mai 2019
sisimiut a manitsoq: randonneE a ski
Lundi 6 mai 2019: Voilà c’est reparti pour l’aventure!
Notre vol au départ de Genève pour Copenhague est prévu à 18:30.
C’est maman qui nous conduit à l’aéroport. Dans la voiture, je ne dis pas un mot, j’ai la gorge nouée. Les beaux champs de colza qui défilent sous mes yeux comblent mes pensées. Je suis triste de repartir mais heureuse à la fois de retrouver notre Morgane et notre vie d’aventure sur l’eau.
Ces six mois passés en Suisse nous ont permis de renouer les liens avec les amis, la famille, de vivre des fabuleux moments de complicité avec mon neveu Evan, de partager un bout de notre expérience de navigateur lors de nos conférences, de refaire la caisse de bord dans des conditions de rêve, de stresser aussi, mais surtout de se remettre à la page comme ont dit. Et c’est je pense ça qui m’est le plus dur à vivre: repartir alors que je venais tout juste de me réadapter à cette vie terrestre. J’aime pas les départs! J’aime pas les au revoir!
D’ailleurs mon sac non plus. J’ai attendu la dernière minute pour le faire comme d’habitude. Attendu que toute la petite famille dorme ou les copines parties pour être sûre que je ne louperais pas un seul instant de leur présence.
Je me réconforte en sachant qu’ils viendront à bord de Morgane dans pas longtemps.
Un dernier check de nos magnifiques alpes. Wooa!!! Comme c’est beau la vue du ciel!
À Copenhague, on dégote un hôtel last minute, le Go hotel pour y passer la nuit avant notre deuxième vol pour le Groenland. Un hôtel idéal pour les insomniaques!
7 mai 2019 à Kangerlussuaq 11:40: Après 4h de vol animé par Bohemian Rhapsody et une star est née, nous atterrissons en douceur au Groenland. A notre grand étonnement, Il fait 20 degrés quand on descend de l’avion! Impensable! Plus chaud qu’en Suisse! On s’empresse d’enlever nos couches d’habit et observons dehors assis sur un banc en t-shirt avec effroi ce paysage de roches brunes sans aucune végétation et sans neige! Ici les sommets ne dépassent pas les 300m et avec une telle température, la neige a bien fondu avant l’heure ce qui compromet quelques peu nos plans de ski de randonnée pour le prochain mois.. mais le gars de l’agence touristique de l’aéroport nous rassure : il y a encore de quoi skier vers Maniitsoq. Par contre, tous les bateaux sont déjà bookés! Ah bah!!! ça tombe bien on a le nôtre!
A Sisimiut 13:10: 30 minutes plus tard il fait un poil plus frais au bord de mer. En attendant nos bagages, on rencontre Andy, le capitaine de Destiny, un voilier qui tentait aussi de passer le nord ouest l’été passé. Après 5 ans à naviguer dans l’arctique, avec sa femme Janice, ils sont revenus à Sisimiut en avion pour organiser des skis tours dans la région jusqu’à fin mai avant de rentrer en Angleterre et continuer leur aventure. Il nous annonce aussi que la neige commence à manquer mais qu’il y a encore de quoi faire. Pour l’heure, on s’en fout de la neige! On veut voir Morgane! Aussitôt dit aussitôt fait, nos amis danois Elizabeth et Magnus nous y conduisent illico presto!
Ahh!!! La voila, perchée sur ses palettes, sanglée à l’avant et à l’arrière, elle attend patiemment qu’on la délivre et qu’on la rassure! On essuie ses quelques larmes de rouille en lui faisant un gros câlin et lui promettons de la remette vite à l’eau! Car nous aussi on est impatient de retrouver la mer! D’ailleurs Bent le patron du chantier naval nous confirme la remise à l’eau à la fin de la semaine.
Le soir après avoir rendu visite aux 3 chiens groenlandais de Magnus et Elizabeth, me voilà aux fourneaux à cuisiner un « baleine bourguignon »chez eux! On a l’impression de les avoir quitté hier. On se sent comme à la maison. Ils nous offrent le logis le temps de remettre en fonction notre bien aimée Morgane. Deux jours de travaux sans relâche s’en suivent. Il faut tout reconnecter, remettre les batteries qui pèsent une tonne, déménager nos deux palettes de 3m cubes stockées au chaud et ranger le tout dans les coffres à sa place. Découper nos nouveaux sommiers en bergo contre l’humidité et isoler la couchette arrière pour nos invités. Bref on en a du bordel!
Ça s’active aussi autour de Morgane. Bent a sorti la pelleteuse pour mettre en place des rails à côté du bateau. D’ailleurs, on se demande bien comment ils vont nous remettre à l’eau, cette équipe ?
En effet, il y a encore 3 bateaux derrière nous qui nous empêchent l’accès direct à la mer et leur remise à l’eau n’est prévue que dans 1 mois... L’idée serait donc de nous soulever à l’aide d’un camion grue pour nous sortir latéralement et nous avancer ensuite sur un rail jusqu’au bout du ponton pour finalement nous hisser avec la grue fixe et nous remettre à l’eau!
A notre grande surprise à 16:00 la première manoeuvre est déclenchée. ils décident de soulever Morgane des palettes et la poser sur le rail. On serre les fesses, on prie, on arrête même de respirer!
Ce sont des grands malades, ces Inuits! Ils n'ont pas froid aux yeux et manœuvrent leurs jouets avec beaucoup de dextérité! Assez d’émotions pour aujourd’hui....
On attendra la marée haute le lendemain midi pour la deuxième phase!
Jeudi 9 mai: Le grand jour est arrivé. La pelleteuse est en marche. Je m’empresse de nettoyer le pont de Morgane pendant qu’ils nous déplacent sur ces rails à coups de pieds de biche ,palan et treuil sur 80m pendant deux heures.
Sous la grue fixe, on attend du renfort. Muni de radio ils coordonnent les deux types à bord de leur petit hors-bord pour écarter le cargo de 60m résident éternel du ponton de grutage. Dans cette agitation chaotique, tout se passe à merveille. Morgane gargouille au contact de l’eau et le moteur part au quart de tour! Génial ! Ce que c’est bon de sentir le bateau flotter!
On retrouve notre place d’amarrage à couple avec le troisième bateau de pêche.
Pour retourner à terre, il faut être agile et mettre sa sensibilité gustative de côté.! Car il nous faudra enjamber 3 cadavres de canards, quelques poissons crevés et des cabillauds séchés qui s’emmêlent dans les cheveux. Bref faut s’accrocher!
Nous passons une très belle soirée avec nos amis danois à déguster les fricadelles, plat typique danois, cuisiné par Elizabeth avant de retourner dormir sur Morgane! Cette première nuit sur l’eau après 6 mois de vie terrestre est ressourçante!
Vendredi 10 mai: À marée haute, on se déplace pour s’amarrer directement au ponton et terminer le chargement des derniers cartons. On doit aussi remettre la bôme (Base horizontale de la grande voile) et enfiler les chariots de rail de la grande voile dans le mât. Procédé méticuleux car il ne faut pas perdre les petites billes qui permettent aux chariots de coulisser le long du mât.
Ça tombe bien, nos amis Nathalie et Bastien arrivent en renfort!
A peine débarqués de l’avion, nous les mettons au parfum avec tout plein de nouveaux mots et d'habitudes à prendre sur un bateau.
Nous sommes presque prêts à quitter le port de Sisimiut.
Nous profitons pour nous dégourdir les jambes en rendant visite aux chiens et passons notre samedi après-midi à manger! Oui c’est bien ça: lunch à 15:00 et orgie de crustacés à 17:00 chez Elizabeth et Magnus. Ils nous ont invités à déguster du caviar rose, des crevettes arctiques et du king crabe avec la compagnie de 5 autres islandais. Il y a de l’ambiance dans la petite cuisine. On contribue au festin en leur faisant une magnifique tarte aux pommes et une délicieuse mousse au chocolat.
En chemin pour le port, on croise Simon le gérant du foyer des marins. Nos potes suisses nous font remarquer qu’on est comme des locaux. On est bien intégrés à la vie de Sisimiut.
Dimanche 12 mai: C’est l’heure du départ! Une dernière embrassade à Elizabeth et Magnus, quelques saluts aux pêcheurs et nous mettons le cap au sud! Les skis sont chargés. Le but de ces prochains jours est de repérer des beaux sommets enneigés et de skier sur différent spots jusqu’à atteindre Maniitsoq avant de remonter à Sisimiut.
Nous naviguons au moteur avec la grande voile hissée, on tient les 6 noeuds avec l’aide de la brise du nord. Heureusement qu’il fait beau car même sous ce beau soleil, la température ressentie avoisine les 4 degrés !
Après 5 h de navigation, on jette l’ancre dans une petite baie du fjord Anders Olsens Sund juste à côté de la banquise encore formée. Les mecs partent pêcher un cabillaud et aperçoivent leur premier renne.
Cette première navigation nous fait réaliser que la vie sur l’eau nous manquait ! C’est fou comme on reprend vite nos marques! Quelques ajustements à faire au niveau de l’oreille interne et ça y est notre plaisir est à son comble!
Au petit matin Morgane est prise dans une fine couche de glace. Le temps de prendre un petit déjeuner de rois, la glace a fondu et nous nous remettons en route au moteur pour rejoindre 7h plus tard un autre mouillage au nord de l’île Simiutaq. C’est notre premier spot de rando. A peine ancré, Robin et nos amis débarquent à terre et chaussent les skis pour un premier repérage, pendant que je reste à bord à reprendre des forces.
Le point de vue du premier col est déjà de taille! Pas un nuage dans le ciel, ils mitraillent de photos ce paysage spectaculaire d’îlots encore enneigés qui entourent Morgane.
Le lendemain, on charge le dingy avec les 4 paires de ski et c’est parti pour faire une randonnée jusqu’au sommet culminant de l’île à 779 mètres. Il y a de la neige jusqu’à la berge, cependant la végétation et les rochers montrent le bout du nez. La neige est lourde et printanière. Cependant elle est impraticable à pieds sous peine de passer à travers. Il faut trouver un pont naturel pour traverser la rivière et dans les couloirs raides et soufflés par le vent, la confiance en son matériel devient indispensable. Robin galère avec son split sans ses couteaux! Il escalade à pied les derniers mètres et finalement nous atteignons le sommet après 5h de montée éprouvante! Woohoo que c’est beau! Et que ça en valait la peine! En haut on prend notre temps en t-shirt d’admirer la vue à 360 degrés. On voit même Morgane au loin. On sait que personne ne fera la trace avant nous! Il fait tellement chaud qu’on resterait bien jusqu’au coucher du soleil... Cependant on se demande si notre dingy est toujours bien amarré à la berge? Du coup, on est paré pour la descente. La pente est lisse et nous fait hurler de joie!
Quelle exploration! A bord de Morgane, on savoure une bonne bière et regardons nos traces!
Mercredi 15 mai: On se remet en route pour un autre spot repéré à 25 mn au sud. En chemin nous faisons halte à Kangaamiut, petit village coloré perché sur un caillou, pour faire le plein de diesel, d’essence, d’eau, de nourriture et de météo.. bref le plein de tout! Il y a pas un chat .. quelques pêcheurs qui s’arrêtent au ponton pour faire le plein.
Juste avant de repartir, je tombe sur une charmante dame qui m’invite chez elle pour que je puisse me connecter à son wifi pour télécharger la météo des prochains jours. Quelle chance! Nous voilà bien ravitaillés pour rester loin de la civilisation quelques jours! Une baleine nous salue à l’entrée du fjord Eternity ce qui nous égaie cette journée maussade.
Nous sommes mouillés dans une baie bien protégée au pied des montagnes. Le plafond nuageux est très bas ce qui nous empêche de partir en rando. Alors nous en profitons pour pêcher des moules à marée basse et Nath et Bastien nous pêchent deux énormes cabillauds! Quel régal!
Vendredi 17 mai: Enfin la brume se lève, le soleil brille... Il reste encore quelques bancs de nuages élevés et sous nos yeux les montagnes se dévoilent pour nous offrir un paysage époustouflant.
Un gigantesque glacier tapisse le fond du fjord. On s’en approche tranquillement.
Il grandit de plus en plus, le ciel est de plus en plus bleu. Il n’y a pas un poil de vent! Bref toutes les conditions sont réunies pour tenter un petit bain dans cette eau turquoise laiteuse et glaciale à 100 mètres du front du glacier!
On prend même le temps de faire un selfie cul nu sur un iceberg. Séquence irréelle, incroyable! On veut en profiter au maximum. On sort notre petite table de pic-nic dehors et mangeons des fricadelles face à ce tableau de glace.
On se demande s'il est possible de voir plus beau?
Notre vol au départ de Genève pour Copenhague est prévu à 18:30.
C’est maman qui nous conduit à l’aéroport. Dans la voiture, je ne dis pas un mot, j’ai la gorge nouée. Les beaux champs de colza qui défilent sous mes yeux comblent mes pensées. Je suis triste de repartir mais heureuse à la fois de retrouver notre Morgane et notre vie d’aventure sur l’eau.
Ces six mois passés en Suisse nous ont permis de renouer les liens avec les amis, la famille, de vivre des fabuleux moments de complicité avec mon neveu Evan, de partager un bout de notre expérience de navigateur lors de nos conférences, de refaire la caisse de bord dans des conditions de rêve, de stresser aussi, mais surtout de se remettre à la page comme ont dit. Et c’est je pense ça qui m’est le plus dur à vivre: repartir alors que je venais tout juste de me réadapter à cette vie terrestre. J’aime pas les départs! J’aime pas les au revoir!
D’ailleurs mon sac non plus. J’ai attendu la dernière minute pour le faire comme d’habitude. Attendu que toute la petite famille dorme ou les copines parties pour être sûre que je ne louperais pas un seul instant de leur présence.
Je me réconforte en sachant qu’ils viendront à bord de Morgane dans pas longtemps.
Un dernier check de nos magnifiques alpes. Wooa!!! Comme c’est beau la vue du ciel!
À Copenhague, on dégote un hôtel last minute, le Go hotel pour y passer la nuit avant notre deuxième vol pour le Groenland. Un hôtel idéal pour les insomniaques!
7 mai 2019 à Kangerlussuaq 11:40: Après 4h de vol animé par Bohemian Rhapsody et une star est née, nous atterrissons en douceur au Groenland. A notre grand étonnement, Il fait 20 degrés quand on descend de l’avion! Impensable! Plus chaud qu’en Suisse! On s’empresse d’enlever nos couches d’habit et observons dehors assis sur un banc en t-shirt avec effroi ce paysage de roches brunes sans aucune végétation et sans neige! Ici les sommets ne dépassent pas les 300m et avec une telle température, la neige a bien fondu avant l’heure ce qui compromet quelques peu nos plans de ski de randonnée pour le prochain mois.. mais le gars de l’agence touristique de l’aéroport nous rassure : il y a encore de quoi skier vers Maniitsoq. Par contre, tous les bateaux sont déjà bookés! Ah bah!!! ça tombe bien on a le nôtre!
A Sisimiut 13:10: 30 minutes plus tard il fait un poil plus frais au bord de mer. En attendant nos bagages, on rencontre Andy, le capitaine de Destiny, un voilier qui tentait aussi de passer le nord ouest l’été passé. Après 5 ans à naviguer dans l’arctique, avec sa femme Janice, ils sont revenus à Sisimiut en avion pour organiser des skis tours dans la région jusqu’à fin mai avant de rentrer en Angleterre et continuer leur aventure. Il nous annonce aussi que la neige commence à manquer mais qu’il y a encore de quoi faire. Pour l’heure, on s’en fout de la neige! On veut voir Morgane! Aussitôt dit aussitôt fait, nos amis danois Elizabeth et Magnus nous y conduisent illico presto!
Ahh!!! La voila, perchée sur ses palettes, sanglée à l’avant et à l’arrière, elle attend patiemment qu’on la délivre et qu’on la rassure! On essuie ses quelques larmes de rouille en lui faisant un gros câlin et lui promettons de la remette vite à l’eau! Car nous aussi on est impatient de retrouver la mer! D’ailleurs Bent le patron du chantier naval nous confirme la remise à l’eau à la fin de la semaine.
Le soir après avoir rendu visite aux 3 chiens groenlandais de Magnus et Elizabeth, me voilà aux fourneaux à cuisiner un « baleine bourguignon »chez eux! On a l’impression de les avoir quitté hier. On se sent comme à la maison. Ils nous offrent le logis le temps de remettre en fonction notre bien aimée Morgane. Deux jours de travaux sans relâche s’en suivent. Il faut tout reconnecter, remettre les batteries qui pèsent une tonne, déménager nos deux palettes de 3m cubes stockées au chaud et ranger le tout dans les coffres à sa place. Découper nos nouveaux sommiers en bergo contre l’humidité et isoler la couchette arrière pour nos invités. Bref on en a du bordel!
Ça s’active aussi autour de Morgane. Bent a sorti la pelleteuse pour mettre en place des rails à côté du bateau. D’ailleurs, on se demande bien comment ils vont nous remettre à l’eau, cette équipe ?
En effet, il y a encore 3 bateaux derrière nous qui nous empêchent l’accès direct à la mer et leur remise à l’eau n’est prévue que dans 1 mois... L’idée serait donc de nous soulever à l’aide d’un camion grue pour nous sortir latéralement et nous avancer ensuite sur un rail jusqu’au bout du ponton pour finalement nous hisser avec la grue fixe et nous remettre à l’eau!
A notre grande surprise à 16:00 la première manoeuvre est déclenchée. ils décident de soulever Morgane des palettes et la poser sur le rail. On serre les fesses, on prie, on arrête même de respirer!
Ce sont des grands malades, ces Inuits! Ils n'ont pas froid aux yeux et manœuvrent leurs jouets avec beaucoup de dextérité! Assez d’émotions pour aujourd’hui....
On attendra la marée haute le lendemain midi pour la deuxième phase!
Jeudi 9 mai: Le grand jour est arrivé. La pelleteuse est en marche. Je m’empresse de nettoyer le pont de Morgane pendant qu’ils nous déplacent sur ces rails à coups de pieds de biche ,palan et treuil sur 80m pendant deux heures.
Sous la grue fixe, on attend du renfort. Muni de radio ils coordonnent les deux types à bord de leur petit hors-bord pour écarter le cargo de 60m résident éternel du ponton de grutage. Dans cette agitation chaotique, tout se passe à merveille. Morgane gargouille au contact de l’eau et le moteur part au quart de tour! Génial ! Ce que c’est bon de sentir le bateau flotter!
On retrouve notre place d’amarrage à couple avec le troisième bateau de pêche.
Pour retourner à terre, il faut être agile et mettre sa sensibilité gustative de côté.! Car il nous faudra enjamber 3 cadavres de canards, quelques poissons crevés et des cabillauds séchés qui s’emmêlent dans les cheveux. Bref faut s’accrocher!
Nous passons une très belle soirée avec nos amis danois à déguster les fricadelles, plat typique danois, cuisiné par Elizabeth avant de retourner dormir sur Morgane! Cette première nuit sur l’eau après 6 mois de vie terrestre est ressourçante!
Vendredi 10 mai: À marée haute, on se déplace pour s’amarrer directement au ponton et terminer le chargement des derniers cartons. On doit aussi remettre la bôme (Base horizontale de la grande voile) et enfiler les chariots de rail de la grande voile dans le mât. Procédé méticuleux car il ne faut pas perdre les petites billes qui permettent aux chariots de coulisser le long du mât.
Ça tombe bien, nos amis Nathalie et Bastien arrivent en renfort!
A peine débarqués de l’avion, nous les mettons au parfum avec tout plein de nouveaux mots et d'habitudes à prendre sur un bateau.
Nous sommes presque prêts à quitter le port de Sisimiut.
Nous profitons pour nous dégourdir les jambes en rendant visite aux chiens et passons notre samedi après-midi à manger! Oui c’est bien ça: lunch à 15:00 et orgie de crustacés à 17:00 chez Elizabeth et Magnus. Ils nous ont invités à déguster du caviar rose, des crevettes arctiques et du king crabe avec la compagnie de 5 autres islandais. Il y a de l’ambiance dans la petite cuisine. On contribue au festin en leur faisant une magnifique tarte aux pommes et une délicieuse mousse au chocolat.
En chemin pour le port, on croise Simon le gérant du foyer des marins. Nos potes suisses nous font remarquer qu’on est comme des locaux. On est bien intégrés à la vie de Sisimiut.
Dimanche 12 mai: C’est l’heure du départ! Une dernière embrassade à Elizabeth et Magnus, quelques saluts aux pêcheurs et nous mettons le cap au sud! Les skis sont chargés. Le but de ces prochains jours est de repérer des beaux sommets enneigés et de skier sur différent spots jusqu’à atteindre Maniitsoq avant de remonter à Sisimiut.
Nous naviguons au moteur avec la grande voile hissée, on tient les 6 noeuds avec l’aide de la brise du nord. Heureusement qu’il fait beau car même sous ce beau soleil, la température ressentie avoisine les 4 degrés !
Après 5 h de navigation, on jette l’ancre dans une petite baie du fjord Anders Olsens Sund juste à côté de la banquise encore formée. Les mecs partent pêcher un cabillaud et aperçoivent leur premier renne.
Cette première navigation nous fait réaliser que la vie sur l’eau nous manquait ! C’est fou comme on reprend vite nos marques! Quelques ajustements à faire au niveau de l’oreille interne et ça y est notre plaisir est à son comble!
Au petit matin Morgane est prise dans une fine couche de glace. Le temps de prendre un petit déjeuner de rois, la glace a fondu et nous nous remettons en route au moteur pour rejoindre 7h plus tard un autre mouillage au nord de l’île Simiutaq. C’est notre premier spot de rando. A peine ancré, Robin et nos amis débarquent à terre et chaussent les skis pour un premier repérage, pendant que je reste à bord à reprendre des forces.
Le point de vue du premier col est déjà de taille! Pas un nuage dans le ciel, ils mitraillent de photos ce paysage spectaculaire d’îlots encore enneigés qui entourent Morgane.
Le lendemain, on charge le dingy avec les 4 paires de ski et c’est parti pour faire une randonnée jusqu’au sommet culminant de l’île à 779 mètres. Il y a de la neige jusqu’à la berge, cependant la végétation et les rochers montrent le bout du nez. La neige est lourde et printanière. Cependant elle est impraticable à pieds sous peine de passer à travers. Il faut trouver un pont naturel pour traverser la rivière et dans les couloirs raides et soufflés par le vent, la confiance en son matériel devient indispensable. Robin galère avec son split sans ses couteaux! Il escalade à pied les derniers mètres et finalement nous atteignons le sommet après 5h de montée éprouvante! Woohoo que c’est beau! Et que ça en valait la peine! En haut on prend notre temps en t-shirt d’admirer la vue à 360 degrés. On voit même Morgane au loin. On sait que personne ne fera la trace avant nous! Il fait tellement chaud qu’on resterait bien jusqu’au coucher du soleil... Cependant on se demande si notre dingy est toujours bien amarré à la berge? Du coup, on est paré pour la descente. La pente est lisse et nous fait hurler de joie!
Quelle exploration! A bord de Morgane, on savoure une bonne bière et regardons nos traces!
Mercredi 15 mai: On se remet en route pour un autre spot repéré à 25 mn au sud. En chemin nous faisons halte à Kangaamiut, petit village coloré perché sur un caillou, pour faire le plein de diesel, d’essence, d’eau, de nourriture et de météo.. bref le plein de tout! Il y a pas un chat .. quelques pêcheurs qui s’arrêtent au ponton pour faire le plein.
Juste avant de repartir, je tombe sur une charmante dame qui m’invite chez elle pour que je puisse me connecter à son wifi pour télécharger la météo des prochains jours. Quelle chance! Nous voilà bien ravitaillés pour rester loin de la civilisation quelques jours! Une baleine nous salue à l’entrée du fjord Eternity ce qui nous égaie cette journée maussade.
Nous sommes mouillés dans une baie bien protégée au pied des montagnes. Le plafond nuageux est très bas ce qui nous empêche de partir en rando. Alors nous en profitons pour pêcher des moules à marée basse et Nath et Bastien nous pêchent deux énormes cabillauds! Quel régal!
Vendredi 17 mai: Enfin la brume se lève, le soleil brille... Il reste encore quelques bancs de nuages élevés et sous nos yeux les montagnes se dévoilent pour nous offrir un paysage époustouflant.
Un gigantesque glacier tapisse le fond du fjord. On s’en approche tranquillement.
Il grandit de plus en plus, le ciel est de plus en plus bleu. Il n’y a pas un poil de vent! Bref toutes les conditions sont réunies pour tenter un petit bain dans cette eau turquoise laiteuse et glaciale à 100 mètres du front du glacier!
On prend même le temps de faire un selfie cul nu sur un iceberg. Séquence irréelle, incroyable! On veut en profiter au maximum. On sort notre petite table de pic-nic dehors et mangeons des fricadelles face à ce tableau de glace.
On se demande s'il est possible de voir plus beau?