lui va bien car il n’a pas de femme !
Un matin pour nous remercier du pamplemousse que nous lui donnons il nous offre un crabe de cocotier. La même soirée nous repartons dans sa forêt de palmier pour apprendre comment attraper le Kaveu, le fameux crabe de cocotiers. Malheureusement en voie d’extinction nous n’en abusons pas. Même si nous devons confirmer que c’est un des meilleurs crabes que nous ayons gouté!
Assis sur son canapé magnifiquement recyclé avec les déchets des DCP, qui s’échouent la plupart du temps sur le platier des atolls, nous savourons la vue splendide sur cet aquarium naturel et le soleil couchant. Je les entend discuter pêche à la langouste et varo.. ça y est les yeux de Robin pétillent. Je l’ai perdu! Nico lui annonce qu’il y a du varo dans l’atoll! Mais chût... faut rien dire! Car nous l’apprendrons plus tard : Tahanea est une RÉSERVE!!
Ça tombe bien, la météo annonce deux jours sans vent! Alors ce dimanche 7 mai nous partons rejoindre le spot secret sous grand voile et spinnaker à travers le lagon et slalom géant entre les patates.
Nous nous arrêtons en milieu de chemin car le vent tombe. On en profite pour plonger dans la passe de Tahanea et continuer notre route le lendemain avec de nouveau du vent!
Pendant que Robin est déjà en quête de varo .. je m’aventure seule dans la passe avec masque, tuba et palmes tout en restant proche du bord. Olalala y a tellement de poissons. C’est du gros calibre. Il y a des gros napoléons et bien entendu des requins à pointe noire. Ils ont tendance à s’approcher un peu trop près ce qui me fait un petit peu paniquer car je ne peut pas me réfugier sur le dos de Robin. Alors pour garder mon sang froid j’arrête de palmer, me tiens droite et le regarde me tourner autour.. à chaque fois il continue son chemin. Mais dès que je me remets à nager, le voilà qui me colle aux basques! Je le guette en tournant légèrement ma tête en arrière sans m’arrêter. En fait j’essaye de l’ignorer et le considérer comme un chien que je promène à travers le lagon. Mais ça me fait quand même flipper. C’est décidé, je n’irai plus snorkeler sans Robin!
Ce soir là, après l’accostage d’un catamaran danois pour lui demander l’accès à son antenne starlink afin de télécharger la dernière météo, nous rejoignons le bord du motu à la rame. Nous sommes munis de notre bidon à bretelle et lampe torche waterproof pour aller pêcher de la langouste sur le platier. Il faut faire vite car la lune va se lever mais faut pas se casser la gueule car ça pourrait vraiment mal finir. Effectivement pêcher la langouste sur le platier de nuit ce n’est pas ce dont je raffole le plus! Ça glisse, les rochers sont tranchants à souhait, d’ailleurs mes Crocs sont mortes. Il faut marcher dans 30cm d’eau agitée où petits requins, murènes et autres bestioles aquatiques peuvent confondre ton mollet avec un de leurs mets favoris, et il faut surtout regarder enfin scruter l’eau en équarquillant les yeux ou plutôt imaginant voir une tache marron allongée qui ressemblerait à une langouste au bout du mince faisceau lumineux. ce n’est pas le meilleur endroit ou le meilleur jour pour pêcher la langouste. Il y a du vent et de la vaguelette. Autant vous dire qu’on voit que dalle! On tombe sur trois petites au total! Trois petites langoustes de roche dont une est une femelle pleine d’œufs que nous relâchons illico presto ! De retour vers l’annexe, 2 heures plus tard, Robin saute dans l’eau du côté lagon pour attraper une cigale. Finalement, ça valait le coup cette petite marche digestive !
Naviguer dans ces atolls est quelque chose de grandiose! Car même quand le vent souffle de face, tirer des bords sur un plan d’eau plat nous procure de la joie et de la bonne humeur! Sous spi, c’est carrément l’extase!
Arrivés de l’autre côté de l’atoll, nous nous mettons tout de suite en quête de varo! Tout d’abord, il faut pêcher un poisson pour attacher un bout de sa viande autour de la tige à quelques centimètres au dessus de la turlute pour appâter le fameux varo.
J’assiste ici à un massacre bluffant de matos. D’abord, Robin essaie d’attraper à la canne à pêche des grosses carangues. Tellement grosses et puissantes que la malheureuse canne à pêche à truite ne peut les retenir! Elles cassent tout! Il change de tactique et revient avec le harpon. Idem après un soit-disant carreau dans la tête, la carangue arrive à casser le fil épais de la flèche ! Et disparaît! Incroyable ! Il déclare forfait sur les carangues et attrape finalement un petit poisson jaune dans la mangrove. Ensuite il faut repérer les trous à varo. Ça ressemble à un trou du cul me dit Robin!
Une fois sur le trou il faut insérer la tige à l’intérieur et attendre que le varo morde puis retirer délicatement la tige en espérant que le Varo s’est bien agrippé à la turlute. Après 3h de balade tantôt à la rame ou à pied à chercher des trous dans 40 cm d’eau et dénicher son habitant, nous rentrons au bateau avec un seul monstrueux varo. Le premier et le seul qui a bien voulu mordre à l’hameçon! Franchement c’est pas facile cette pêche et je comprend pourquoi le varo est vendu 7000.-le kilo (soit 65 euros).
Je le cuisine entier sauté dans du beurre et de l’ail à manger avec les doigts pour encore plus de goût! C’est vraiment un régal! Dommage du peu!
Le lendemain à l’aube Robin y retourne tout seul et me ramène quelques heures plus tard deux individus de taille respectable. En m’expliquant qu’il a perdu son meilleur hameçon au fond d’un trou impossible de le récupérer. Même en enfilant tout son bras! Ce qui laisse imaginer la grandeur de ces galeries une fois passé le trou du cul. Dans tous les cas, ce n’est pas nous qui viderons la RÉSERVE!
Nous les ramenons à Nico en fin de journée pour savourer ensemble cette merveilleuse chaire en face d’un beau coucher de soleil!
8 bateaux sont arrivés et sont mouillés devant son motu. Il y a des énormes éclairs au loin : ça sent l’orage!
A 21h30 nous vivons notre premier coup de vent. Pas vraiment prévu bien entendu. Mais nous savons qu’une grosse dépression est en train de faire son chemin dans le sud des Tuams. Et que nous allions récolter quelques restes de son passage! Heureusement nous sommes tous les deux à bord et notre chaîne est bien plantée dans le sable à 2,5m de profondeur. Pendant la mini tempête, il pleut histoire de dramatiser encore plus la situation. Mais ça n’empêche pas Robin de se déshabiller et d’aller lâcher un peu de chaîne afin d’éviter une petite patate de corail trop proche du bateau! Le vent a tourné et souffle de travers face à la plage et lève de la vague qu’on n’imagine même pas. Le bateau fait des sacrés bons sur l’eau. Mais l’ancre ne bouge pas! Rafale maximum enregistrée à 26 noeuds ! OUF, ça ne dure pas trop longtemps!
Nous sommes contents car ce matin il pleut. Il pleut bien fort et droit. On a mis en place toutes les bâches et aligné tous les saladiers et les grands bacs bleus pour récupérer un maximum d’eau de pluie sur le pont de Morgane et remplir nos réservoirs.
Ici dans les Tuamotus, l’eau douce vient du ciel! Ou elle est vendue en bouteille. Alors nous prions le ciel une fois par semaine pour espérer qu’un gros nuage se déverse sur nous pour prendre des douches à l’eau douce et faire des lessives!!
Bon j’avoue que de temps en temps il nous arrive de prendre un peu d’eau aux cabanes inhabitées que nous rencontrons sur les motus.
Robin arrive à dénicher une météo en se connectant à une antenne iridium du bateau voisin. Aïe ! Les nouvelles sont mauvaises !
La dépression se rapproche de Tahanea, ça va secouer ce soir! La bonne nouvelle c’est que nous sommes à la meilleure place en terme de protection et nous avons la journée pour assurer l’ancrage du bateau et se reposer pour affronter la tempête! Il n’arrête pas de pleuvoir, c’est magique!
Mercredi 10 mai, nous sommes au cœur de la tempête. Avec tout ce qu’il a plu nos réservoirs sont pleins, archi pleins! C’est génial! Maintenant, c’est que du bénéf pour des douches extra, des lessives et des nettoyages extra! Cependant, pour profiter de ces petits luxes, on va attendre l’accalmie ! En ce moment c’est tempête! On est cloîtré dans le carré de Morgane à éditer des photos, monter des films sur notre quotidien, regarder des films d’Hollywood et des « Passe moi les jumelles », boire des chocolats froids. On se croirait comme en plein hiver avec une légère moiteur en prime!
A chaque entracte, nous jetons un petit coup d’œil dehors pour vérifier que tous nos voisins sont bien à leur place et nous aussi! Que la cabane de Nico n’a pas bougé. Robin télécharge un nouveau fichier météo pour voir s'il y a du changement. La dépression ne s’est pas évaporée, elle suit toujours son chemin légèrement au sud de notre position. Ça souffle fort ! Heureusement dans la bonne direction pour le moment!
On se fait réveiller au milieu de la nuit par des éclairs. Le ciel prend des teintes orangées même! Tout autour de nous et sur nous ça gronde et le ciel flashe comme un stroboscope ! Ça fait peur ! J’ai vraiment peur des éclairs! On a tout éteint. Même la batterie est sur off. On espère que le mât de Morgane est le plus petit de la flotte des bateaux ancrés à coté de nous et que le ciel va l’épargner de ce côté là.
Jeudi 11 mai, encore une journée de mauvais temps. On reste dans Morgane! On attend que ça se calme!
Vers midi, une éclaircie. Une tache bleue dans le ciel.. le vent est toujours fort mais plutôt constant. On se demande si on irait pas faire du kite? On part faire du kite!
Petite voile, petite planche, on fait des gros jumps!
Bon après ça, faudrait qu’on bouge d’atoll. On commence à connaître par cœur les patate de corail aux alentours de Morgane! Et il y a encore plein d’atolls à visiter avant d’arriver à Tahiti!
Déjà 15 jours que nous sommes à Tahanea dans les Tuamotus.
Mercredi 26 avril 2023
Nous avons quitté l’atoll de Makemo tôt le matin pour rentrer à la voile, 12 heures plus tard, dans le lagon de Tahanea. Hé ouais : quand on vise le bon créneau ça glisse comme sur des roulettes! (héhé ! on ne va pas faire deux fois la même erreur voyons!).
Par contre, nous avons dû nous arrêter juste après la passe principale à droite où nous avons mouillé l’ancre à l’abri des vagues et à côté de notre ami Patrick sur Orion. Car pour le coup, en partant à la bonne heure avec le courant sortant de la passe Nord-Ouest de Makemo et en arrivant à la bonne heure, toujours, pour passer avec le courant rentrant dans l’atoll de Tahanea 56MN plus loin, le tout à une vitesse de 4,7 noeuds de moyenne, il faisait déjà nuit noire à 18h aux Tuamotus! Et même si nous nous orientons principalement en suivant des images satellites à l’intérieur du lagon, on aime bien vérifier que la patate est bien celle que nous apercevons là à 11h ou là à midi, tout en tenant la barre! Bref de nuit, ça pourrait se faire mais ce serait une vraie partie d’échecs un peu trop dangereuse! A noter tout de même que lors de la pleine lune, les patates de corail se voient plutôt bien! Ce soir là, il n’y a pas de pleine lune.
Nous avons donc attendu le lendemain matin après un rapide snorkeling autour du bateau en compagnie de requins à pointe noire un peu trop curieux à mon goût, pour rejoindre l’extrémité Sud-Est de Tahanea afin d’être mieux protégé pendant les prochains jours qui s’annoncent venteux et surtout profiter pour faire du kite!
Tahanea, c’est beau, c’est sauvage car il n’y plus de village donc personne n'habite ici quotidiennement. Il n’y a pas de ferme perlière, donc beaucoup moins de pollution plastique. Seulement quelques îlots avec des cocotiers ce qui oblige à un ou deux locaux de venir casser le coprah de temps en temps. Il n’y a pas de connection Vini (téléphone) ni d’internet sauf si les bateaux veulent bien t’offrir l’accès à leur antenne starlink! Ce qui est vachement sympa!
L’eau est tellement limpide et claire ici que c’est parfois éblouissant sous la mer! Je me demande s’il n’existe pas des masques avec une vitre teintée? Ce qui serait vraiment agréable au vu de nos 4 heures de natation subaquatique journalière .. Vous est-il déjà arrivé d’éternuer dans votre masque?
Si nous ne sommes pas entrain de faire du kite, nous passons la plupart de la journée dans l’eau ou plutôt sous l’eau! Soit pour nettoyer la coque du bateau, soit pour vérifier que l’ancre est bien plantée et que la chaîne ne s’entortille pas autour d’une patate, soit pour harponner notre dîner, soit tout simplement pour nous rafraîchir et découvrir les environs.
Il fait chaud aux Tuamotus! Beaucoup trop chaud pour Robin!
Notre frigo est mort.. Enfin jusqu’à la prochaine vraie ville où on pourra retrouver du gaz réfrigérant. Donc plus de bière fraîche et le beurre est entrain de devenir de l’huile c’est la misère! Heureusement nos rencontres avec les copains-bateaux nous sauvent la mise pendant quelques jours en se proposant de garder nos bières ou notre beurre dans leur frigo. C’est marrant de voir notre beurre changer de bateau en fonction de nos rencontres!
Il était sur Orion avec Patrick le régatier depuis le village de Makemo. Arrivé à Tahanea, Patrick a dû repartir pour rejoindre Taha où il prendra le départ de la course Tahiti Pearl Regatta avec son beau sunfast 3600 à la mi-mai.
Nous nous sommes donc rapprochés de la flotte des bateaux mouillés devant le motu d’à côté et nous avons retrouvé Sara et Patrick sur Ostrika. Elle est italienne, il est suisse de Genève. Ensemble nous passons du bon temps autour de jolis apéros dînatoires! Et chaque jour on échange des bouteilles glacées pour alimenter la glacière qu’ils nous prêtent. Et notre beurre survit!
Grâce à eux ma planche de kite survit aussi!
… Un jour on décide avec Robin de rejoindre en kite foil un petit motu situé assez loin de notre point de départ pour aller voir les énormes vagues s’écraser sur le platier.
L’aller se passe sans encombre même si le vent est un chouïa rafaleux, les ailes volent dans les airs et nous sur l’eau! Tout va bien!
Quelques minutes après notre arrivée au motu, on réalise que le point de vue est nul. On ne voit pas vraiment les vagues car nous sommes encore trop loin du reef. Par contre on réalise que le courant autour du motu est très fort. On se croirait dans un fleuve! L’atoll se vide en direction de l’ouest. Au loin le ciel s’assombrit. Un orage va éclater. On décide donc de rentrer pour se mettre à l’abri. Je rentre dans l’eau, laisse passer un petit requin, marche jusqu’à ne plus avoir pied pour ne pas ancrer le mât du foil dans le sable tout en faisant voler mon aile au dessus de moi. Soudain je sens que le vent commence à mollir. J’essaie malgré tout de faire quelques départs désastreux. Je réalise que je suis entrain de dériver à une vitesse folle au milieu du lagon. Quelques secondes plus tard plus un pet de vent. Ma voile tombe dans l’eau. Le courant m’emporte. J’ai dépassé le motu où Robin se trouve.
J’essaie en vain de redécoller mon aile avec les quelques bribes de vent mais le courant est si fort que je n’arrive pas à exercer un point d’ancrage avec mon corps et ma voile reste collée à l’eau! De plus, je réalise que ma planche n’est plus à côté de moi. Elle est entrain de prendre la poudre d’escampette! Je largue mon leash de sécurité qui relâche la tension dans mes lignes du kite et je nage comme une folle pour récupérer ma planche. Essoufflée par mon harnais qui m’empêche de respirer et les lignes qui s’emmêlent dans mes pieds et ma planche qui glisse trois fois plus vite que moi .. j’abandonne! Il faut que je garde des forces pour rentrer au bord! Robin m’a rejoint à la nage. Il essaie de rattraper ma planche qui est déjà trop loin. A bout de force, il fait demi tour et m’aide à rejoindre le bord avec l’aile sous le bras à nager contre le courant.
Au moment où nous posons enfin le pied sur un banc de sable, pas loin de l'endroit où Robin a laissé son matos, Sara et Patrick arrivent avec leur annexe. On leur explique la situation et leur demande si on peut aller ensemble récupérer ma planche. Après plusieurs minutes, et une longue distance à scruter l’horizon j’aperçois une tache orange, c’est ma planche!! Houra!!
Le retour en dingy est scabreux. Le vent souffle à nouveau et lève une vague courte dans le lagon! Nous rejoignons tout de même Robin au bout du petit motu. A notre grande surprise Patrick sort de sa glacière 4 bières fraîches! Le remède parfait pour se remettre de nos émotions!
Robin rentre en kite et moi à bord de leur dingy!
Le lendemain après nous être remis totalement de nos émotions et (d’)avoir attaché un leash (ficelle) à ma planche, je concocte un bon petit risotto à la courge des Marquises que nous mangeons sur Ostrika pour les remercier de leur aide!
1er Mai 2023: aujourd’hui ça fait 6 ans que nous sommes partis de Zeebruge en Belgique .. 6 ans que nous vivons à bord de Morgane, 6 ans que nous parcourons la planète bleue. 6 ans que nous vivons un rêve éveillé ! On fête ce soir en compagnie de Sara et Patrick de Ostrika.
Nous faisons la rencontre de Nico un pomotu qui habite la petite cabane en bois devant notre mouillage. Il vient d’arriver à bord de son petit bateau moteur de Faaite. Il va rester ici pendant deux mois pour casser le coprah. Un matin, nous l’accompagnons dans sa forêt de palmier située derrière sa cabane pour assister à sa tâche et faire un petit reportage sur son métier. Robin essaie de l’imiter pour vite se rendre compte de la difficulté physique qu’est de fendre une noix de coco à la hache puis d’extraire sa chair sans s’empaler la cuisse et enfin porter un sac de 40 kilos de coco sur une épaule sans le faire tomber pendant 1 km à travers le bush et le vider à même le sol derrière la cabane sur les cailloux et coraux morts pour faire sécher la chair au soleil.
Sa journée commence à 4h du matin, frontale vissée sur la tête il part casser pendant 1 heure, il revient boire son café et manger du pain de coco puis repart travailler jusqu’à midi. Pendant sa pause déjeuner, il ingurgite le même café et pain de coco et le soir même scénario. Puis extermination de deux trois souris avant de rentrer dans sa tente plantée dans sa cabane en bois. Quand il a du temps libre il pêche un poisson perroquet ou une frégate !! pour agrémenter son menu.
Au premier abord, depuis le pont du bateau, on se dit qu’on est arrivé au paradis! On va se baigner dans l'eau la plus turquoise au monde, se balader sur des îlots de sable blanc et bronzer à l’ombre d’un cocotier. Seulement une fois à terre sur le “motu” comme ils les appellent, on se rend vite compte que le “blanc” est en fait des fragments de coraux pas du tout agréables à pieds nus. Que la noix de coco verte a déjà été grignotée par une souris! Et que l’endroit est déjà envahi de moustiques ou pire, de nonos! Bon là je suis un peu grossière et j’en fait un peu trop mais malheureusement c’est la réalité de la carte postale de rêve!
Pour ma part pas question d’aller dormir à terre! La vue depuis Morgane est splendide!
Franchement je le trouve courageux Nico. Bon lui même nous le dit qu’il ne peut pas rester là plus longtemps que deux mois par année!
Grossomodo: un sac de coprah est vendu 25 euros. Un gars comme Nico, peut remplir 5 sacs par jour soit 25 sacs par semaine ce qui lui rapporte 2500 euros par mois et donc 5000 euros par année puisqu’il ne travaille que deux mois ! Avec ce revenu il peut acheter son essence. Payer les frais de scolarisation de ses nièces, l’électricité et le maa (la bouffe) pour la maison et rembourser le prêt de son nouveau bateau. Et c’est tout! Comme il dit ça lui va bien car il n’a pas de femme !
Un matin pour nous remercier du pamplemousse que nous lui donnons il nous offre un crabe de cocotier. La même soirée nous repartons dans sa forêt de palmier pour apprendre comment attraper le Kaveu, le fameux crabe de cocotiers. Malheureusement en voie d’extinction nous n’en abusons pas. Même si nous devons confirmer que c’est un des meilleurs crabes que nous ayons gouté!
Assis sur son canapé magnifiquement recyclé avec les déchets des DCP, qui s’échouent la plupart du temps sur le platier des atolls, nous savourons la vue splendide sur cet aquarium naturel et le soleil couchant. Je les entend discuter pêche à la langouste et varo.. ça y est les yeux de Robin pétillent. Je l’ai perdu! Nico lui annonce qu’il y a du varo dans l’atoll! Mais chût... faut rien dire! Car nous l’apprendrons plus tard : Tahanea est une RÉSERVE!!
Ça tombe bien, la météo annonce deux jours sans vent! Alors ce dimanche 7 mai nous partons rejoindre le spot secret sous grand voile et spinnaker à travers le lagon et slalom géant entre les patates.
Nous nous arrêtons en milieu de chemin car le vent tombe. On en profite pour plonger dans la passe de Tahanea et continuer notre route le lendemain avec de nouveau du vent!
Pendant que Robin est déjà en quête de varo .. je m’aventure seule dans la passe avec masque, tuba et palmes tout en restant proche du bord. Olalala y a tellement de poissons. C’est du gros calibre. Il y a des gros napoléons et bien entendu des requins à pointe noire. Ils ont tendance à s’approcher un peu trop près ce qui me fait un petit peu paniquer car je ne peut pas me réfugier sur le dos de Robin. Alors pour garder mon sang froid j’arrête de palmer, me tiens droite et le regarde me tourner autour.. à chaque fois il continue son chemin. Mais dès que je me remets à nager, le voilà qui me colle aux basques! Je le guette en tournant légèrement ma tête en arrière sans m’arrêter. En fait j’essaye de l’ignorer et le considérer comme un chien que je promène à travers le lagon. Mais ça me fait quand même flipper. C’est décidé, je n’irai plus snorkeler sans Robin!
Ce soir là, après l’accostage d’un catamaran danois pour lui demander l’accès à son antenne starlink afin de télécharger la dernière météo, nous rejoignons le bord du motu à la rame. Nous sommes munis de notre bidon à bretelle et lampe torche waterproof pour aller pêcher de la langouste sur le platier. Il faut faire vite car la lune va se lever mais faut pas se casser la gueule car ça pourrait vraiment mal finir. Effectivement pêcher la langouste sur le platier de nuit ce n’est pas ce dont je raffole le plus! Ça glisse, les rochers sont tranchants à souhait, d’ailleurs mes Crocs sont mortes. Il faut marcher dans 30cm d’eau agitée où petits requins, murènes et autres bestioles aquatiques peuvent confondre ton mollet avec un de leurs mets favoris, et il faut surtout regarder enfin scruter l’eau en équarquillant les yeux ou plutôt imaginant voir une tache marron allongée qui ressemblerait à une langouste au bout du mince faisceau lumineux. ce n’est pas le meilleur endroit ou le meilleur jour pour pêcher la langouste. Il y a du vent et de la vaguelette. Autant vous dire qu’on voit que dalle! On tombe sur trois petites au total! Trois petites langoustes de roche dont une est une femelle pleine d’œufs que nous relâchons illico presto ! De retour vers l’annexe, 2 heures plus tard, Robin saute dans l’eau du côté lagon pour attraper une cigale. Finalement, ça valait le coup cette petite marche digestive !
Naviguer dans ces atolls est quelque chose de grandiose! Car même quand le vent souffle de face, tirer des bords sur un plan d’eau plat nous procure de la joie et de la bonne humeur! Sous spi, c’est carrément l’extase!
Arrivés de l’autre côté de l’atoll, nous nous mettons tout de suite en quête de varo! Tout d’abord, il faut pêcher un poisson pour attacher un bout de sa viande autour de la tige à quelques centimètres au dessus de la turlute pour appâter le fameux varo.
J’assiste ici à un massacre bluffant de matos. D’abord, Robin essaie d’attraper à la canne à pêche des grosses carangues. Tellement grosses et puissantes que la malheureuse canne à pêche à truite ne peut les retenir! Elles cassent tout! Il change de tactique et revient avec le harpon. Idem après un soit-disant carreau dans la tête, la carangue arrive à casser le fil épais de la flèche ! Et disparaît! Incroyable ! Il déclare forfait sur les carangues et attrape finalement un petit poisson jaune dans la mangrove. Ensuite il faut repérer les trous à varo. Ça ressemble à un trou du cul me dit Robin!
Une fois sur le trou il faut insérer la tige à l’intérieur et attendre que le varo morde puis retirer délicatement la tige en espérant que le Varo s’est bien agrippé à la turlute. Après 3h de balade tantôt à la rame ou à pied à chercher des trous dans 40 cm d’eau et dénicher son habitant, nous rentrons au bateau avec un seul monstrueux varo. Le premier et le seul qui a bien voulu mordre à l’hameçon! Franchement c’est pas facile cette pêche et je comprend pourquoi le varo est vendu 7000.-le kilo (soit 65 euros).
Je le cuisine entier sauté dans du beurre et de l’ail à manger avec les doigts pour encore plus de goût! C’est vraiment un régal! Dommage du peu!
Le lendemain à l’aube Robin y retourne tout seul et me ramène quelques heures plus tard deux individus de taille respectable. En m’expliquant qu’il a perdu son meilleur hameçon au fond d’un trou impossible de le récupérer. Même en enfilant tout son bras! Ce qui laisse imaginer la grandeur de ces galeries une fois passé le trou du cul. Dans tous les cas, ce n’est pas nous qui viderons la RÉSERVE!
Nous les ramenons à Nico en fin de journée pour savourer ensemble cette merveilleuse chaire en face d’un beau coucher de soleil!
8 bateaux sont arrivés et sont mouillés devant son motu. Il y a des énormes éclairs au loin : ça sent l’orage!
A 21h30 nous vivons notre premier coup de vent. Pas vraiment prévu bien entendu. Mais nous savons qu’une grosse dépression est en train de faire son chemin dans le sud des Tuams. Et que nous allions récolter quelques restes de son passage! Heureusement nous sommes tous les deux à bord et notre chaîne est bien plantée dans le sable à 2,5m de profondeur. Pendant la mini tempête, il pleut histoire de dramatiser encore plus la situation. Mais ça n’empêche pas Robin de se déshabiller et d’aller lâcher un peu de chaîne afin d’éviter une petite patate de corail trop proche du bateau! Le vent a tourné et souffle de travers face à la plage et lève de la vague qu’on n’imagine même pas. Le bateau fait des sacrés bons sur l’eau. Mais l’ancre ne bouge pas! Rafale maximum enregistrée à 26 noeuds ! OUF, ça ne dure pas trop longtemps!
Nous sommes contents car ce matin il pleut. Il pleut bien fort et droit. On a mis en place toutes les bâches et aligné tous les saladiers et les grands bacs bleus pour récupérer un maximum d’eau de pluie sur le pont de Morgane et remplir nos réservoirs.
Ici dans les Tuamotus, l’eau douce vient du ciel! Ou elle est vendue en bouteille. Alors nous prions le ciel une fois par semaine pour espérer qu’un gros nuage se déverse sur nous pour prendre des douches à l’eau douce et faire des lessives!!
Bon j’avoue que de temps en temps il nous arrive de prendre un peu d’eau aux cabanes inhabitées que nous rencontrons sur les motus.
Robin arrive à dénicher une météo en se connectant à une antenne iridium du bateau voisin. Aïe ! Les nouvelles sont mauvaises !
La dépression se rapproche de Tahanea, ça va secouer ce soir! La bonne nouvelle c’est que nous sommes à la meilleure place en terme de protection et nous avons la journée pour assurer l’ancrage du bateau et se reposer pour affronter la tempête! Il n’arrête pas de pleuvoir, c’est magique!
Mercredi 10 mai, nous sommes au cœur de la tempête. Avec tout ce qu’il a plu nos réservoirs sont pleins, archi pleins! C’est génial! Maintenant, c’est que du bénéf pour des douches extra, des lessives et des nettoyages extra! Cependant, pour profiter de ces petits luxes, on va attendre l’accalmie ! En ce moment c’est tempête! On est cloîtré dans le carré de Morgane à éditer des photos, monter des films sur notre quotidien, regarder des films d’Hollywood et des « Passe moi les jumelles », boire des chocolats froids. On se croirait comme en plein hiver avec une légère moiteur en prime!
A chaque entracte, nous jetons un petit coup d’œil dehors pour vérifier que tous nos voisins sont bien à leur place et nous aussi! Que la cabane de Nico n’a pas bougé. Robin télécharge un nouveau fichier météo pour voir s'il y a du changement. La dépression ne s’est pas évaporée, elle suit toujours son chemin légèrement au sud de notre position. Ça souffle fort ! Heureusement dans la bonne direction pour le moment!
On se fait réveiller au milieu de la nuit par des éclairs. Le ciel prend des teintes orangées même! Tout autour de nous et sur nous ça gronde et le ciel flashe comme un stroboscope ! Ça fait peur ! J’ai vraiment peur des éclairs! On a tout éteint. Même la batterie est sur off. On espère que le mât de Morgane est le plus petit de la flotte des bateaux ancrés à coté de nous et que le ciel va l’épargner de ce côté là.
Jeudi 11 mai, encore une journée de mauvais temps. On reste dans Morgane! On attend que ça se calme!
Vers midi, une éclaircie. Une tache bleue dans le ciel.. le vent est toujours fort mais plutôt constant. On se demande si on irait pas faire du kite? On part faire du kite!
Petite voile, petite planche, on fait des gros jumps!
Bon après ça, faudrait qu’on bouge d’atoll. On commence à connaître par cœur les patate de corail aux alentours de Morgane! Et il y a encore plein d’atolls à visiter avant d’arriver à Tahiti!