Peñas on a eu chaud!
Peñas on a eu chaud!
Ah ! Ce golfe de Peñas. Pas si « pénible » que ça! Enfin ça dépend pour qui!
Les albatros, ils le kiffent. Plus il y a de vent plus ils volent et dansent dans le ciel ! La haute mer avec des creux de 7m, le vent fort, la pluie givrante, pour eux c’est l’éclate! Eux ils n’ont pas froid aux yeux! Je comprend pourquoi Baudelaire a écrit un poème sur l’albatros car c’est un oiseau étonnant par sa façon de voler, enchanteur par sa manière de jouer entre les vagues et le ciel sans même battre un bout d’aile! Il est surprenant, époustouflant ! Il rend même le décor qui nous entoure ou nous engouffre d’une beauté étincelante!
C’est la première fois que je vois un albatros en pleine mer et je peux vous confirmer que je suis tombée sous son charme, grâce à lui je n’ai pas eu le mal de mer. Bon c’est peut être aussi grâce à la pilule de Stugeron avalée la veille au soir qui me fait planer comme un albatros.
Passer par le golfe de Penas on s’en passerait quand même bien après ces quelques semaines à naviguer dans ces canaux sans une bribe de houle. Mais c’est un passage obligé pour continuer notre épopée et rejoindre les canaux de Patagonie au sud et le cap Horn!
C’est un passage difficile en raison de sa localisation. Nous ne sommes plus très loin des 50eme hurlants. A cette latitude, l’océan est houleux, gros et méchant. Le vent ne s’arrête presque jamais de souffler il rugît comme le dit l'expression les 40èmes rugissants. Une dépression s’abat sur la côte du Chili tous les 3-5 jours..
L’astuce : trouver la bonne fenêtre météo pour s’y glisser sans trop de peine pendant 24h!! D’après le fichier météo de ce matin téléchargé grâce à notre téléphone satellite on devrait passer d’une traite sans s’arrêter.
C’est donc au moteur que nous quittons notre jolie caleta Carmen où nous étions impeccablement abrités depuis deux jours. Et rejoignons la pleine mer déjà bien formée à travers la brume, la pluie, sans trop de vent. Nous longeons tout de même la côte de près car si la météo nous faisait un petit caprice de dernière minute en nous envoyant 30 noeuds de face par exemple, on pourrait encore se réfugier chez Suarez ou Cliff. Mais l’anémomètre ne franchit jamais la barre des 25 noeuds de vent de face. Alors on serre les fesses pendant 3h pour espérer avancer plus vite et gardons le cap au sud-ouest. Finalement la bascule de vent du Nord arrive en fin de nuit juste après le passage du cap Tres Montes. Le vent souffle un peu fort, mais Chamade passe bien les vagues, c’est un vrai quatre/quatre de mer! Avec un petit string de génois à l’avant nous rejoignons notre petit mouillage tant espéré Bahia Ideal 28h plus tard de l’autre côté du golf de Peñas.
Tout le monde saute à la douche pendant que le moteur tourne encore et chauffe le boiler quand soudain l’alarme du moteur crie ! On arrête tout. Ouf nous étions tous lavés à temps.
Marc pense que c’est une algue qui obstrue l’arrivée d’eau de mer qui fait surchauffer le moteur. S’ensuit donc une partie de soufflage dans tous les tuyaux du moteur.. puis démontage de la pompe à eau de mer qui à notre grande surprise se trouve être complètement pulvérisée en 40 petits morceaux éparpillés dans les tuyaux et à l’arrivée de la cartouche de l’échangeur.
Quelle horreur! Marc et Robin énumèrent des hypothèses quant à la cause de la destruction de la pompe pendant que j’essaie de faire un puzzle avec tous ces fragments.
Quelques minutes plus tard les tuyaux bien débouchés et la nouvelle et unique pompe qui nous reste remontée, le moteur redémarre et crache de l’eau.
Hourra!! On a eu de la chance que le moteur n’ait pas trop surchauffé et pas cassé !
Une petite fuite d’eau se fait encore remarquer à la hauteur de la pompe de mer. Marc réalise que ce n’est pas le bon modèle de joint papier livré avec l’impeller. Il remet l’ancien, un peu abîmé, en place en espérant qu’il fera l’affaire.
Ce qu’il y a de plus alarmant c’est qu’il ne nous reste AUCUNE pompe de rechange. Et nous ne sommes qu’au milieu des canaux de Patagonie où les garages Volvo n’existent pas! Et les bureaux de postes y sont très rares!
On envoie des e-mails à quelques contacts basé au Chili à l’aide de notre téléphone satellite pour nous faire envoyer deux pompes enfin deux « Impeller » de rechange avec le bon joint de préférence, dans les prochains ports enfin les prochains bleds situés un peu plus au sud de notre position actuelle.
En attendant une réponse terrestre, on patiente dans cette Bahia idéal que le vent se calme un peu et nous permette de continuer notre route à la voile avec une belle brise portante !